Titre | Éthique et création dans la Chine contemporaine : du cinéma indépendant au cinéma d'auteur | |
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Auteur | Flora Lichaa | |
Revue | Les Cahiers d'Outre-Mer | |
Numéro | no 277, janvier-mars 2018 | |
Page | 191-212 | |
Résumé |
Cet article se propose de réfléchir au rôle d'internet et du numérique dans l'émergence du « cinéma indépendant » (duli dianying) chinois à la fin des années 1990, et son intégration partielle au sein du marché domestique sous le terme « cinéma d'auteur » (zuozhe dianying) dans les années 2010. Nous montrons qu'avant l'avènement du numérique, le cinéma indépendant se fonde sur une éthique visant à éviter toute manipulation à l'égard des personnes filmées et du public. Les caméras digitales permettent aux indépendants de s'engager pleinement dans cette orientation, mais elles leur offrent surtout une autonomie structurelle, grâce à laquelle ils construisent un cadre professionnel alternatif à l'industrie du cinéma et de l'audiovisuel, régi par un ensemble de normes définies et acceptées collectivement. Ils élaborent ainsi une éthique professionnelle qui se démarque de celle, privilégiant la rationalité technique et la rentabilité économique, en vigueur dans l'industrie. Partant, nous soutenons que le tournant opéré par le numérique entraîne une transformation du mode de légitimation du cinéma indépendant : on passe de la revendication d'idées humanistes mises en œuvre à travers l'esthétique, à l'inscription de l'éthique au cœur même de la notion de profession. L'enjeu est toujours le même – favoriser l'écoute et le respect mutuel avec l'autre, mais il acquiert une légitimité renforcée en sortant du cadre idéologique pour s'insérer dans un cadre professionnel. En conclusion, nous interrogeons la possibilité de transférer cette éthique professionnelle dans l'industrie, à l'heure où des films indépendants parviennent à intégrer le marché, soutenus par les sources de financement et les espaces de diffusion fournis par le secteur des TIC. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
This article reflects on the role of the Internet and digital technologies in the emergence of «independent cinema» (duli dianying) in China in the late 1990s, and the partial integration of the genre into the domestic market economy as «auteur film» (zuozhe dianying) in the 2010s. The article shows that before the advent of digital technologies, independent filmmaking was based on an ethic that aimed to avoid any manipulation either of the people filmed or of the audience. Digital cameras were key in helping independent directors avoid any manipulation and, above all, provided them with a structural autonomy, which enabled them to build an alternative to the film and media industry, working in a professional field that was ruled by a collectively defined and accepted set of standards. These directors developed a professional ethic that stood out from that of the rest of the industry, which was otherwise based on technical rationality and economic performance. I thus argue that there has been a shift related to the digital revolution which has transformed the mode of legitimization of independent cinema. This has moved from humanistic ideas developed through aesthetics towards a practice which incorporates ethics within the very concept of profession. The challenge has remained identical – to promote listening and mutual respect with the other, but it has gained increased legitimacy by abandoning the ideological background to fit a professional one. In conclusion, the article questions the possibility of transferring such professional ethic into the industry, at a time when some independent films manage to enter the domestic market, supported by new sources of funding and spaces for dissemination provided by the ICT I. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=COM_277_0191 |