Titre | 1989-2019 : le 4 Juin vu de Hong Kong | |
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Revue | Perspectives chinoises | |
Numéro | no 2019/2 Au nom de l'État-parti, au service du peuple : organisations de masse et de base dans la Chine du XXIe siècle | |
Rubrique / Thématique | Entretien |
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Page | 89-95 | |
Résumé | La violence et l'ampleur de la répression du 4 juin 1989 en Chine ont profondément ébranlé la société hongkongaise et fondamentalement remis en cause sa confiance en l'avenir à l'aube de la rétrocession. En mai et juin 1989, des centaines de milliers de Hongkongais ont envahi les rues à plusieurs reprises pour manifester contre la répression du mouvement étudiant, exprimant colère, désarroi et inquiétude face à l'avenir politique de Hong Kong, comme l'écrivait Joseph Y. Cheng dans un numéro spécial de notre revue paru à l'occasion du 20e anniversaire du 4 Juin (Cheng 2009 : 92). Depuis 1997, alors que la Région administrative spéciale fonctionne selon le principe « un pays, deux systèmes » (yiguo liangzhi 一國兩制), le 4 Juin reste un facteur déterminant dans la formation de l'identité locale, et contribue à la difficulté de sa relation avec la Chine, notamment vis-à-vis de la direction du Parti communiste chinois (PCC). Au cours des trois dernières décennies, Hong Kong a été le siège des commémorations collectives les plus importantes – et probablement les plus diverses – du massacre du 4 Juin. Les fluctuations de ces commémorations s'articulent de manière complexe à la société, la politique et l'identité hongkongaise. Contrairement à la situation en RPC, le mouvement de 1989 et ses conséquences sanglantes peuvent être ouvertement évoqués à Hong Kong ; aussi, le 4 Juin y est encore annuellement commémoré, notamment lors d'une veillée organisée au parc Victoria par l'Alliance hongkongaise de soutien aux mouvements patriotiques et démocratiques en Chine. La nature de cette commémoration a longtemps défini deux lignes politiques : d'un côté, le camp pro-Pékin et, de l'autre, les partisans de la pleine démocratie et de la liberté d'expression qui s'identifient pour la plupart à un éventail de partis pan-démocrates. La position unique de Hong Kong a donné lieu à une riche production de travaux de recherche, d'écrits, d'œuvres d'art et de commémorations – dont le Musée du 4 Juin (Liusi Jinianguan 六四紀念館), créé à l'initiative de l'Alliance hongkongaise de soutien aux mouvements patriotiques et démocratiques en Chine, et qui a récemment ré-ouvert. Néanmoins, la montée du « localisme » (bentu yishi 本土意識) ces dernières années et le sentiment croissant d'empiétement de la politique de Pékin sur les valeurs fondamentales de Hong Kong invitent à reconsidérer la nature déterminante du 4 Juin. Plus particulièrement depuis le mouvement des Parapluies de 2014, les commémorations sont devenues un sujet de controverses au sein du camp pan-démocrate, relançant ainsi un débat sur l'identité de Hong Kong qui révèle les idéologies s'affrontant entre différentes générations (Fung 2018). À l'occasion de son 30e anniversaire, nous avons donc invité des chercheurs établis à Hong Kong, spécialistes de l'héritage du mouvement étudiant de 1989 et de sa répression, à nous faire partager leurs connaissances. En plus d'accueillir la plus grande vague de manifestations contre le massacre, Hong Kong offrait également en 1989 aux journalistes et aux chercheurs un lieu sûr pour rendre compte de l'événement. La scène artistique locale s'est aussi rapidement intéressée au sujet en inspirant, entre autres, des pionnières de l'art vidéo comme Ellen Pau 鮑藹倫et May Fung 美華. Les personnes interrogées ci-dessous nous font part de leur point de vue sur le 4 Juin aujourd'hui, dans un contexte politique chinois et hongkongais radicalement différent. C'est en tant que journalistes, chercheurs sur les médias, politologues et artistes qu'ils partagent leurs connaissances sur la façon dont l'événement est couvert par la presse, convoqué, commémoré ou représenté 30 ans plus tard à Hong Kong et en RPC. | |
Article en ligne | http://journals.openedition.org/perspectiveschinoises/9774 |