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Titre Sans passé partagé, pas de présent commun
Auteur François Naudin
Mir@bel Revue Inflexions
Numéro no 25, 2014/1 Commémorer
Rubrique / Thématique
Dossier
Page 51-60
Résumé Il semble bien difficile de dissocier les « mots de passe du temps » que sont devenus l'histoire, la mémoire et la commémoration, qui fonctionnent aujourd'hui comme supports de toutes sortes de récits, bien souvent fragmentaires et provisoires, largement investis par les acteurs sociopolitiques du champ de l'action publique. Tout semble se passer comme si les maux de la société actuelle n'étaient que les effets pervers et persistants de maux dont l'État français ne s'est jamais guéri. On assiste ainsi trop souvent à l'émergence d'une victimisation revendicatrice assortie d'exigences de réparation, alors que l'heure est plus à l'inventaire rationnel de notre passé récent qu'à l'invective des espoirs déçus. Il est en effet si pénible de reconnaître l'histoire telle qu'elle est et si plaisant de la rêver telle qu'on la souhaite. Et pourtant, à procéder ainsi, nous nous aveuglons sur nous-mêmes. Dans ce cadre, l'historien vient alors donner du contexte, poser des jalons et apporter un peu plus d'intelligibilité sur le monde, ainsi qu'un surcroît de lucidité à ses concitoyens.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais It seems almost impossible to dissociate the “two conditions” now used to describe history, memory and commemoration, which now serve as the support for all kinds of accounts, often fragmentary and provisional, and widely taken up by sociopolitical players in the field of public action. Everything seems to happen as if the ills of contemporary society were no more than the perverse and persisting effects of ills from which the French State has never healed. This has led, all too often, to the emergence of claims of victimisation hand-in-hand with demands for compensation, whereas it would be more appropriate to draw up a rational inventory of our recent past than an invective against our disappointed hopes. It is indeed painful to acknowledge history for what it is and so pleasant to imagine it as one wishes it were. Yet, in continuing on this course, we remain blind to ourselves. In this context, the historian's job is to provide the context, position the milestones and make the world a little more intelligible, as well making his fellow citizens more lucid.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=INFLE_025_0051