Titre | Quand les routes fermées de montagne racontent les territoires. L'exemple du Vercors : entre invisibilités, réappropriations et mises en valeur (XIXe -XXIe siècles) | |
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Auteur | Emma-Sophie Mouret | |
Revue | Revue de Géographie Alpine | |
Numéro | vol. 107, no 1, 2019 Friches en montagne : problématiques, enjeux et opportunités | |
Résumé |
Cet article propose de mesurer en quoi les routes fermées en montagne peuvent représenter une particularité en tant que friche, et constituer un outil pour l'analyse des territoires. Les logiques patrimoniales rattachées à ces routes fermées permettent également de mesurer la place du patrimoine routier dans la mémoire et les représentations des territoires alpins. Dans les Alpes, les routes de montagne sont des signes visibles de la politique de modernisation du réseau de voies de communication entreprise par les gouvernements successifs au XIXe siècle. Le massif du Vercors (Isère et Drôme) fut quadrillé par un réseau de routes carrossables à partir de la seconde moitié du XIXe siècle. La plupart de ces routes sont réalisées pour acheminer les grumes de bois. Elles sont construites à flanc de falaise et deviennent rapidement des itinéraires d'excursions touristiques, ce qui entraine la structuration d'un système socio-économique associant de nombreux acteurs. Cette activité s'est diversifiée après la Seconde Guerre mondiale. Les décennies suivantes, les routes ont été le support de migrations quotidiennes de plus en plus nombreuses. À la fin des années 1970, les risques d'éboulements sont l'objet d'une considération accrue, dans un contexte où la nécessité d'accès rapide et fluide au plateau est grandissante. Certaines de ces routes furent ainsi fermées après des éboulements ou à la suite de la réalisation de sections plus rapides et sécurisées. Ces routes représentaient à leur construction la modernité. Leur fermeture signifie par la suite leur obsolescence. S'intéresser à ces dernières permet d'identifier dans le temps long, les stratégies de développement des territoires. Une fois la route fermée, cette dernière disparait des médias touristiques. Pour autant, elle est réappropriée par différents acteurs pour diverses activités. La friche ce n'est donc pas la route mais les établissements touristiques qui la jouxtaient, et qui ont dû fermer suite à l'abandon de cette même route. L'ensemble de ces éléments invitent à réfléchir à la patrimonialisation de ces routes fermées, qui sont rarement montrées aux visiteurs aux côtés des autres routes « remarquables ». Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Article en ligne | http://journals.openedition.org/rga/5558 |