Titre | Finance et inégalités : Une approche d'économie politique | |
---|---|---|
Auteur | Thibault Darcillon | |
Revue | Actes de la recherche en sciences sociales | |
Numéro | no 229, septembre 2019 Économie politique de la financiarisation | |
Page | 72-85 | |
Résumé |
Cet article a pour objet d'analyser les conséquences des recompositions de l'espace politique entre groupes sociopolitiques sur les transformations des structures financières dans les économies développées depuis 1945. Depuis les années 1970, les activités financières et bancaires se sont largement intensifiées, renvoyant à une logique de financiarisation. Cette logique de financiarisation peut s'analyser comme le résultat d'un processus de médiation politique à l'issue duquel les réformes financières et bancaires mises en œuvre sont censées refléter les attentes des groupes sociaux spécifiquement retenues par les gouvernements. Ainsi, les réformes financières et bancaires adoptées dans les années 1970-1980 par des gouvernements principalement conservateurs visaient à répondre aux attentes d'une grande partie des acteurs financiers alors que les principales réformes financières au cours des années 1990 ont été initiées par des gouvernements de gauche. Nous avançons l'argument selon lequel la croissance des inégalités de revenus caractérisant la majorité des pays développés a fortement influencé les recompositions sociopolitiques dans les années 1990 et a joué un rôle central dans la résilience de la financiarisation après la crise de 2008. En effet, la montée des inégalités de revenus s'est traduite par une plus forte fragmentation des attentes des travailleurs dont une partie s'est montrée favorable à la croissance des activités financières et bancaires. À l'aide de données disponibles pour les pays de l'OCDE entre 1945 et 2015, nous montrons qu'un déplacement du positionnement idéologique des gouvernements vers la droite est associé à un développement plus important des activités financières et bancaires. En revanche, nos résultats indiquent que le développement financier est associé à un déplacement du positionnement idéologique du gouvernement vers la gauche quand le niveau des inégalités de revenus est particulièrement élevé. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
|
Résumé anglais |
This article analyzes the consequences of the reconfiguration of the political space among sociopolitical groups on the transformation of financial structures in advanced economies since 1945. Since the 1970s, there has been an increased diversification of financial and banking activities – a process referred to as financialization. This logic of financialization can be seen as resulting from a process of political mediation whereby financial and banking reforms are implemented in order to respond to the expectations of specific social groups. Thus, the financial and banking sector reforms carried out in the 1970s-1980s essentially by conservative governments aimed at satisfying the expectations of a large number of financial actors, while the main financial reforms of the 1990s have been implemented by leftwing governments. The article argues that the growth in income inequalities which characterises most developed countries has played a key role in sociopolitical reconfigurations of the 1990s and in the resilience of dynamics of financialization following the 2008 crisis. Growing income inequality has generated a fragmentation of the expectations of wage workers, some of whom have been favorable to the expansion of financial and banking activities. Using the data for OECD countries between 1945 and 2015, this article shows that a shift to the right in the ideological positions of governments is associated with a more important development of banking and financial activities. However, the results also indicate that financial development is associated with an ideological shift to the left when the level of inequalities is particularly high. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
|
Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ARSS_229_0072 |