Titre | La deuxième vie du doux commerce. Métamorphoses et crise d'un lieu commun à l'aube de l'ère industrielle | |
---|---|---|
Auteur | Arnault Skornicki | |
Revue | Astérion | |
Numéro | no 20, 2019 Les dissonances du doux commerce | |
Rubrique / Thématique | Dossier |
|
Résumé |
Cet article explore un point aveugle de la thèse d'Albert O. Hirschman dans Les passions et les intérêts : le topos du doux commerce aurait disparu des consciences au XIXe siècle en raison des conséquences sociales de la révolution industrielle. Pourtant, dans les débats qui animèrent les penseurs « industrialistes » sous la Restauration (1814-1830), l'association entre paix civile et développement économique prit de nouvelles formes topiques et argumentatives avec le passage conceptuel de la « nation commerçante » à la « société industrielle ». Ce passage n'est pas neutre : il reconfigura la topographie du doux commerce. D'une part, le thème de l'industrie pacifique superposa au modèle de l'échange marchand (délibératif et plutôt égalitaire) celui de l'atelier productif (coopératif et plus hiérarchique). D'autre part, il ouvrit la perspective non plus d'un simple adoucissement, mais d'une substitution radicale de l'intérêt aux passions et d'une élimination totale du conflit par la paisible exploitation de la nature. Toutefois, l'émergence de la question sociale sema la discorde au sein des industrialistes : sans rejeter entièrement le lieu commun, les saint-simoniens se séparèrent des libéraux en détachant le thème de l'industrie pacifique du dogme de la libre concurrence. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
|
Résumé anglais |
This article deals with a blind spot in Hirschman's analysis in The Passions an the Interests: according to him, the topos of the doux commerce would have been erased from the collective consciousness during the 19th century, due to the social consequences of the industrial revolution. However, in the debates that animate the industrialist thinkers under the French Restoration (1814-1830), the association between civil peace and economic development takes on new topical and argumentative forms with the conceptual shift from the “trading nation” to the “industrial society”. This shift is not indifferent: it has reconfigured the topography of the doux commerce. On the one hand, the theme of peaceful industry superimposed the workshop model (regarded as cooperative, productive and hierarchical) on that of commercial exchange (regarded as more egalitarian). On the other hand, it opened the prospect not only of a simple softening, but of a radical substitution of interest for passions and of a total elimination of conflict thanks to the peaceful exploitation of nature. However, the emergence of the social question sowed discord among industrialists: without rejecting the commonplace entirely, the Saint-Simonians separated from the liberals by detaching the theme of peaceful industry from the dogma of free competition. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
|
Article en ligne | http://journals.openedition.org/asterion/3889 |