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Titre L'espace létal, aménager pour tuer
Auteur Stéphane Rosière
Mir@bel Revue L'Espace Politique
Numéro no 36, 2018/3
Rubrique / Thématique
Varia 2019
Résumé Cet article aborde la notion d'« espace létal » défini comme l'espace « produit », conçu ou aménagé pour affaiblir ou exterminer un groupe humain. Il est pensé en excluant le champ de bataille et l'espace directement soumis à l'action des armes (no man's land). Cette interprétation renvoie à l'une des caractéristiques du crime de génocide selon la Convention de 1948 des Nations Unies : « Soumission intentionnelle [d'un] groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle. » Fondé sur les études des violences de masse menées par les historiens et d'autres experts des violences de masse cet article vise à mieux comprendre l'utilisation de l'espace dans les processus génocidaires ou les violences de masse. Il présente d'abord les ghettos créés par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale comme point de départ à une réflexion sur les caractéristiques et la morphologie de l'espace létal. L'article interroge la pertinence de ce modèle et les conditions de sa mise en œuvre. L'auteur suggère une distinction entre l'espace létal de type « conjoncturel et mouvant » dans le cadre de la lutte contre des ethnies séparatistes ou des mouvements armés fondés sur la logique de blocus et un espace létal « réglementaire et fixe » qui renvoie plutôt aux systèmes concentrationnaires. Les éléments de réflexion mis en avant renvoient pour beaucoup à la science des sièges militaires, la poliorcétique puisque, comme le met en évidence cet article la létalité de l'espace est largement produit par le contrôle des flux, couplé à l'usage de la force et le plus souvent en marge d'un conflit armé.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais This article discusses the notion of "lethal space" defined as the space "produced", designed or arranged to weaken or exterminate a human group. It is designed to exclude the battlefield and space directly subject to the action of weapons (no man's land). This interpretation refers to one of the characteristics of the crime of genocide under the 1948 United Nations Convention: "Intentional submission [of a] group to conditions of life intended to bring about its total or partial physical destruction. "Based on studies of mass violence conducted by historians and other experts in mass violence, this article aims to better understand the use of space in genocidal processes or mass violence. First, it presents the ghettos created by the Nazis during the Second World War as a starting point for reflection on the characteristics and morphology of lethal space. The article questions the relevance of this model and the conditions for its implementation. The author suggests a distinction between a "cyclical and shifting" lethal space in the struggle against separatist ethnic groups or armed movements based on the logic of blockades and a "regulatory and fixed" lethal space that refers rather to concentration camp systems. The elements of reflection put forward refer largely to the science of military siege, as this article highlights, the lethality of space is largely produced by the control of flows, coupled with the use of force and most often on the margins of an armed conflict.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://journals.openedition.org/espacepolitique/5908