Titre | Révolte et désobéissance dans la France du premier XVIIe siècle. Le marquis de La Case, huguenot saintongeais, face aux guerres de Rohan, en 1625 | |
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Auteur | Adrien Aracil | |
Revue | Revue historique | |
Numéro | no 693, janvier 2020 | |
Rubrique / Thématique | Articles |
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Page | 167-191 | |
Résumé |
Le Verbal du marquis de La Case sur les troubles et mouvements de Montauban en 1625, qui relate les trois mois passés par Jean-Jacques de Pons de La Case à Montauban, au service du duc de Rohan, document manuscrit dont le détail du propos n'a jamais été étudié, fixe la scission qui s'opère dans la pensée politique de la France du premier XVIIe siècle, en particulier au sein du parti huguenot. Il montre que le deuxième soulèvement protestant dans la France des années 1620, mené sous la conduite de Rohan entre 1625 et 1626, joue à plus d'un titre un rôle charnière. Il accélère le passage entre une logique d'alliance encore marquée par le féodalisme, reposant sur le clientélisme et la culture du devoir de révolte, à une logique politicienne, où le discours est au service de la volonté des acteurs politiques et où manipulations et contrefaçons sont de mise. Le document sur lequel porte cet article illustre la dichotomie entre deux conceptions de l'action politique partisane. Il montre aussi les difficultés nouvelles engendrées par ce basculement : en mettant en opposition ses propres motivations, constituant ainsi une forme de rébellion rêvée, juste et conforme aux valeurs de la noblesse, et la rébellion imposée par Rohan, transgressive, brutale et désordonnée, La Case contribue à expliquer les mutations de la politique protestante, pour laquelle l'obéissance au roi devient non plus un témoignage de reconnaissance, mais un fondement de l'existence juridique et politique des huguenots. En mettant en scène et en justifiant sa soumission au roi, il contribue ainsi à montrer la façon dont la politique huguenote va se fondre, voire se dissoudre, dans le discours en germe du pouvoir absolu. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
This paper would like to study a manuscript source which has never been thoroughly analyzed, The Verbal du marquis de La Case sur les troubles et mouvements de Montauban en 1625. It tells the three months during which Jean-Jacques de Pons de La Case acts as a relay of the chief of the parti Huguenot during the 1620s, the duke Henri de Rohan, in Montauban. As many cities of the Huguenot crescent, despite its decisive importance in the protestant military network, Montauban is reluctant to follow Rohan. La Case tells a detailed story of the political practices which led the city to declare itself, and shows a dark version of the engagement of his former patron. He thus emphasizes the scission at work in Early-Seventeenth Century French political thought, especially among the members of the parti huguenot. The second protestant uprising of the 1620s, led by Rohan in 1625-1626, works as a landmark in many ways. Launched without the consent of a general assembly, it announces the divisions of the party, which led it to its downfall at the end of the next uprising, in 1627-1629. It is because of this division that Rohan has to deploy a network of clients in the reformed towns to assure their fidelity, often by using political practices to reach his goals, which doesn't go without heavy critics. It accelerates the transition, which is crucial in the understanding of political history of Early-Seventeenth Century France, between a culture of fidelity based on feudalism and duty of revolt, and a politician logic in which the discourse is used as a way to manipulate and deceive political actors. The document this paper wants to analyze illustrates a dichotomy between two conceptions of partisan political action ; it also focuses on the new difficulties caused by this cultural shift. Indeed, La Case sets an opposition between his own revolt, based on justice and nobiliary values, and broadly fantasized, and the rebellion imposed by Rohan, ruthless, disorganized and subversive. La Case thus crystalizes a transition in French protestant politics, which progressively abandons the culture of military revolt, and no longer considers obedience to the king as a mere consequence of their appreciation, but rather as the foundation of their political and legal existence. By setting and justifying his own submission to the king, La Case shows the way Huguenot politics are now merging, or rather dissolving, in the emerging thought of absolute power. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RHIS_201_0167 |