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Titre La théorie de la langue chez Šiškov
Auteur Paul Garde
Mir@bel Revue Revue des Etudes Slaves
Numéro Vol. 83, no 2-3, 2012 La lettre et l'esprit  : entre langue et culture. Études à la mémoire de Jean Breuillard
Rubrique / Thématique
Histoire de la pensée linguistique
Page 709-720
Résumé Dans la tradition historiographique russe, l'amiral a. s. Šiškov apparaît comme un personnage ridicule, un ennemi du progrès cherchant à promouvoir une langue incompréhensible remplie d'archaïsmes. L'étude attentive de ses écrits montre pourtant qu'après cette oeuvre d'humeur qu'est son célèbre pamphlet de 1803, dirigé contre le «nouveau style » , sont venus des textes plus réfléchis, où se dessine une véritable pensée linguistique. Il distingue l'étude de la langue de celle de la littérature, et professe que la linguistique doit avoir une méthode inductive, fondée sur une étude systématique des faits. cherchant à définir ce qu'est l'objet de cette science, il en énumère tous les éléments : langue courante, mais aussi mots spéciaux ou dialectaux, états anciens attestés ou reconstitués. appliquant ces principes à sa langue maternelle, qu'il appelle «slavorusse » , il affirme l'unité de ce que nous appelons «slavon » et «russe » , qui selon lui ne se distinguent que par des traits de «dialecte » et se «style » , tous les dialectes et les styles ayant une égale valeur. La langue ainsi conçue a aussi, pense-t-il, une unité logique, car chaque langue «raisonne à sa façon » ; le lien étymologique entre les mots n'est que le reflet du lien logique entre les idées, et l'introduction de mots étrangers (emprunts ou, pire encore, calques) ne peut que perturber cette logique. cette doctrine est donc porteuse de quelques idées intéressantes et fécondes. elle pèche évidemment par dogmatisme, par négation de l'évolution et par incompréhension des besoins du présent, ce qui explique son échec.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais Šiškov's theory of language In russian traditional historiography admiral a. s. Šiškov is viewed as a ridiculous figure, an enemy of progress who tries to promote an incomprehensible archaical language. But a thorough study of his writngs shows that whereas his famous book of 1803 against “ new style” is only a bad tempered libel, in the following years he wrote some well-thought-out texts where a real linguistic theory may be discovered. He insists on the difference between studies in language and in litterature, and states that the former should have an inductive method, on the basis of a systematic review of facts. He tries to define what is a language, and notes that it includes not only every day speech, but also special or dialectal items, as well as linguistic facts of the past, either known by documents or reconstructed. He calls his native language “ slavorussian”, and states that the so-called “ russian” and “ slavonic” (i. e. church slavonic) languages are one and the same, with only dialectal and stylistic differences, while all dialects and all styles are equally valuable. that language has also in his view a logical unity, since every language “ reasons in its own way”. the etymological link berween words is the reflection of the logical link between ideas, and the introduction of foreign words (by borrowing or by calque, which is still worse) can only disrupt that logic. this doctrine conveys some interesting and sound ideas. But its obvious shortcomings -dogmatism, negation of historical evolution, ignorance of the needs of present time – account for its failure.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne https://www.persee.fr/doc/slave_0080-2557_2012_num_83_2_8221