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Titre Visions, présages et visages de cerf dans le rituel des Huichol du Mexique
Auteur Yann Hutin
Mir@bel Revue Cahiers d'anthropologie sociale
Numéro no 17, 2018 Images visionnaires
Page 241-255
Résumé Les Indiens huichol du Mexique sont connus pour leur consommation d'un cactus psychotrope, le peyotl, et pour leur art des tableaux de fil. Le contenu symbolique de ces œuvres est souvent considéré comme l'expression de la vision hallucinatoire qu'aurait eue son auteur. Pourtant, en comparant les sources historiques sur l'usage du peyotl et un tableau de fil contemporain, on s'aperçoit que ces pratiques traduisent deux préoccupations opposées : prophétique et « archaïque ». Les rites collectifs de peyotl intervenaient jadis dans des contextes cynégétiques ou guerriers ; de nos jours, la confection des tableaux de fil est une activité individuelle et commerciale détachée de l'organisation sociale traditionnelle. Ainsi, pour comprendre l'expérience hallucinogène huichol, j'interrogerai plutôt le concept indigène de « vision », ou nierika, à l'aune de certains artefacts désignés par ce nom : l'ancien filet de chasse et sa reproduction miniature (appelés aussi kaunari, « corde »), ainsi que la peau du visage du cerf fixée sur un bâton cérémoniel. L'examen des supports matériels des visions se poursuivra à travers l'exemple d'un récit relatif à la métamorphose du bâton en une « personne ». L'analyse de la séquence d'échange de cet objet, au cours d'une interaction appelée kaunari, devrait renforcer l'idée d'une connexion entre « vision » et « capture », et raviver l'intention originelle liée à l'usage du peyotl, dès lors que le donateur accède à une faculté de clairvoyance.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais The Huichol Indians of Mexico are famous for their consumption of a psychotropic cactus, the peyote, and for their yarn paintings. The symbolic content of these pieces is often considered as an expression of the hallucinatory vision that its author would have had. Yet, by comparing historical evidence of the use of peyote with a contemporary yarn painting, one realizes that these practices reflect two opposite concerns: prophetic and “archaic”. The collective rites of absorption of peyote occurred formerly in hunting or warlike contexts; nowadays, the making of yarn paintings is an individual and commercial activity detached from the traditional social organization. Thus, to understand the Huichol hallucinogenic experience, I will rather question the indigenous concept of “vision”, or nierika, in the light of some artifacts designated by this name : the ancient hunting net and its miniature reproduction (also called kaunari, “cord”), as well as the skin of the deer's face fixed on a ceremonial stick. The examination of the material supports of the visions will continue through the example of a story about the metamorphosis of the stick into a “person”. The analysis of the exchange sequence of this object, during a ritual interaction called kaunari, should reinforce the idea of a connection between “vision” and “capture”, and revive the original purpose of the use of peyote, since the donor has access to a faculty of clairvoyance.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CAS_017_0241