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Titre Le façonnement neuropharmacologique de la culture. Anthropologie comparée des rituels à hallucinogènes sérotoninergiques et anticholinergiques
Auteur Martin Fortier
Mir@bel Revue Cahiers d'anthropologie sociale
Numéro no 17, 2018 Images visionnaires
Page 132-151
Résumé Les expériences hallucinogènes déterminent-elles certains contenus culturels ou est-ce au contraire la culture qui détermine le contenu des expériences hallucinogènes ? Certains auteurs ont défendu la thèse d'un déterminisme neuropharmacologique. D'autres ont soutenu la thèse d'un déterminisme culturel. L'une et l'autre de ces thèses souffrent d'une double faiblesse : elles se fondent sur un nombre fort restreint de cas ethnographiques (absence de comparatisme anthropologique) ; elles se fondent sur l'analyse d'un nombre limité de substances (absence de comparatisme neuropharmacologique). J'argue ici en faveur d'une tierce position : celle d'un déterminisme neuropharmacologique faible et pluriel. Après avoir distingué entre différentes classes d'hallucinogènes, et identifié leurs mécanismes d'action et leurs effets psychologiques respectifs, j'examine la manière dont les rituels se trouvent distinctement façonnés par les déterminismes neuropharmacologiques. Les rituels à datura (hallucinogène anticholinergique) d'Amérique du Nord sont ainsi comparés aux rituels à ayahuasca (hallucinogène sérotoninergique) d'Amazonie, puis aux rituels impliquant doublement un anticholinergique et un sérotoninergique du groupe jivaro de la Montaña. En conclusion, il est démontré que facteurs culturels et neuropharmacologiques, loin d'être forcément compétitifs, s'avèrent souvent être synergiques.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Do hallucinogenic experiences determine cultural contents, or alternatively, does culture determine the contents of hallucinogenic experiences? Some authors have championed the neuropharmacological determinism thesis while others have endorsed the cultural determinism thesis. Both theses have important weaknesses: they are based on the study of a restricted number of ethnographic cases (anthropological comparativism is missing) and they are based on the study of a restricted number of hallucinogenic substances (neuropharmacological comparativism is missing). I will champion a third position: weak and plural neuropharmacological determinism. After having identified different classes of hallucinogens and pinpointed their mechanisms of action and their respective psychological effects, I examine the way rituals are distinctively shaped by neuropharmacological determinisms. Datura-based rituals (i. e., anticholinergic rituals) of North American are thus compared to ayahuasca-based rituals (i. e., serotoninergic rituals) of Amazonia, and subsequently compared to Jivaro rituals of the Montaña involving the use of both anticholinergic and serotoninergic hallucinogens. In conclusion, it is shown that far from being always competitive, cultural and neuropharmacological factors often prove synergetic.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CAS_017_0132