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Titre Imaginaires du militaire chez les Français
Auteur André Thiéblemont
Mir@bel Revue Inflexions
Numéro no 20, 2012/2 L'armée dans l'espace public
Rubrique / Thématique
Pour nourrir le débat
Page 197-207
Résumé Aujourd'hui, il existe dans l'espace public un imaginaire du militaire radicalement nouveau. Construit depuis plus d'un quart de siècle aux échos de soldats français opérant dans Beyrouth ou Sarajevo et maintenant en Afghanistan, le soldat y est aperçu dans la guerre, mais il ne la fait pas. Victime plutôt que héros, défenseur plutôt que conquérant, il est voué à protéger des populations. C'est, semble-t-il, de cet imaginaire nouveau que l'armée française tire principalement ses ressources de bonnes opinions. En contrepoint de ces représentations vertueuses du soldat, voici qu'avec L'Art français de la guerre Alexis Jenni fait ressurgir cet imaginaire d'un militaire suppliciant le colonisé qui naguère se répandit parmi les élites de notre pays. La figure d'un vieux parachutiste repenti l'incarne, victime lui-même de la « pourriture coloniale », récitant avec bonheur la « camaraderie sanglante », l'art de tuer au couteau, d'incendier ou de torturer l'indigène. Le prix Goncourt couronnant l'œuvre et la critique la célébrant attestent de la persistance dans notre pays de cette vision mortifère du militaire.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais There is now, in society, a radically new idea of military life. The image was constructed over a quarter of a century ago, reflecting the experiences of French soldiers operating in Beirut or Sarajevo, or those now in Afghanistan. Soldiers are seen as in a war situation, but not fighting. They are victims rather than heroes, defenders rather than conquerors, dedicated to protecting local populations. It is, it seems, basically this new image that is responsible for the good opinions of the French armed forces. As a counterpoint to these representations of soldiers as virtuous, Alexis Jenni, in L'Art Français De La Guerre, reminds us of the image that was widespread until recently among France's elites: of soldiers torturing colonised people. This is personified by the picture of an old and penitent paratrooper, himself a victim of the “colonial rottenness”, talking happily about the “bloody camaraderie”, the art of killing with a knife, starting fires and torturing the native population. The Prix Goncourt awarded to the book, together with the review extolling it, attest to the persistence in France of this deadly view of soldiers.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=INFLE_020_0197