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Titre Défrichage et enfrichement en haute vallée du Cañar (Sud andin de l'Équateur) : l'empreinte de l'émigration paysanne sur un paysage agraire ?
Auteur Michel Vaillant, Marc Oswald
Mir@bel Revue Revue de Géographie Alpine
Numéro vol. 107, no 1, 2019 Friches en montagne : problématiques, enjeux et opportunités
Résumé Au seuil du XXIe siècle, l'Équateur plongea dans la période économique la plus sombre de son histoire républicaine, à l'origine d'un vaste mouvement migratoire vers l'étranger. Dans la haute vallée andine du Cañar, la promptitude et l'ampleur de ce mouvement avait alors tout du signe avant-coureur de l'exode et du retour du milieu à la nature. Une décennie plus tard, le paysage agraire révèle un étrange paradoxe : certaines unités de paysage, apparemment abandonnées à la friche, suggèrent le déclin progressif de l'agriculture tandis que d'autres laissent entrevoir la progression en altitude d'un front fourrager. Que dire alors de ce paysage qui donne à voir un processus d'enfrichement dans certaines de ses sections et de défrichage dans d'autres ? Quel sens accorder au terme de friche quand la montagne renseigne des modes de mise en valeur agricole apparemment antagoniques ? Telles sont les questions que nous abordons dans le présent article, avec la friche comme fil d'Ariane. Une analyse du paysage, conjuguée au recours à l'histoire agraire de la région d'étude, permet d'éclairer les raisons du paradoxe observé et de donner sens aux rapports entre types de friche et dynamiques agraires, mobilités spatiales et processus de différenciation sociale. Principal résultat : loin de signifier l'abandon, la friche imprime dans le paysage le maintien d'une activité agricole par ceux qui ne sont pas en mesure d'émigrer ou de moderniser leur exploitation. Ce résultat invite à revisiter la notion de friche (d'un point de vue agro-économique), notamment dans la nécessité de saisir les enjeux et usages des divers écosystèmes étagés et de comprendre la fonction des différentes friches que leur assignent les catégories d'agriculteurs qui en tirent parti.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais On the threshold of the 2Ist century, Ecuador fell into the darkest economic period in the history of its republic, the cause of which was a vast migratory movement abroad. In the high Andes valley of Cañar, the swiftness and extent of the movement seemed, in many ways, to be the precursory signs of an exodus and a return to nature of the environment. A decade later, the agrarian landscape shows a strange paradox : some sections of land, apparently abandoned to wilderness, suggest a progressive decline in agriculture, whereas others suggest the progression of a fodder front to higher altitudes. So what can we say about this landscape that shows a process of set-aside in some of its sections and cultivation in others ? What meaning can we give to the term ‘fallow' with the mountains providing information on what appear to be antagonistic methods of agricultural development ? These are the questions dealt with in this article, with ‘fallow' as the main thread. An analysis of the land, combined with the use of the agricultural history of the study area, helps to shed light on the reasons for the observed paradox and gives meaning to the relationships between types of fallow and agricultural dynamics, mobility and the process of social differentiation. Principal result : far from signifying abandonment, fallow land is visual proof in the landscape of the maintenance of agricultural activity by those who are unable to migrate or modernize their farms. This result invites us to revisit the notion of wasteland fallow (from an agro-economic point of view), in particular the need to understand the stakes and uses of the various tiered ecosystems and to understand the function of the different fallow lands assigned to them by the categories of farmers who take part in them.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://journals.openedition.org/rga/5354