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Revue | L'Espace Politique |
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Numéro | no 36, 2018/3 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Varia 2018
- Gestion des risques et des crises, entre gouvernance de la sécurité et gouvernance territoriale. Ce que la résilience change (ou pas) en Île-de-France - Magali Reghezza-Zitt, Ihnji Jon Cet article questionne la mise en œuvre du référentiel de résilience dans le domaine de la sécurité et de la gestion des risques et des crises en Île-de-France. Il examine la manière dont l'impératif de résilience a été appliqué dans ce champ, à partir des enjeux de gouvernance que la traduction opérationnelle de cette notion soulève. L'article s'appuie sur une démarche qualitative reposant sur des entretiens formels, de l'observation participante et non participante, des échanges informels réguliers avec certains acteurs et l'analyse des documents de littérature grise. Il présente d'abord l'organisation de la gestion des risques et des crises, en soulignant la complexité du système d'acteurs, qui fait écho à la fois au cloisonnement de la gouvernance de la sécurité et à la fragmentation territoriale. Il étudie ensuite la manière dont la résilience a été appropriée par les différents acteurs de terrain en charge de son application dans le champ de la sécurité. Il montre que la résilience n'implique pas forcément un changement de pratique radical, mais qu'elle est une opportunité pour accompagner une réorganisation de la gouvernance des risques et de la sécurité qui interfère avec la recomposition de la gouvernance territoriale engagée depuis plusieurs années.This article documents the introduction of ‘resilience' to the French model of risk governance, and examines how this concept has been operationalized in risk and security governance as well as territorial governance in Parisian region. The article is based on qualitative approach, relying on formal interviews, participant and non-participant observation, regular informal exchanges with certain stakeholders and the analysis of gray literature documents (e.g. government reports, policy statements, and other technical reports). It first discusses the structural characteristics of risk governance in Île-de-France, underlining its territorial fragmentation and intricate matrices of actors in different levels of government that further aggravate the complexity of the already fragmented governance model. We then explore how the concept of resilience becomes operationalized in such context, based on our key informant interviews with practitioners in the field. Our investigation has revealed that, while the introduction of resilience does not necessarily imply significant changes in the practices of disaster management, the concept has served a role in reorganization of risk and security governance — via accompanying the restructuring of territorial governance which has been under way for several years. Furthermore, it has been observed that the concept is also of service to pushing through some of the existing political agendas and policy initiatives; this implies that the operationalization of ‘resilience' largely relies on the performativity of the concept that only gets developed by the actual use of practitioners.
- L'Inde en Afrique ou l'impossible rattrapage vis-à-vis de la Chine - Xavier Aurégan Depuis la Conférence de Bandung en 1955, une constante caractérise les gouvernements indiens et chinois : ils ont tous deux l'ambition de (re)devenir un acteur incontournable des relations internationales. Pour ce faire, l'Afrique est vue comme l'un des moyens pour accéder au statut de puissance internationale. Afin de comparer les actuelles présences chinoises et indiennes en Afrique, cet article se base sur des études de terrain et des recherches précédentes menées en Afrique de l'Ouest (relations sino-africaines), ainsi que des sources primaires comme secondaires (relations sino-africaines et indo-africaines). Sur le continent africain, le supposé retard indien vis-à-vis de la dynamique relation sino-africaine est appréhendé en termes économiques (investissements), commerciaux et culturels (leadership, diaspora, centres culturels ou accueil d'étudiants africains), puis politiques (aide au développement et coopération, réseaux d'ambassades, relations respectives) et institutionnels (forums de coopération). Ces facteurs peuvent permettre d'établir la potentielle marginalisation de l'Inde qui aurait ainsi laissé s'échapper Pékin dans cette « course à l'Afrique ». Dans ce lacis complexe de la mondialisation, la concurrence frontale étant peu viable, les autorités indiennes disposent néanmoins d'atouts qui seraient de nature à développer et pérenniser une politique africaine de l'Inde.Since the Conference of Bandung in 1955, the ambition to become a key player in international relations characterized both Indian and Chinese governments. To achieve this international status, New Delhi and Beijing rely on Africa. In order to evaluate the current Chinese and Indian presences in Africa and their intervention modalities, this article is based on field studies in West Africa (Sino-African relations), as well as primary and secondary sources in both cases. On the African continent, economic (investments), commercial and cultural (leadership, diaspora, cultural centers or African students), then political (development assistance and cooperation, embassy networks and relations) and institutional (cooperation forums) analysis factors express the supposed Indian backwardness vis-à-vis the Sino-African dynamic relationship. These factors may help to establish the potential India's marginalization in Africa. Nevertheless, in this complex maze of globalization, the New Delhi authorities have undeniable assets that would be likely to develop and entrench an African policy.
- La gestion de la crise des farines animales en France (2000-2009) dans le contexte de l'Encéphalopathie Spongiforme Bovine (ESB) : temporalités, acteurs et niveaux d'action - Alexandre Geffroy, Emmanuel Eliot L'analyse de la temporalité des crises oppose généralement une lecture évènementielle à une lecture dynamique. D'un côté, la crise repose sur une chronologie d'évènements perturbateurs, de l'autre elle interroge les transformations (bifurcation, résilience…). Dans la compréhension des crises, les pratiques des acteurs sont, cependant, souvent mises entre parenthèses. Leur analyse est particulièrement utile pour comprendre les réponses destinées à faire face à une telle situation. A partir de l'étude de la gestion des farines animales dans le contexte de l'Encéphalopathie Spongiforme Bovine (ESB) du début des années 2000 en France, cet article propose, d'une part, de reconstruire la temporalité de cette crise au regard des modalités de coordination des acteurs en charge de sa gestion et, d'autre part, de questionner la multiplicité des modes d'articulations des niveaux d'action afin de comprendre les formes de territorialisation associées aux différentes phases de gestion. Ce travail s'appuie sur l'étude de fonds d'archives et d'entretiens auprès des acteurs investis dans la gestion des farines animales. Ces matériaux sont traités à l'aide d'une analyse des réseaux sociaux.Temporality analysis in crisis studies use to oppose frameworks based on events (a set of chronological dates) or on ‘moments of change' (bifurcation, resilience…). The role of the actors involved in crises are often neglected in such studies. However, their practices matter for understanding crisis. Focusing on these practices allow us to better understand the types of responses that occurred in a context characterized by high levels of uncertainty. This paper focuses on the feed-bone meal crisis management of the early 2000's in France. It highlights both the temporality of the crisis and the ways levels of action were combined in order to face the crisis. This work combines archives and interview data that are treated with social network analysis tools.
- Guerres coloniales et commémoration : le cas des défaites occidentales. Enjeux de pouvoir sur des lieux de mémoire - Frédéric Lasserre, Catinca Adriana Stan Dans le cadre des guerres d'expansion coloniale, les armées occidentales ont parfois connu la défaite. Au-delà de l'événement, la mémoire de ces batailles a été investie d'un sens politique par des acteurs, dans le passé comme de manière contemporaine. Ces batailles ont été vécues différemment dans les sociétés des protagonistes, et les pratiques de commémoration anciennes et présentes comportent de grandes différences, selon leur histoire propre, mais aussi les enjeux géopolitiques contemporains du contrôle des lieux de mémoire. Comment ces événements ont-ils été mobilisés dans la construction de la mémoire historique ? La recherche repose sur l'analyse d'un corpus de sources bibliographiques, médiatiques et numériques. L'article, après un retour théorique, présente le traitement mémoriel des sites de six batailles pour proposer une typologie, qui souligne l'importance mais aussi la diversité des enjeux de pouvoir sur les processus de traitement mémoriel de ces sites de batailles passées.In the frame of colonial expansion wars, Western armies have at times been defeated. Beyond the event record, the memory of these battles embodied a political meaning for actors, in the past as well as nowadays. These battles were perceived differently in the societies of the protagonists, and ancient and present practices of commemoration present great differences, according to their own history, but also the contemporary geopolitical stakes of the control of places of memory. How were these events mobilized in the construction of historical memories? The research is based on the analysis of a body of bibliographic, media and digital sources. The article, after framing the theoretical approach, presents the memory building processes for six battles, then proposes a typology that emphasizes the importance but also the diversity of the power stakes on the process of memory writing for these sites of past battles.
- Gestion des risques et des crises, entre gouvernance de la sécurité et gouvernance territoriale. Ce que la résilience change (ou pas) en Île-de-France - Magali Reghezza-Zitt, Ihnji Jon
Varia 2019
- Vers une Écosse indépendante ? - Edwige Camp-Pietrain En 2014, le SNP a bénéficié de facteurs exceptionnels (tant politiques et juridiques qu'économiques et sociaux) afin de convoquer le référendum d'autodétermination promis depuis fort longtemps. Le Brexit aurait pu créer de nouvelles circonstances favorables, les Écossais pouvant décider de quitter le Royaume-Uni pour rester dans l'UE, si les atouts ne s'étaient transformés en obstacles. Cet article, fondé sur l'analyse de sources parlementaires sur trente ans, revient sur la genèse de la question indépendantiste écossaise jusqu'en 2014 et sur son évolution en 2016. Il montre que le SNP pourrait rencontrer plus de succès en suivant un autre chemin, indirect, vers son objectif ultime, consistant à prouver que l'Écosse n'a plus de place légitime au sein du Royaume-Uni.The SNP benefited in 2014 from exceptional factors, be they political, legal, economic or social, in order to hold the referendum on independence that it had long promised. Brexit might have provided another set of advantageous circumstances as the Scots could decide to leave the United Kingdom in order to remain in the EU had these assets not turned into adverse factors. This article, based on the analysis of parliamentary sources over thirty years, deals with the way the independence issue has shifted, both until 2014 and since 2016. It eventually argues that the SNP might be more successful by following a different, indirect, path, towards its ultimate goal, ie by proving that Scotland's place in the UK is no longer legitimate.
- La construction de la frontière de facto abkhazo-géorgienne, entre enjeux sécuritaires, politiques et identitaires - Ariane Bachelet, Yann Richard Cet article étudie la manière dont est construite la frontière d'un Etat de facto, en prenant pour exemple la frontière constestée entre l'Abkhazie et le territoire administré par la Géorgie. Il se fonde sur une recherche de terrain qui couvre la période 2015-2018, avec plusieurs séjours en Abkhazie, dix franchissements de cette frontière et une série d'entretiens formels et d'échanges informels. L'attention est portée sur les acteurs individuels, les acteurs politiques et les institutions qui construisent l'espace frontalier matériellement et symboliquement. Les autorités abkhazes mènent une politique de réappropriation territoriale en coopération avec la Russie (délimitation et sécurisation de la frontière, contrôle des flux et réaménagement de l'espace identitaire). De leur côté, les autorités de Tbilissi mettent en œuvre une politique de réconciliation et d'attractivité en prônant le développement de la zone frontalière. De plus, elles essayent de rendre cette frontière invisible, car elles contestent son statut de limite internationale. De fait, le conflit analysé dans cet article ne porte pas sur le tracé de la ligne qui sépare l'Abkhazie du reste de la Géorgie. Il porte sur son statut. S'agit-il d'une frontière interétatique au sens classique de limite entre deux Etats souverains ? Ou d'une limite administrative interne à l'Etat géorgien ? L'évolution de cette limite contestée vers le statut de jure de frontière internationale stricto sensu ou vers le celui de limite administrative dépend des décisions prises par les deux entités politiques riveraines (la Géorgie et l'Abkhazie). Toutefois, sur le terrain, le temps semble être un facteur de stabilisation de la situation de facto et de la possible consolidation de cette frontière est une hypothèse envisageable.This article examines how is constructed the border of a de facto State, taking the disputed border between Abkhazia and the territory administered by Georgia as a case-study. It is based on field research covering the period 2015-2018, with several visits to Abkhazia, ten border crossings and a series of formal interviews and informal exchanges. Attention is focused on the individual actors, political actors and institutions that build the border area physically and symbolically. The Abkhaz authorities are pursuing a policy of territorial re-appropriation in cooperation with Russia (delimitation and security of the border, flow control and redevelopment of the identity space). For their part, the Tbilisi authorities are implementing a policy of reconciliation and attractiveness by promoting the development of the border area. In addition, they are trying to make this border invisible because they are challenging its status as an international boundary. Indeed, the conflict analysed in this article does not concern the line between Abkhazia and the rest of Georgia. It is about his status. Is it an inter-state border in the traditional sense of a boundary between two sovereign States? Or an administrative limit within the Georgian State? The evolution of this disputed boundary towards de jure international border status stricto sensu or towards administrative boundary status depends on the decisions taken by the two riparian political entities (Georgia and Abkhazia). However, on the ground, time seems to be a factor in stabilizing the de facto situation and the possible consolidation of this border is a possible hypothesis.
- L'espace létal, aménager pour tuer - Stéphane Rosière Cet article aborde la notion d'« espace létal » défini comme l'espace « produit », conçu ou aménagé pour affaiblir ou exterminer un groupe humain. Il est pensé en excluant le champ de bataille et l'espace directement soumis à l'action des armes (no man's land). Cette interprétation renvoie à l'une des caractéristiques du crime de génocide selon la Convention de 1948 des Nations Unies : « Soumission intentionnelle [d'un] groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle. » Fondé sur les études des violences de masse menées par les historiens et d'autres experts des violences de masse cet article vise à mieux comprendre l'utilisation de l'espace dans les processus génocidaires ou les violences de masse. Il présente d'abord les ghettos créés par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale comme point de départ à une réflexion sur les caractéristiques et la morphologie de l'espace létal. L'article interroge la pertinence de ce modèle et les conditions de sa mise en œuvre. L'auteur suggère une distinction entre l'espace létal de type « conjoncturel et mouvant » dans le cadre de la lutte contre des ethnies séparatistes ou des mouvements armés fondés sur la logique de blocus et un espace létal « réglementaire et fixe » qui renvoie plutôt aux systèmes concentrationnaires. Les éléments de réflexion mis en avant renvoient pour beaucoup à la science des sièges militaires, la poliorcétique puisque, comme le met en évidence cet article la létalité de l'espace est largement produit par le contrôle des flux, couplé à l'usage de la force et le plus souvent en marge d'un conflit armé.This article discusses the notion of "lethal space" defined as the space "produced", designed or arranged to weaken or exterminate a human group. It is designed to exclude the battlefield and space directly subject to the action of weapons (no man's land). This interpretation refers to one of the characteristics of the crime of genocide under the 1948 United Nations Convention: "Intentional submission [of a] group to conditions of life intended to bring about its total or partial physical destruction. "Based on studies of mass violence conducted by historians and other experts in mass violence, this article aims to better understand the use of space in genocidal processes or mass violence. First, it presents the ghettos created by the Nazis during the Second World War as a starting point for reflection on the characteristics and morphology of lethal space. The article questions the relevance of this model and the conditions for its implementation. The author suggests a distinction between a "cyclical and shifting" lethal space in the struggle against separatist ethnic groups or armed movements based on the logic of blockades and a "regulatory and fixed" lethal space that refers rather to concentration camp systems. The elements of reflection put forward refer largely to the science of military siege, as this article highlights, the lethality of space is largely produced by the control of flows, coupled with the use of force and most often on the margins of an armed conflict.
- L'autodétermination pour solder la colonisation : le cas de la Nouvelle-Calédonie - Jean-Christophe GAY Construit sur la base d'une revue de la littérature sur l'histoire coloniale, sur les dynamiques socio-spatiales contemporaines ainsi que sur l'analyse des résultats électoraux de ces trente dernières années en Nouvelle-Calédonie, cet article montre le long cheminement qui a conduit à l'autodétermination, à la suite d'une colonisation dure et d'une décolonisation longtemps en trompe-l'œil. Le « rééquilibrage », à l'œuvre depuis plus de trois décennies, a du mal à réduire les différences entre les communautés, sur un territoire dominé par le nickel avec une économie souffrant du syndrome néerlandais. Le 4 novembre 2018, l'on a posé à un corps électoral restreint et inédit la question suivante : « Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ? ». Bien que large, la victoire du « Non » par 56,7 % contre 43,3 % pour le « Oui » est plus serrée que prévue et ce sont les indépendantistes qui ont donné l'impression de sortir vainqueur de ce référendum d'autodétermination. La distribution spatiale des « Oui » et des « Non » est le calque de la répartition des Kanak et des Européens, révélant les clivages profonds de cette société.Built on the basis of a literature review on colonial history, contemporary socio-spatial dynamics and an analysis of the electoral results of the last thirty years in New Caledonia, this article shows the long process that has led to self-determination, following a long period of hard colonization and decolonization in trompe-l'oeil. "Rebalancing", which has been in operation for more than three decades, has difficulty reducing differences between communities in a nickel-dominated territory with an economy suffering from Dutch disease. On 4 November 2018, a small and unprecedented electorate was asked the following question: "Do you want New Caledonia to achieve full sovereignty and become independent? ». Although broad, the victory of the "No" by 56.7% against 43.3% for the "Yes" is closer than expected and it was the independentists who gave the impression that they had won this referendum. The spatial distribution of the "Yes" and "No" is the copy of the distribution of Kanak and Europeans, revealing the deep divisions of this society.
- Politiques territoriales et évolution des registres d'action de l'Etat au Maroc : une entrée par la logistique - Jean DEBRIE, Nora MAREÏ L'objectif de cet article est de participer aux réflexions récentes sur l'évolution des registres d'action de l'Etat au Maroc en privilégiant une entrée spécifique, celle de la logistique considérée comme l'ensemble des activités et des opérations qui permettent l'acheminement des marchandises dans et entre les espaces urbains. L'analyse de la mise en place d'une politique nationale de la logistique et l'observation de sa déclinaison autour de deux configurations métropolitaines stratégiques de l'espace marocain – Le Grand Casablanca et Tanger – constituent un point d'entrée original pour observer cette recomposition en cours du rôle de l'Etat dans les politiques de développement du territoire. Cette réflexion est issue d'une recherche exploratoire basée sur une analyse documentaire (les documents de l'action publique) et une enquête de terrain menée à Casablanca et Tanger ainsi qu'à Rabat. Elle permet d'une part de confirmer l'importance politique croissante de cette question logistique dans un contexte de stratégie revendiquée d'intégration aux réseaux mondiaux valorisant une situation d'interface entre Europe et Afrique. Elle autorise d'autre part une lecture de ce renouvellement des registres d'action de l'Etat entre maintien d'une autorité centrale forte (par ses agences, ses opérateurs et le contrôle des acteurs locaux), décentralisation en cours et rôle croissant des grands opérateurs économiques. Du point de vue général, elle permet également d'illustrer et préciser la contribution de la logistique à la fabrique des territoires notamment métropolitains.The objective of this paper is to contribute to the reflections on the evolution of the role of the State in Morocco. We favour a reflection based on a specific economic sector, that of logistics. This logistical issue is considered in this research as the set of activities and operations that allow the transport of goods in and between urban areas. The analysis of a national logistics policy and the observation of the application of this policy around two metropolitan areas of the Moroccan area - Casablanca and Tangier - allows us to observe this recomposition of the role of the State in the development policies. This reflection is the result of exploratory research based on an analysis of public action documents and a field survey conducted in Casablanca and Tangier as well as in Rabat. On the one hand, it confirms the growing political importance of this logistical issue in the context of a strategy of integration into global networks. On the other hand, it allows a reading of this evolution of the State's roles between maintaining a strong central authority (through its agencies, operators and the control of local actors), ongoing decentralization and the increasing role of major economic operators. From a general point of view, this reflexion illustrates the contribution of logistics to the development of territories, particularly metropolitan areas.
- Vers une Écosse indépendante ? - Edwige Camp-Pietrain