Contenu du sommaire : La lettre et l'esprit : entre langue et culture. Études à la mémoire de Jean Breuillard
Revue | Revue des Etudes Slaves |
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Numéro | Vol. 83, no 2-3, 2012 |
Titre du numéro | La lettre et l'esprit : entre langue et culture. Études à la mémoire de Jean Breuillard |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- « Apprendre à penser, c'est apprendre à écrire » : Jean Breuillard linguiste, philologue, historien des idées - Stéphane Viellard p. 323-328
- Un texte inédit : Kantemir (1708-1744) et la question de la langue - Jean Breuillard p. 329-344 РезюМе После смерти Петра i (1725) беспрецедентная коллективная работа начинается в России, в целях модернизации русской прозы. Этот проект будет завершен лишь в самом конце века. Среди тех выдающих писателей, которые приняли участие в этой многолетней работе первым по времени был Антиох Дмитриевич Кантемир (1708-1744), сын господаря Молдовы. Кантемир, желая «упростить » письменный язык, решил ввести в письменный язык слова из живого народного языка. Кантемир разделял сугубо лексическое представление языка. В этом отношении, он похож на Василия Тредиаковского (1703-1769), который в начале своей работы, также намеревался писать «просто » . Данное направление, в кото-ром привегирован парадигматика языка в ущерб синтагматике (взаимосвязи языковых единиц : синтаксис, ритм, анафора и т. д.) сделало возможным появле-ние блестящей поэзии. Тем не менее, в прозе дело обходилось иначе. В течение нескольких десятилетий проза оставалась слабым местом русской литературы, из-за отсутствия грамма тической мысли о синтаксисе и порядке слов. Лишен-ный стандартизированной прозы, полиглот Кантемир использовал несколько языков (феномен диглоссии или полиглоссии) в зависимости от жанра текста и личности получателя.After the death of Peter i (1725), an unprecedented collective work starts in Russia, in order to modernize russian prose. This project will succeed at last at the very end of the century. Among the prominent writers who took part in this long-term work figures prince Antiox Dmitrievič Kantemir (1708-1744), son of Hospodar of Moldova. Kantemir, anxious to «simplify » the written language, resolved to admit at great extent in the written language many words from the vernacular. Kantemir had a mere lexical approach of language. From this pont of view, he his similar to Vassili Trediakovskij (1703-1769) who, at the beginning of his work, also intended to write «simply » . This orientation, which emphasizes the paradigmatic axis of language at the expense of its syntagmatic one (linking units together : syntax, rhythm, anaphora, etc..), made possible the advent of high quality poetry. however, it was strikingly different in prose, which a longtime remained the weak point of the russian literature, because of a lack of a grammatical thought about syntax and word order. Deprived of a standardized written prose, polyglot Kantemir was compelled to use several languages (di-or triglossia) according to gender and recipient.
Linguistique russe et slave : les formes et l'ordre du discours
- L'expression de la durée et de la répétition dans la phrase simple. Les subordonnées temporelles : contribution à l'étude des compléments circonstanciels de temps dans la Pověst′ vremennyx″ lět″ - Olivier Azam p. 347-372 Le présent article constitue la seconde partie d'une étude systématique des compléments circonstanciels de temps dans la Pověst′ vremennyx″ lět″, l'une des oeuvres les plus anciennes et les plus importantes de la littérature vieux-russe. Cette contribution s'ouvre sur l'étude des moyens d'expression de la durée et de la répétition dans la phrase simple et s'élargit à une analyse aussi exhaustive que possible des subordonnées temporelles à l'intérieur de la phrase complexe. Un accent particulier a été mis sur les participiales et notamment sur l'usage du datif absolu.The present paper is the second part of a global study of adverbial phrases of time in the Pověst′ vremennyx″ lět″, one of the earliest and most important old russian works. In this part, the study of simple sentences has been extended to the expression of duration and repetition and is completed by a systematic analysis of adverbial phrases of time in complex sentences. Particular emphasis has been placed on the use of participles.
- Les collocations en russe : combinabilité et restrictions - Vladimir Beliakov p. 373-386 La réflexion menée dans cet article, consacré largement aux questions de la compositionnalité, vise à fournir, à travers l'étude des collocations métaphoriques et de celles à verbe support, une description des mécanismes sémantiques qui régulent et génèrent les associations lexicales semi-figées et à mettre en évidence le fait que les propriétés sémantiques de leurs constituants ont un impact direct sur les aptitudes combinatoires des mots.The aim of this article, dedicated to questions of compositionality, is to describe, through the study of metaphoric collocations and those involving support verbs, the semantic mechanisms which regulate and generate semi-fixed lexical associations and to bring to light the fact that the semantic characteristics of their constituents have a direct impact on the combinatorial aptitude of the words.
- Gérondif ou verbe : vyučiv, zabyl ou vyučil i zabyl ? - Natalia Bernitskaïa p. 387-403 L'auteur s'intéresse à la concurrence entre le syntagme «forme verbale personnelle – gérondif » et le syntagme «forme verbale personnelle – i – forme verbale personnelle » (par exemple, vyučiv, zabyl / vyučil i zabyl), en essayant de montrer que ces deux syntagmes sont interchangeables non seulement dans les occurrences où le gérondif manifeste une très forte verbalité, mais aussi dans certaines situations où la verbalité du gérondif est affaiblie. En même temps, il s'agit de montrer des nuances sémantiques existantes entre ces deux syntagmes : le gérondif étant plus ambigu au niveau sémantique, est capable d'exprimer plusieurs valeurs sémantiques à la fois, alors que la forme verbale personnelle apparaît comme plus nette sémantiquement, surtout si elle est précédée de la conjonction i.In this article the author analizes the problem of competition between the syntagma “ predicate – participle” and the syntagma “ predicate – and – predicate” (for instance, Выучив, забыл / Выучил и забыл). In the author's opinion, the syntagma with predicate is synonimous with the syntagma with participle not only in the cases when participle shows strong verbal properties but also in some cases when verbal properties of the participle are weak. The author also tries to reveal that being synonimous, the constructions with participle and predicate still have different semantic nuances : the syntagma with participle is semantically more difficult and can give several meanings (of tense, of cause, of characterization) and therefore, such a syntagma – being largely dependent on the context – often cannot be monosemantically interpreted ; whereas the syntagma with predicate, as a rule, is always monosemantically interpreted, especially being accompanied by the conjunction “ and”.
- Quand la valeur des déterminants épithètes dépend de leur position dans le syntagme : le cas des adjectifs indéfinis en russe contemporain - Christine Bonnot p. 405-416 Le rejet des déterminants épithètes après le substantif qu'ils qualifient peut interférer avec leur signification première. L'article traite plus particulièrement des adjectifs indéfinis, dont la fonction individualisante est partiellement neutralisée lorsqu'ils sont postposés. Alors qu'ils ont pour point commun de renvoyer à l'existence de caractéristiques individuelles non explicitées distinguant le référent du syntagme nominal des autres éléments de sa classe, leur postposition signifie que ces caractéristiques individuelles ne sont pas pertinentes dans la situation de discours. En fonction du contexte et de la sémantique propre de chaque indéfini, cette «désindividuation » du référent peut souligner son caractère prototypique (il possède toutes les propriétés définitoires de la classe désignée par le substantif) ou exprimer diverses valeurs subjectives (indifférence, mépris, ironie, etc.).When the meaning of attributive determiners depends on their position in the noun phrase : the case of indefinite adjectives in modern russian The placement of attributive modifiers after the head noun may interfere with their primary meaning. The paper focuses on indefinite adjectives, whose individualizing function is partially neutralized when they follow the noun. While all of them point to unspecified individual characteristics distinguishing the referent of the noun phrase from other items of its class, their postposition means that these individual characteristics are not relevant in the discourse situation. Depending on the context and on the specific meaning of each indefinite adjective, such “ deindividuation” of the referent may underline its typicality (it exhibits all the defining qualities of the class denoted by the noun) or express various subjective meanings (indifference, contempt, irony, etc.).
- Inscription des formes verbales injonctives dans la syntaxe du discours en russe contemporain - Jacqueline Fontaine p. 417-427 Après avoir rappelé les bases théoriques de notre conception de la grammaire du texte, nous présentons un tableau du fonctionnement en russe de l'opposition aspectuelle dans le cas particulier de l'impératif injonctif. La notion d'actualité, fondamentale pour la sémantique de l'aspect imperfectif, retient notre attention, entraînant des précisions sur la signification du présent intimement lié à la référence, dans tout énoncé, au locuteur primordial. À la suite sont examinées deux implications descriptives concernant l'énoncé impersonnel et la notion de performatif.After a reminder of the theorical bases of our conception of text grammar, we present in this paper a picture of the functioning in russian of the aspectual opposition concerning injunctive mood. The notion of actuality, essential for the semantics of the imperfective aspect, is important for us : it makes it compulsory to precise the signification of the present tense which is closely linked to the reference to the speaker. Are also examined two descriptive implications concerning impersonal utterances and the notion of performative modality.
- On fait une pause ? - Irina Fougeron p. 429-442 Malgré les travaux de A. m. Peškovskij, b. v. Tomaševskij et S. I. karcevskij, la plupart des études menées plus tard sur la segmentation de l'énoncé sont fondées sur l'analyse de la langue orale. Si la segmentation sémantique et rythmique de la parole orale est évidente, on peut se demander s'il existe une segmentation dans la langue écrite et, si oui, dans quelle mesure cette segmentation correspond à celle de sa réalisation orale. Les signes de ponctuation sont-ils les seuls éléments indispensables pour signaler une pause ? Nous nous intéressons uniquement aux pauses qui coïncident avec les limites des mots, des syntagmes et des autres unités syntaxiques lors de la réalisation orale de textes écrits. Notre analyse est fondée sur l'examen de six textes choisis dans la revue «наука и жизнь » (2006, № 6) qui différent par leur caractère et leur style. Notre analyse, portant sur des textes écrits non littéraires, nous permet de dire que ce n'est pas la présence de signes de ponctuation qui détermine la segmentation de l'énoncé et la réalisation des pauses, mais bien l'organisation du message.In spite of the studies by A. m. Peškovskij, b. v. Tomaševskij and S. I. karcevskij, most research works on the segmentation of the utterance are still based on the analysis of oral speech. If the semantic and rhythmic segmentation in oral speech is clear, it is worth studying the question of segmentation in written language to establish the similarities and différences with oral speech. Are punctuation marks the only essentiel way to indicate a break ? We study here only the breaks which coincide with the borders between words, syntagms and syntactic units when a text is transformed into spoken language.
- Stratégies discursives de la politesse russe - Marguerite Guiraud-Weber p. 443-456 Les russes, comme tous les peuples, partagent un certain nombre de codes et principes qui règlent leurs comportements sociaux. un grand nombre de ces conventions se réalise à travers le langage dans la mesure où les principaux actes de politesse sont essentiellement verbaux. Les stratégies discursives dans l'espace russophone diffèrent considérablement de celles que l'on observe dans l'espace francophone ou anglophone décrites en détail dans la littérature linguistique. malgré les similitudes apparentes que les descripteurs tentent d'appréhender sur le plan quantitatif en comparant la politesse russe et occidentale, il s'avère que le savoir-vivre à la russe est qualitativement différent. Tout d'abord, parce qu'il n'abuse pas des procédés standards tels que les formules toutes faites appliquées à tout venant, si caractéristiques de la politesse européenne ; ensuite parce qu'il puise abondamment dans d'autres moyens lexicaux que sont la suffixation, la préfixation et les formes d'adresse qui, en russe, sont particulièrement riches. Tous ces moyens sont très chargés émotionnellement et ne peuvent pas s'adresser à n'importe qui : ils s'exercent donc dans le cadre plus restreint de la famille, des amis ou des collègues, d'où leur lien évident avec le vocabulaire de parenté. Ainsi la politesse russe a l'air moins formelle, plus spontanée, plus improvisée et par là même plus naturelle et plus chaleureuse.Russians, like all other people, share social codes which determine their behaviour. Language is generally the means to express these conventions. The discursive strategies found in russian-speaking areas are very different from those observed in French or English-speaking areas, as described in details in Linguistic studies. In spite of apparent similarities from the quantitative point of view between russian and European manners, one must admit that from a qualitative point of view, russian manners are very different because they are largely drawing on other lexical devices such as suffixation, prefixation and the forms of address, which, in russian, are particularly rich. All these lexical devices express emotions and are linked with a very specific relationship vocabulary : they are used in the circle of the family, of friends or of colleagues.
- Sur la répétition de la préposition en vieux russe et les structures à préposition non initiale dans les langues indo-européennes anciennes - Claire Le Feuvre p. 457-488 La répétition de la préposition devant les modifieurs du nom dans un SPrep., fréquente en vieux russe et attestée dans d'autres langues slaves, est liée à un ordre des mots marqué, et a de ce fait une fonction pragmatique. C'est un argument en faveur de l'analyse de Borkovskij, qui voyait dans la répétition de la préposition une emphase sur le modifieur, contre l'analyse de Worth (1982) qui y voit un phénomène mécanique (suivi par Klenin 1989, Zaliznjak 1986). on propose d'analyser la répétition de la préposition comme le résultat d'une anticipation de la préposition non initiale dans une structure [ Adj. Prep. N], [ Da Prep. N], ou [ N Prep. Adj.], [ N Prep. Da], très bien attestée dans les langues indo-européennes anciennes : [ Adj. Prep. N] devient [ Prep. Adj. Prep. N], conformément à la règle synchronique qui veut que la préposition soit en première position du SPrep. ; parallèlement, [ N Prep. Adj.] devient [ Prep. N Prep. Adj.]. L'ancienne préposition régissante, proclitique, qui fait corps avec N dans [ Adj. Prep. N], avec Adj. dans [ N Prep. Adj.], est conservée à sa place ancienne. Le développement symétrique est bien attesté en grec et en sabellique pour des postpositions, [ Adj. Postp N] devenant [ Adj. Postp. N Postp.] (grec homérique hon de domon de «vers sa maison » , réfection de * hon de domon, litt. sa-vers maison ; sudpicénien esmen vepeten «dans cette pierre » , litt. «cette-dans pierre-dans » , ancien [ Da Postp. N]). La structure [ Adj. Prep. N] ou [ N Prep. Adj.] avec extraposition d'un constituant correspondait en effet à une mise en relief de ce dernier, et la structure héritière avec préposition répétée continue cette même fonction. Le vieux russe a éliminé la structure [ Prep. Adj. Prep. N], attestée en vieux slave et connue des byliny, au profit de [ Prep. N Prep. Adj.], structure marquée en face de la structure non marquée [ Prep. Adj. N], parce que la mise en relief de l'adjectif est normalement assurée en russe par sa postposition. Les textes montrent une tendance à la grammaticalisation de ce tour aux dépens de sa valeur énonciative, notamment avec une apposition. Cette même structure se rencontre quand l'expansion de N est un complément de nom au génitif : elle a la même origine et remonte à [ NCt Prep. N], remodelé en [ Prep. NCt Prep. N], elle accompagne aussi un ordre des mots marqué avec complément de nom antéposé, mais elle semble avoir acquis dans ce cas spécifique une fonction syntaxique de désambiguïsation et de marque du régime disjoint de la préposition.On preposition repetition in Old Russian and non initial preposition structures in ancient Indo-European languages Preposition repetition before modifiers in a PP is well known in old Russian and other Slavic languages. It is linked with a marked order of constituents, and therefore has a pragmatic function. this is in line with Borkovskij's analysis, who saw in the phenomenon a marker of emphasis, against the analysis proposed by Worth (1982), followed by Klenin (1989) and Zaliznjak (1986), who see it as purely mechanical. Diachronically, preposition repetition can be analyzed as an anticipation of a non initial preposition in a structure [ Adj. Prep. N], [ Da Prep. N], or [ N Prep. Adj.], [ N Prep. Da], well known in ancient Indo-European languages. [ Adj. Prep. N] is remodelled to [ Prep. Adj. Prep. N], according to the synchronic rule stating that the preposition is the first element of a PP. Conversely, [ N Prep. Adj.] is remodelled to [ Prep. N Prep. Adj.]. the inherited non initial preposition, clitic, and bound with either N in [ Adj. Prep. N] or Adj. in [ N Prep. Adj.], is left unchanged. A symmetrical development is found in greek or Sabellic with postpositions, [ Adj. Postp. N] becoming [ Adj. Postp. N Postp.] (homeric hon de domon de, from an older * hon de domon, lit. «his-to home » , South-Pic. esmen vepeten «in this stone » , lit. «this-in stone-in » , from an older [ Da Postp. N]). the structure [ Adj. Prep. N] or [ N Prep. Adj.] with extraposition of a constituent laid the emphasis on the extraposed constituent, and this is also what the daughter structure [ Prep. Adj. Prep. N] does. old Russian eliminated [ Prep. Adj. Prep. N], known in oCS and in the byliny, and kept only [ Prep. N Prep. Adj.] as the marked structure, vs the unmarked [ Prep. Adj. N], because in Russian the marked position for adjectives is usually postposition. however, there was a process of grammaticalization of preposition repetition at the expense of the original semantic value, especially with appositions. the same structure is found when the modifier is a nominal complement in the genitive : the origin is the same, [ NCt Prep. N] remodelled to [ Prep. NCt Prep. N], the order of constituents is also marked, as the genitive is preposed, but it seems that in this specific case it acquired a new syntactic function of disambiguization, and is used to mark N as the regime when there is disjunction between N and Prep.
- Comment mesurer le degré de la liberté de l'accent ? - Werner Lehfeldt p. 489-497 L'article vise à dégager un modèle destiné à mesurer le degré de liberté de l'accent verbal. Pour atteindre ce but, l'auteur développe une formule qu'il emploie, à titre d'exemple, pour déterminer le degré de liberté de l'accent dans le cadre du système des mots-formes verbaux du russe contemporain. En guise de conclusion, il interprète la valeur obtenue comme résultat de cette procédure.The article tries to find out a pattern to assess the level of freedom of the verbal accent. For that purpose, the author elaborates a system he uses, as an example, to determine the degree of freedom of the accent for verbal wordforms in Standard Contemporary Russian. As a conclusion, the author interprets the value as a result of the approach.
- Из корпусных наблюдений над лексикой: о семантической эволюции и «лексических маркерах» [Quelques observations sur le lexique dans les corpus : sur l'évolution sémantique et les « marqueurs lexicaux »] - Vladimir Aleksandrovič Plungjan, Ekaterina Vladimirovna Raxilina p. 499-530 The paper contains three small case studies (based on the data from Russian National Corpus) dealing with semantic evolution of various linguistic units from 18th to 20th century Russian. these cases are : (i) the adverb ввечеру '' in the evening'' (now obsolete), (ii) the noun жуть '' dismay, dread'' and the adjective жуткий '' dreadful, fearful'', as well as (iii) two constructions at the initial stage of grammaticalization with a close, though not identical meaning : на сего-дняшний день '' to date, thus far'' and по нынешним временам '' as times go''. the study illustrates the use of corpus-based methods for describing subtle diachronic processes of semantic shifts and frequency variations.
- Та еще статья! ou la curieuse sémantique de tot ešče - Robert Roudet p. 531-542 Cet article a pour but d'analyser et de préciser la curieuse sémantique de tot ešče ; on observe en effet que souvent, cette locution qui, dans la grande majorité des cas, porte sur un substantif, a pour sens une appréciation négative, ce qui ne découle absolument pas du sens de tot et de ešče pris séparément. La première partie de ce travail sera consacrée à préciser la sémantique de cette locution, ce qui sera fait en étudiant les combinaisons de celle-ci avec un substantif dépréciatif, puis avec un substantif axiologiquement neutre et enfin avec un substantif positif. une tentative sera faite de montrer ce qu'apporte exactement tot ešče dans chacun de ces cas. Nous verrons ensuite ce qu'est le fonctionnement syntaxique de tot ešče et nous observerons qu'il se trouve essentiellement en position d'attribut mais quelques autres possibilités seront également mises au jour. Enfin une tentative sera faite pour essayer d'expliquer l'émergence d'une sémantique aussi éloignée de celle des deux composants de cette locution. Sans pouvoir arriver à des certitudes, on verra malgré tout que ce problème, délicat certes, n'est peut-être pas insoluble.The aim of this article is to analyse and specify the curious semantics of tot ešče ; indeed it can be noted, that in many cases, this phrase witch relates, in most cases, to a noun, has a negative meaning which does not in the least proceed from the meaning of tot and ešče considered separatly. the first part of this work will specify the semantics of this phrase, which will be achieved by studying the combination of this expression, first with a deprecatory noun, then with an axiologically neutral noun, then with a positive one. We will try to show what tot ešče precisely adds to the meaning in each of this cases. then we will study the syntactical functioning of tot ešče and will note that it is mostly used as a predicative but other possible uses will come to light. And last we will try to explain the emergence of an area of meaning so little related to the two components of this phrase. Without being able to reach certainties we will however see that this problem, although critical, may not be insoluble.
- Coordination des propositions relatives - Jean-Paul Sémon p. 543-556 L''auteur étudie et illustre un phénomène syntaxique de plus en plus fréquent en russe moderne : la substitution du pronom anaphorique au pronom relatif dans une proposition relative coordonnée ou juxtaposée à une relative qui la précède. Soit, schématiquement : [ sosed] kotoryj... i kotoromu… → [ sosed] kotoryj… i emu…The author investigates and illustrates an increasingly frequent phenomenon in Modern Russian language : the substitution of the anaphoric pronoun for a relative pronoun in a relative clause which is coordinated or juxtaposed to a preceding relative clause. As follows : [ sosed] kotoryj... i kotoromu… → [ sosed] kotoryj… i emu…
- Temps, mode, aspect et système d'énonciation des proverbes BCMS - Paul-Louis Thomas p. 557-577 The paper is based on the well-known opposition between two systems of enunciation — speech and narration (story/ speech in Benveniste, narration/ commentary in Weinrich). In order to determine which system proverbs belong to, conjugated verbal forms (much more various in BCMS proverbs than in other languages such as French or English) are examined. the corpus is the collection of proverbs by vuk Karadžić, first published in Cetinje (Montenegro) in 1836. the paper shows that some verbal forms function in proverbs in the same way as in speech enunciation (imperfective and perfective present in repetitions, perfective perfect with only one verb, future, optative, imperative, conditional), others as in narration enunciation (prospective perfective present, truncated perfect, perfective perfect and aorist in chronological successions of actions), while some others are used in a specific way, which can be found only in proverbs (the so-called gnomic aorist and imperfect). therefore the criterion “ how conjugated verbal forms function” allows to distinguish a specific enunciation system for proverbs in the BCMS language.
- La façon de dire le son en russe. Contribution à l'étude des noms prédicatifs de « sensations auditives » - Irina Kokochkina p. 579-592 The paper focuses on predicates (hARRIS, 1978) designating sound phenomena in modern Russian. We first describe their structure : they can be composed by one or two elements (in the last case, often by a Substantive in genitive case). then we analyse some auxiliary verbs as доноситься, послышаться used with these predicates. We finally describe modificators of sense such as длительные, пронзительный. our paper is the first and innovative research of sound phenomena in Russian.
- Les séquences duelles avec drug drug[a] et la question du désenclavement de la préposition - Stéphane Viellard p. 593-615 Lorsque le pronom réciproque drug drug[ a] est régi par une préposition, les grammaires présentent l'enclavement de celle-ci comme une règle générale. or le désenclavement est relativement fréquent. La langue moderne en offre de nombreux exemples, mais on le rencontre également en vieux russe et en moyen russe. L'analyse d'exemples russes mais aussi français montre que le désenclavement relève d'une opération cognitive et énonciative qui met en évidence l'hétérogénéité des deux entités constitutives de la configuration.Dual sequences with drug drug[ a] and the question of the anteposition of the preposition When the reciprocal pronoun drug drug[ a] depends on a preposition, grammarians present the interposition as a rule. But the anteposition is also frequent and can be found in many examples in Contemporary Russian as well as in old and Middle Russian language. the study of Russian but also French examples shows that the anteposition can be explained by a cognitive and enunciative process which shows the heterogeneity of the two constituent entities of the configuration.
- L'emploi des pronoms personnels en polonais (par contraste avec le russe et le français) - Hélène Włodarczyk p. 617-648 Although there exist two series of tonic and atonic personal pronouns in French as in Polish, their usage is different even if grammars do not provide clear rules for this. Within the family of slavonic languages, Polish, in which new atonic forms have been created over time, differs considerably from russian which in its contemporary state has lost the opposition between atonic and tonic forms inherited from Protoslavic. However in the recent evolution of contemporary Polish, we observe a confusion in the uses of the tonic and atonic forms of the 1st person singular pronouns (mi/ mnie). In order to explain the use of these two series of pronouns which are presented merely as two position variants in grammars, we rely on the Meta-Informative centering theory (MIc) distinguishing clearly between base and extended utterances on the basis of the meta-informative (old or new) status of the utterances and/ or its parts. the use of the tonic forms corresponds to an extended utterance, i. e. to an expressive utterance from the point of view of the opposition between one part referring to “ old” information and one part referring to “ new” information. Moreover, in the MIc theory, it is possible to distinguish easily topic from focus on the basis of their respective meta-informative old or new status. In this theoretical framework the use of atonic forms in Polish (which can be zero forms in the nominative case, not to be confused with ellipsis which also exists in russian) is systematically compared to russian and French, including the position of the subject pronoun before or after the verb. generally speaking, the use of pronouns provides evidence for the fact that pragmatic constraints find direct expression in morphology and syntax.
- L'expression de la durée et de la répétition dans la phrase simple. Les subordonnées temporelles : contribution à l'étude des compléments circonstanciels de temps dans la Pověst′ vremennyx″ lět″ - Olivier Azam p. 347-372
Histoire de la pensée linguistique
- À la recherche de la transparence de la racine - Sylvie Archaimbault-Pousin p. 651-662 La question de la motivation du signe apparaît en filigrane dans la tradition lexicographique russe. elle rejoint l'idée fichtéenne selon laquelle la langue doit être transparente à ses locuteurs, les mots doivent parler à ceux-ci, sans qu'ils aient à produire d'effort de remémoration ou de décryptage excessif. cette quête de la racine transparente, liée à une volonté d'encadrer la production néologique, est ici évoquée à travers quelques jalons. sont évoquées tout particulièrement l'oeuvre de l'amiral Šiškov, dont l'héritage en la matière est encore vivace, et celle du linguiste Lev Ščerba, qui, à la faveur de la révolution et de la création néologique à laquelle celle-ci a donné lieu, a cherché à poser un cadre rationnel et conforme à l'esprit de la langue pour la production de nouveaux mots. dans cette quête de la racine transparente, l'étymologie, en tant que principe d'explication, apparaît évidemment comme un auxiliaire important.The non-arbitrariness of the sign emerges as a pattern of the russian lexicographic tradition. It reinforces the Fichtean idea according to which a language should be transparent to its speakers. the words must speak to them, without their having to make an excessive effort towards remembering or deciphering the language. this search for transparent roots, which is tied to a desire to control the production of neologisms, will be evoked here through an exploration of some significant milestones. We will in particular discuss the work of admiral Šiškov, whose legacy in this area is still strong, as well as the work of the linguist Lev Ščerba. Following the revolution and the creation of neologisms, Ščerba sought to develop a rational and consistent frame to guide the production of new words. In the quest for transparent roots, etymology, as an explanatory principle, seems to be an important element.
- L'émergence du concept de discours indirect libre et la représentation des pensées : quand le terme opacifie la réalité - Olga Artyushkina p. 663-674 The appearance of the concept of free indirect discourse (FId) is connected with the tendancy of psychologisation in literature which involves the interest in the representation of interior discourse and mental process. the variety of examples of FId respresents a great heterogeneity which renders hypothetical the very use of this linguistic term. Indeed, FId is used to refer not only to the indirect (or interior) discourse, but also to represent any expession of emotion and subjectivity uncompatible with the narrator's position. the paper gives a critical review of such approach of FId, which shows the weekness of the formal definition of the concept. the author of this paper develops the idea of differentiation between the representation of the interior discourse and the mental process of thought formulation which involves not only a verbal stage, but a non verbal one as well, composed of visual perception, rememoration, etc. In this context the use of this term is problematic because it refers only to a verbal aspect of thought. In such cases the term “ point of view” and the notion of “ FId effect” proposed by the author are more appropriate.
- Les « circonstances » chez les grammairiens russes du XVIIIe siècle - Christine Bracquenier p. 675-689 c'est au XVIIIe siècle que naissent les notions grammaticales de «circonstanciel » sous la plume de l'abbé gabriel girard en 1747, et de «circonstances » (obstojatel′ stva) dans la Rossijskaja grammatika de Mixail Lomonosov en 1755. Pour Lomonosov, le mode d'expression privilégié des circonstances est le syntagme prépositionnel, et l'adverbe en est l'expression abrégée. Il ne parle pas des adverbes ou des groupes prépositionnels comme d'éléments modifiant le verbe, mais il se place au niveau de l'énoncé, présentant les circonstances comme l'expansion de la phrase ; il faudra attendre plus de deux siècles pour que cette caractéristique des circonstants soit prise en compte par les linguistes. Pour ce qui est de l'ordre des mots, chez l'abbé girard c'est le «feu de l'imagination » , pour Lomonosov c'est le «libre cours des pensées humaines » qui permettent de modifier en russe l'ordre des mots canonique / sujet – verbe/. L'analyse de la langue de n. karamzin montre que ce n'est ni le «feu de [ son] imagination » , ni le «libre cours de [ ses] pensées » qui gèrent le choix de l'ordre des mots chez lui, mais plutôt le désir et la nécessité qu'il éprouve de produire un texte cohérent, dans lequel les idées s'enchaînent de la manière la plus satisfaisante et la moins coûteuse pour l'énonciataire et cela lui permet de placer le circonstant en tête de phrase s'il a besoin de poser le cadre spatio-temporel de son énoncé, que les «circonstances » soient connues ou non de l'énonciataire.The Grammatical notion of “ circumstantial” appears in the 18th century in the writings of Abbé Gabriel Girard in 1747 and “ circumstances” (obstojatel′ stva) in Mixail Lomonosov's Rossijskaja grammatika in 1755. For Lomonosov, the prepositional phrase is the best mode of expression for the circumstances and the adverb is the abbreviated expression. For him adverbs or prepositional phrases do not modify the verb but are an expansion of the sentence ; it will take more than two centuries before this circumstances characteristic is taken into account by linguists. the canonical word order < subject – verb> can be changed in russian by the “ fire of imagination” (abbé girard) or “ the free flow of human thoughts” (Lomonosov). But the analysis of n. karamzin's language shows that the word order in his writings does not depend of ‘ the fire of imagination” or “ the free flow of human thoughts”, but is managed by the desire and the necessity to produce a coherent text, and karamzin had understood that the circumstances could be placed at the beginning of the sentence if the narrator has to indicate the spatial and temporal background of his sentence.
- Mixail Vasil′evič Lomonosov (1711-1765) et le latin - Roger Comtet p. 691-707 Lomonosov (1711-1765) avec le latin ; devenu un éminent latiniste grâce à la formation humaniste reçue à l'académie ecclésiastique de Moscou ainsi qu'à son séjour d'étude en allemagne, Lomonosov mit à profit ces compétences dans le domaine scientifique à l'académie impériale des sciences, à une époque où le latin savant demeurait la langue de référence scientifique, mais aussi dans une oeuvre philologique et littéraire nourrie de culture latine. cependant, à une époque où la langue russe se codifie et revendique sa place en europe, Lomonosov n'a eu de cesse de créer un russe, scientifique et littéraire, digne de se mesurer avec le modèle latin qui demeurait pour lui une référence incontournable. Il demeure ainsi un exemple rare d'humaniste qui a su faire la synthèse de ses compétences scientifiques et philologiques en les mettant au service de l'émancipation et de l'affirmation sa langue nationale.This Article deals with Lomonosov's exceptional relations with Latin. Lomonosov (1711-1765) had become an excellent Latinist thanks to his studying humanities in the Muscovite ecclesiastical academy and his stay as a student in germany. He took advantage of this competence in the scientific field in the Imperial academy of sciences in saint-Petersburg, in a time when the use of scientific Latin was the rule ; but he took profit too of his Latin in his philological and literary works which are nourished with Latin culture. However Lomonosov strove all his life long to create a new russian language, both scientific and literary, which could compete with this Latin model he considered as an essential reference. thus Lomonosov remains an exceptional example of a humanist who succeeded in synthesizing his scientifically and philological knowledge for the sake of emancipation and affirmation of a new european modern language.
- La théorie de la langue chez Šiškov - Paul Garde p. 709-720 Dans la tradition historiographique russe, l'amiral a. s. Šiškov apparaît comme un personnage ridicule, un ennemi du progrès cherchant à promouvoir une langue incompréhensible remplie d'archaïsmes. L'étude attentive de ses écrits montre pourtant qu'après cette oeuvre d'humeur qu'est son célèbre pamphlet de 1803, dirigé contre le «nouveau style » , sont venus des textes plus réfléchis, où se dessine une véritable pensée linguistique. Il distingue l'étude de la langue de celle de la littérature, et professe que la linguistique doit avoir une méthode inductive, fondée sur une étude systématique des faits. cherchant à définir ce qu'est l'objet de cette science, il en énumère tous les éléments : langue courante, mais aussi mots spéciaux ou dialectaux, états anciens attestés ou reconstitués. appliquant ces principes à sa langue maternelle, qu'il appelle «slavorusse » , il affirme l'unité de ce que nous appelons «slavon » et «russe » , qui selon lui ne se distinguent que par des traits de «dialecte » et se «style » , tous les dialectes et les styles ayant une égale valeur. La langue ainsi conçue a aussi, pense-t-il, une unité logique, car chaque langue «raisonne à sa façon » ; le lien étymologique entre les mots n'est que le reflet du lien logique entre les idées, et l'introduction de mots étrangers (emprunts ou, pire encore, calques) ne peut que perturber cette logique. cette doctrine est donc porteuse de quelques idées intéressantes et fécondes. elle pèche évidemment par dogmatisme, par négation de l'évolution et par incompréhension des besoins du présent, ce qui explique son échec.Šiškov's theory of language In russian traditional historiography admiral a. s. Šiškov is viewed as a ridiculous figure, an enemy of progress who tries to promote an incomprehensible archaical language. But a thorough study of his writngs shows that whereas his famous book of 1803 against “ new style” is only a bad tempered libel, in the following years he wrote some well-thought-out texts where a real linguistic theory may be discovered. He insists on the difference between studies in language and in litterature, and states that the former should have an inductive method, on the basis of a systematic review of facts. He tries to define what is a language, and notes that it includes not only every day speech, but also special or dialectal items, as well as linguistic facts of the past, either known by documents or reconstructed. He calls his native language “ slavorussian”, and states that the so-called “ russian” and “ slavonic” (i. e. church slavonic) languages are one and the same, with only dialectal and stylistic differences, while all dialects and all styles are equally valuable. that language has also in his view a logical unity, since every language “ reasons in its own way”. the etymological link berween words is the reflection of the logical link between ideas, and the introduction of foreign words (by borrowing or by calque, which is still worse) can only disrupt that logic. this doctrine conveys some interesting and sound ideas. But its obvious shortcomings -dogmatism, negation of historical evolution, ignorance of the needs of present time – account for its failure.
- L'abandon du sujet : syntaxe de dépendance et grammairiens slavophiles - Patrick Sériot p. 721-728 Si Les spécialistes de sciences politiques ont beaucoup apporté à la connaissance de la culture russe, il reste un grand travail à faire dans le domaine de l'histoire de la linguistique en Russie. on propose ici une étude des motivations philosophiques du verbo-centrisme des théories syntaxiques slavophiles, origine méconnue des grammaires de dépendance, et solution élégante du problème des phrases dites impersonnelles.Political science specialists have made an important work for the knowledge of russian culture. now a huge field remains to be explored in the history of linguistics in russia. In this paper we propose a study of the philosophical motivations of verbocentrism in the slavophile syntactic theories, which is both a very poorly known origin of dependency grammars, and a handsome solution to the problem of the so-called impersonal sentences.
- À la recherche de la transparence de la racine - Sylvie Archaimbault-Pousin p. 651-662
Autour de Nicolas Karamzine
- Karamzin critique d'art : la peinture dans les Lettres d'un voyageur russe - Rodolphe Baudin p. 731-758 Karamzin as Art Critic : Painting in Letters of a Russian Traveler The present paper focuses on Karamzin's opinions on painting as expressed in Letters of a Russian Traveler. If the “ russian traveler” does visit several famous painting collections, such as the Dresden gemäldegallerie, the Basel Faeshe Cabinet and Boydell's Shakespeare gallery in London, he seems quite indifferent to the paintings he sees and does not hide this feeling from his readers, sometimes in a provocative way. this lack of interest is also reflected by Karamzin's indifference to the latest trends in contemporary French painting, mainly to Neo-classicism, which the writer may have rejected for its alleged ties with the ongoing revolution. Karamzin's general indifference towards painting knows only one exception : the paintings of henry Fuseli, which the traveler very much admires in the Boydell Shakespeare gallery. this sudden interest for a painter who remained largely underestimated in his lifetime shows Karamzin's bold taste and his aesthetical evolution from Sentimentalism towards romanticism. It also allows the writer to set up the rise of the traveler's aesthetic sense, which confirms Letters of a Russian Traveler's belonging to the Bildungsreise genre.
- Puškin, Karamzin et Boris Godunov - Catherine Depretto p. 759-770 L'article réexamine la question des rapports entre les tomes X et XI de l'Histoire de l'État russe (1824) de Karamzin et Boris Godounov (1825 ; 1830) de Puškin. Si la dette du poète à l'égard de l'historiographe est incontestable aussi bien sur le plan de l'information historique que sur celui de l'écriture, la nature exacte du lien qui unit les deux oeuvres est plus difficile à établir. Suivant sur le fond la présentation du temps des troubles, donnée par Karamzin et reprenant la thèse de la responsabilité de Boris dans l'assassinat de Dimitrij, Puškin s'autorise un certain nombre de libertés et, sur deux points majeurs au moins, s'écarte de son modèle : le personnage de Dimitrij dont il fait une sorte de héros romantique, son ancêtre gavrila Puškin qu'il gratifie d'un poids historique bien supérieur à la réalité. Si ces différences s'expliquent en partie par des divergences de conception, elles mettent surtout en valeur la spécificité de la création littéraire qui n'est pas réductible à sa source (genèse), si importante soit-elle.Pushkin, Karamzin and Godunov This article revisits the question of the relationship between Karamzin's History of the Russian State (X and XI volumes, 1824) and Pushkin's Boris Godunov (1825 ; 1830). the debt of the poet to the historian is significant on both historical and literary levels and has already been carefully analyzed, but the exact nature of the link between the two works is more difficult to define. Pushkin repeats Karamzin's pre -sentation of the time of troubles and, like Karamzin, emphasizes the tsar's responsibility in Dimitri's murder. But Pushkin does not follow his model on two major points. First, he depicts the False Dimitri as a romantic hero who has some characteristics in common with the French king henry the Fourth. Secondly, he gives his ancestor gavrila Pushkin much more historical importance than he had in effect. these differences can be explained for a part by intellectual reasons, but they mainly demonstrate the immanence of literary rules.
- Le sentimentalisme dans tous ses états : l'oubli de la satire dans la critique littéraire sur le XIXe siècle (à propos de l'oeuvre de Josef Jaroslav langer) - Xavier Galmiche p. 771-782 La parution en 2003 d'un volume consacré au «sentimentalisme russe » , réuni par les soins de Jean Breuillard, est l'occasion de revenir sur la définition de cette esthétique caractérisant la période initiée vers 1800. La critique des oeuvres du sentimentalisme russe et plus généralement d'Europe centrale et orientale, si elle rend bien compte du goût pour les valeurs philosophiques et morales, et pour la dynamique même du sentiment, en estompe bizarrement la dimension humoristique (style comique, narquois, facétieux, parodique, satirique, etc.). Cet article envisage les raisons de cet étrange oubli du comique, en prenant le parti de l'examiner dans l'oeuvre d'un seul auteur, le tchèque Josef Jaroslav Langer (1806-1846). Il met en question l'identification, proposée par un article récemment paru (milan v. DImIć, «romantic Irony and the Southern Slavs » in Romantic irony, éd. Frederick garber, Paris, Didier ; Budapest, akadémiai Kiadó, 2010), du style «sternien » , propre à la génération sentimentaliste, dont Langer est l'un des représentants en Europe centrale, avec «l'ironie romantique » , et rappelle la persistance des procédés du style héroï-comique.The publication in 2003 of a collection of essays on “ russian Sentimentalism” under Jean Breuillard's supervision gave the opportunity to come back to the definition of the aesthetics of the period from around 1800 onward. Literary theory on sentimentalism in russian and, more broadly, Central and Eastern European literatures, addressed its philosophical and moral values, as well as the dynamics of the sentiment itself, but oddly enough, it has failed to highlight its humorous dimension (comic, mock, facetious, parodic, satiristic styles). this article aims at apprehending the reasons why humor came to be so strangely neglected through the study of the work of an only author, Czech writer Josef Jaroslav Langer (1806-1846). Contending the continuity of earlier heroicomic devices, it thus questions the identification, suggested by a lately published article (milan v. Dimić, “ romantic Irony and the Southern Slavs“, in Romantic irony, ed. Frederick garber, Paris, Didier ; Budapest, akadémiai Kiadó, 2010), between the style “ à la Sterne” peculiar to the sentimentalist generation, which Langer typifies in Central Europe, and “ romantic irony”.
- En réponse à Karamzin… La première Lettre philosophique de Čaadaev comme réplique à la préface de l'Histoire de l'État russe - Pierre Gonneau p. 783-792 Cet article se propose de faire parler entre elles la préface de l'Histoire de l'État russe de Karamzin (1815) et la première Lettre philosophique de čaadaev (1829), dans leurs versions russe et française. Il tente de montrer que les thèses pessimistes de čaadaev, écrites après l'insurrection manquée des Décembristes, sont formulées en grande partie comme une réponse au tableau idyllique que Karamzin peignait au lendemain de la victoire d'alexandre Ier sur Napoléon. Les thèmes sur lesquels les deux auteurs se répondent sont : la contribution de la russie à la civilisation, les hauts faits et les grands hommes de l'histoire russe, la périodisation de l'histoire russe et la notion de progrès, la patrie et la religion.A reply to Karamzin… Chaadaev's first Philosophical letter as a reply to the foreword to The History of the Russian State This article establishes a dialogue between the foreword to The History of the Russian State by N. Karamzin (1815) and P. Chaadaev's first Philosophical Letter (1829), in their russian and French versions. It tries to show that Chaadaev's pessimistic thesis, written after the failed Decembrist insurrection, is mostly formulated as a reply to the idyllic painting made by Karamzin at the time of alexander I's victory against Napoleon. the questions debated by the two authors are : russia's contribution to civilization, feats and great men of russian history, periodization of russian history in regard to the idea of Progress, homeland and religion.
- Французский дискурс в структуре журналов Н. М. Карамзина [Le discours sur la France dans les revues de N. M. Karamzin] - Olga Kafanova p. 793-811 French discourse in the structure of journals by n. M. Karamzin The article dwells on the elements of French discourse contained in the periodicals by N. m. Karamzin. the journals he founded and published were the best for their time, as Karamzin has successfully used the experience of European journals, primarily the French ones. In The Moscow Journal (1791-1792) and vestnik Evropy (the messenger of Europe, 1802– 1803) the French matter was represented by belles-lettres, literary criticism, philosophical and political essays on the one hand and by structural elements borrowed from the most popular French newspapers and journals of that time on the other hand. In his Aglaia (1794-1795) and Pantheon of Foreign Literature (three volumes, 1798) Karamzin published his own translations of the best kind of exemplary French literary works of various genres. In The Moscow Journal Karamzin managed to integrate French, English and german discourse to provide the foundation for philosophy, aesthetics and poetics of sentimentalism, while vestnik Evropy, where the current affairs taking place in France were ventilated, served as a polemical context necessary to clear out the historical situation in Europe. generally speaking, the French models had an impact on the structure of the journals as well as on the genres of sentimental novel, theatrical reviews, vocabulary and phraseology of N. m. Karamzin.
- Karamzin critique d'art : la peinture dans les Lettres d'un voyageur russe - Rodolphe Baudin p. 731-758
D'une culture à l'autre : la traduction des cultures
- Miljukov, la démocratie et la question de l'antisémitisme - Sabine Breuillard p. 815-822 Quelle que soit l'époque de son activité politique, Miljukov a toujours combattu l'antisémitisme. Vinaver, Gruzenberg, Tsetlin, grands noms de l'intelligentsia juive russe de l'émigration, étaient ses plus proches amis. avant la révolution, le parti cadet, qu'il avait fondé en 1905, comptait beaucoup d'intellectuels juifs, au point d'être accusé de mener une politique pro-juive. avant 1917, Miljukov s'est battu à la Douma contre l'antisémitisme tsariste. après 1921, à Paris, il combat une nouvelle forme d'antisémitisme née dans les rangs d'extrême droite de l'émigration qui accusaient les Juifs d'être à l'origine de la révolution bolchevique. À partir de 1923, après la réédition des Protocoles des sages de Sion, Miljukov engagera sa responsabilité d'historien, et ira au tribunal de Berne en 1934 démontrer qu'il s'agissait d'un faux. on montre combien sa lutte contre l'antisémitisme quelle qu''en soit la forme, ne faisait qu'un avec son combat pour la démocratie en Russie.Miliukov, Democracy and the question of anti-semitism Whatever the time of his political activity miliukov has always fought anti-Semitism. vinaver gruzenberg, tsetlin, big names of the Jewish intelligentsia of the russian emigration, were his closest friends. Before the revolution, the Kadet party he founded in 1905, had many Jewish intellectuals, to the point of being accused of conducting pro-Jewish politics. Before 1917, miliukov fought at the tsarist Duma against anti-Semitism. after 1921, in Paris, he fights a new form of anti-Semitism, born in the ranks of the extreme right of emigration, which accused the Jews of being the cause of the Bolshevik revolution. From 1923, after the reissue of The Protocols of the Elders of Zion, milioukov will be liable as a historian. he will go to court in Bern in 1934 and demonstrate that it was a fake. We show how the struggle against anti-Semitism in any form whatsoever, was inseparable from his fight for democracy in russia.
- Книга Дрё дю Радье Dictionnaire d'Amour в русском переводе. [Le Dictionnaire d'amour de Jean-François Dreux du Radier] - Natalia Dmitrievna Kočetkova p. 823-830 Dictionnaire d'Amour by J.-f. Dreux du Radier translated into Russian The Dictionnaire d''Amour, dans lequel on trouvera l''explication des termes les plus usités dans cette langue (1741) by J.-F. Dreux du radier (1714-1790) was translated into russian in the 1768 with the title Любовный лексикон, by a. v. Khrapovitsky (1749-1801). the French author had ironically interpreted some notions in use of the high society. the translator changed the composition of the whole book in way to dispose the articles in order of the russian alphabet. Khrapovitsky considerably shorted the Dictionnaire in translation. he often shorted or completed the chosen articles, adding elements of russification. Not seeking a literally translation, Khrapovitsky interpreted in his way some notions (articles vertu «Добродетель » , Aimer «Любить » at alias). «Любовный лексикон » by Khrapovitsky was reedited in the 1779 by N. I. Novikov who often derided the dandies and women of fashion and their peculiar language in his reviews. In spite of his strongly critical attitude towards the gallomania, Khrapovitsky apprehended the culture of the French wit asked-for by the russian readers.
- Commentaire d'un poème de V. Xlebnikov («V ètot den′ golubyx medvedej…») - Jean-Claude Lanne p. 831-845 Les poèmes réputés hermétiques possèdent l'étrange propriété d'éclairer, mieux que les poèmes dits intelligibles, le fonctionnement du discours poétique et d'en manifester la forme. Dans cet article où est proposée une analyse du poème de v. Xlebnikov «В этот день голубых медведей… » , la forme du poème comme système de discours se donne comme un ensemble de relations tissées entre différents éléments qui varient selon le niveau d'analyse choisi. Le poème est précisément cette structure sui generis grâce à laquelle les vocables anciens se transmuent sémantiquement en acquérant des valeurs nouvelles. La signification de l'ensemble se dégage de différentes séries relationnelles, mais elle demeure virtuelle, plurielle et ne saurait s'exprimer dans une idée ou un concept. Devant un poème abstrait, le commentaire doit refuser tout coup de force herméneutique et sobrement se contenter de préparer l'accueil d'une parole superbement repliée sur son inexpugnable ipséité «futurienne » .Hermetic poems have a strange property : better than the so called intelligible poems they throw light on the inner functioning of the poetic world. In this article is tentatively made an analysis of Khlebnikov's poem “ v ètot den′ golubyx medvedej…”, a piece in which the form appears to be a strongly regulated system of connections between various elements. Inside that highly sophisticated cluster the usual words acquire new semantic values and new shades of meaning. If a seemingly logical meaning of the whole may be built up, it remains to a wide extent hypothetical and rather indefinite and “ diffused”. the commentary of an abstract futuristic work has to be restraint and sober, and its only duty is to make easier the reception of the beautiful futuristic “ self-contained word”.
- Pierre le Grand en France : les récits de voltaire - Michel Mervaud p. 847-870
- Boire le thé "à la mode des marchands" - Anne Nercessian p. 871-874 Les peintres russes ont souvent représenté des marchands buvant leur thé dans une soucoupe (Perov, Kustodiev). mais d'où vient cette habitude ? Les manuels de savoir vivre l'interdisent (grimod de la reynière, baronne Staffe), ce qui montre que c'était une pratique répandue. La littérature s'en fait l'écho de molière à Flaubert. En Russie, cette habitude résulte des bonnes manières inculquées par des précepteurs et gouvernantes français de modeste origine aux enfants de marchands de modeste envergure.Scenes showing people drinking tea from a saucer are rather common in russian painting (Perov, Kustodiev, etc.). But where did the habit come from in the first place ? French handbooks of good manners of the XIXth century, advise strongly against it (grimod de La reynière, baronne Staffe) showing that it was a widespread practice alluded to in literature (molière, Flaubert…). In russia, it may be the result of the good manners lessons given by middle class French teachers and governesses to their middle-class merchant pupils.
- "Взятие редута": Мериме и Лермонтов ["L'Enlèvement de la Redoute" : Mérimée et Lermontov] - Tatiana Nikolaeva p. 875-881 It was accepted in russian critics to consider the Lermontov's poem “ Borodino” (1837) as the later remaking of his earlier poem “ the field of Borodino” (1830). But the analysis of these russian poems of Lermontov Nikolaeva had done demonstrated the unquestionable fact that “ Borodino” was much closer to l'Enlèvement de la redoute, Prosper mérimée's short story. the author's hypothesis rests on the idea that michael Lermontov could read l'Enlèvement de la redoute in a space of time from 1830 to 1837.
- À propos de la « traduction des cultures » - Serge Rolet p. 883-894 À propos de la «traduction des cultures » Contre les thèses multiculturalistes, qui conçoivent la culture comme pureté, l''idée selon laquelle les cultures se traduisent fait de la diversité un caractère constitutif de la culture, et non simplement l'un de ses accidents. malheureusement, l'idée de «traduction des cultures » n'est pas claire. Elle résiste difficilement à sa confrontation à l'opposition langue-parole et à la dualité saussurienne du signe.On “ translating cultures” Contrary to the ideas of the multiculturalists, for whom culture is synonymous with purity, the idea that one can translate from one culture to another turns diversity into a quintessential element of culture, rather than one of its incidental features. unfortunately, the concept of “ translating cultures” is not very clear. It does not stand up very well, either to the langue-parole opposition, or to the Saussurian duality of the sign.
- Le retour de Cagliostro : trois avatars de l'aventurier italien dans la littérature russe du début du XXe siècle - Laure Troubetzkoy p. 895-906 L'article se propose d'examiner la place du personnage de Cagliostro dans la littérature russe, en mettant l'accent sur trois oeuvres parues en l'espace de quelques années : la vie merveilleuse de Joseph Balsamo, comte de Cagliostro de mixail Kuzmin (1919), le Comte de Cagliostro d'aleksej tolstoj (1922) et le Comte de Cagliostro d'Ivan Lukaš (1925). Ces trois récits originaux sont analysés et replacés dans un contexte plus large, qui va de la pièce de Catherine II le Trompeur à la littérature de masse actuelle et aux médias modernes.The return of Cagliostro : three new figures of the Italian adventurer in Russian literature of the beginning of the xxth century The aim of this paper is to examine the place of the character of Cagliostro in russian literature, focusing on three works that were published within a few years : The wonderful life of Joseph Balsamo, Count Cagliostro by mikhail Kuzmin (1919), Count Cagliostro by aleksei tolstoy (1922) and Count Cagliostro by Ivan Lukash (1925). these three original stories are analyzed and placed in a broader context starting whith Catherine II's play The Deceiver and ending with contemporary literature and mass media.
- Bibliographie de Jean Breuillard - p. 907-926
- Miljukov, la démocratie et la question de l'antisémitisme - Sabine Breuillard p. 815-822
Comptes rendus : Autour des thèmes de recherche de Jean Breuillard : quatre publications récentes de ses collègues ou disciples
- Thomas Paul-Louis, Osipov Vladimir, Grammaire du bosniaque-croatemonténégrin- serbe, Paris, institut d'études slaves, 2012 - Stéphane Viellard p. 927-928
- Slavica Occitania, n° 34, 2012, La Linguistique russe : une approche syntaxique, sémantique et pragmatique, sous la direction de Vladimir Beliakov, Christine Bracquenier, Université de Toulouse, 2012 - Stéphane Viellard p. 928-930
- Baudin Rodolphe, Alexandre Radichtchev : Le Voyage de Saint-Pétersbourg à Moscou (1790), Presses universitaires de Strasbourg - Stéphane Viellard p. 930-931
- Velmezova Ekaterina (éd.), Langue(s). Langage(s). Histoire(s). Cahiers de l'ILSL, no 31, 2011, centre de linguistique et des sciences du langage, Université de Lausanne - Stéphane Viellard p. 931-932
- Jean Breuillard, Derrière l'Histoire — La Langue. Études de littérature de linguistique et d'histoire (Russie et France, XVIIIe-XXe siècles). Recueil d'articles publié sous la direction de Michel Niqueux. Travaux publiés par l'Institut d'études slaves – 63 - Stéphane Viellard p. 933-935