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Titre Affects électroniques au Japon. Les systèmes de rencontre par machines interposées
Auteur Agnès Giard
Mir@bel Revue Hermès (Cognition, Communication, Politique)
Numéro no 84, 2019/2 Les incommunications
Rubrique / Thématique
II - Incommunications : sciences, techniques et sociétés
Page 104-110
Résumé L'incommunication bénéficie actuellement au Japon d'une certaine faveur : les interfaces électroniques qui substituent à l'expression personnelle un répertoire de mots pré-écrits ou d'émoticônes standardisés permettent, suivant une formule consacrée, d'« éviter tout malentendu ». Pour « réduire la distance entre les humains », certains ingénieurs développent d'ailleurs des prototypes de machines programmées pour s'exprimer à la place de l'humain afin de faciliter ses échanges. Dans le domaine de l'amour, ces dispositifs se déclinent sous des formes diverses : programme sur écran tactile pour trouver l'élu-e, détecteur de coups de foudre, robot de rencontre matrimoniale… Sciemment conçus pour faire « écran », au sens propre du terme, ces outils numériques sont perçus comme d'autant plus utiles qu'ils soulagent l'individu d'une parole libre et contingente. À rebours d'un certain discours « libéral » qui veut que l'individu soit autonome, performant et responsable, les adeptes de la rencontre assistée par ordinateur prônent au contraire les vertus de l'irresponsabilité, de l'artificialité et de l'anonymat, garanties sine qua non, disent-ils, de meilleurs échanges inter-humains. Qu'en penser ?
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais In Japan, incommunication currently benefits from a certain preference : electronic interfaces, in which personal expression has been replaced by a compendium of prewritten words and standardized emoticons, allow the use of established formulas to “prevent misunderstanding.” To “reduce the distance between people” and to facilitate exchange, some engineers have also developed prototypes of machines programmed to substitute for humans in their interaction. In matters of love, these systems take a variety of forms : a touch-screen program for finding a perfect match, a “love-at-first-sight” detector, or a matchmaker robot…. Deliberately designed as a “screen,” in the literal sense of the word, these digital tools are considered to be especially useful because they relieve individuals of the burden of free and contingent speech. In a reversal of the “liberal” idea that individuals are autonomous, competitive, and responsible, the adepts of computer-assisted dating espouse the virtues of irresponsibility, artificiality, and anonymity, contrary positions that they hold to be the ultimate guarantee of the best of all possible human interactions. What should we make of this ?
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=HERM_084_0104