Contenu du sommaire : Commémorer
Revue | Inflexions |
---|---|
Numéro | no 25, 2014/1 |
Titre du numéro | Commémorer |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial - Jean-Pierre Rioux p. 7-8
Dossier
- Entre deuil, honneur et tourisme culturel - Catherine Durandin p. 9-24 Les commémorations envahissent le paysage culturel et politique. Il est désormais interdit d'oublier. Mais sous cette apparence de fidélité se cachent des intentions et des enjeux politiques qui nourrissent le débat. En 2014, que retenir de 1914 ? Quelle date poser pour le souvenir de la fin de la guerre d'Algérie ? Afin d'éviter des fractures profondes et dérangeantes pour l'image de l'unité nationale, le politique en appelle aux éducateurs. Voici que fleurit le tourisme pédagogique, tourisme culturel qui évacue les spécificités des temps, le caractère unique de chaque événement… La mémoire est devenue objet de consommation.The cultural and political landscape is overrun with commemorative events. Forgetting is henceforth prohibited. However, beneath this apparent loyalty there lie political issues and intentions that provide food for debate. In 2014, what should we remember about 1914? What date should be set for remembering the end of the Algerian War? In a bid to prevent deep divisions that perturb the image of national unity, the Politician turns to the educator. And thus educational tourism is born, a cultural tourism that eliminates the specific nature of a period in time, the unique character of the individual event… Memory has become a consumer commodity.
- Aux choix de l'histoire et du patrimoine. Que commémore-t-on aux Invalides ? - François Lagrange p. 25-32 L'hôtel des Invalides constitue une puissante matrice de motifs commémoratifs. Cependant, ses thématiques variées sont activées, ou non, selon les césures politiques de l'histoire de France et la perception d'une continuité spécifique de la fonction militaire au service de l'État.The Hôtel des Invalides is a powerful matrix of commemorative motifs. Nonetheless, its various themes are activated, or not, depending on the political breaks in the history of France and the perception of a specific type of continuity in the military at the service of the State.
- Cérémonie et cérémonial - Jean-René Bachelet p. 33-39 Les cérémonies profanes‚ commémoratives et « patriotiques », sont affectées d'un paradoxe : elles n'ont jamais été aussi nombreuses mais ne rassemblent qu'un public restreint. Les efforts ne manquent pourtant pas pour y convier les populations. Pour que ces efforts ne soient pas vains, deux conditions nécessaires, sinon suffisantes, sont à réunir : que la cérémonie soit porteuse de sens – une claire conception de ce sens par les initiateurs est un préalable à toute organisation de cérémonie – et que ce sens soit exprimé de telle sorte que la cérémonie à la fois parle à l'entendement du public et suscite son émotion ; c'est le but du cérémonial.Profane, commemorative and “patriotic” ceremonies are affected by a paradox: there have never been so many of them yet they are attended by few people. Yet every effort is made to draw the crowds. To ensure that such efforts are not in vain, it is essential that two conditions are met, indeed will suffice: that the ceremony has meaning – a clear conception of this meaning by the people initiating the ceremony is a prerequisite in the organisation of any ceremony –, and that this meaning is expressed in such a way that the ceremony both appeals to the public's understanding and arouses its emotions; this is the aim of the ceremonial.
- La dimension utilitaire de la commémoration militaire : l'exemple de Camerone - Thierry Marchand p. 41-46 Commémorer pour la communauté militaire revient moins à célébrer le passé qu'à conforter le présent dans une dimension plus utilitaire que morale. Commémorer pour le soldat, c'est d'abord se sentir ensemble, ici et maintenant, pour donner du sens au présent et de la force morale au collectif. En d'autres termes, il ne s'agit que de se préparer au combat à venir et en premier lieu celui du quotidien.For the military community, commemoration does not so much mean celebrating the past than consolidating the present, with a more practical rather than moral purpose. For the soldier, commemoration is primarily about a sense of being together, here and now, to give meaning to the present and moral strength to the collective. In other words, it is about preparing for the battle to come, especially the daily battle.
- Le vétéran, entre mémoire, souvenir et reconnaissance - Pierre-François Rousseau p. 47-49 Pour les vétérans, les commémorations sont un temps de reconnaissance publique et de fraternité, mais pas d'apaisement. Elles peuvent même être particulièrement douloureuses chez celui pour qui les événements de la guerre sont prégnants comme au premier jour : chaque année, l'horreur lui est rappelée et on attend de lui qu'il témoigne de ce qu'il a vécu, lui qui chaque jour lutte pour oublier. Pour ces vétérans blessés psychiques, un autre temps peut tenir lieu de commémoration : celui de l'expertise médicale. Dans ce moment, c'est à leur singularité que le médecin va s'intéresser.For war veterans, commemoration ceremonies are a moment of public recognition and fraternity, but not of finding peace. They can even be particularly painful for those who recall the events of the war as vividly as the day they occurred: every year, they are reminded of the horror and are expected to give an account of what they lived through, in spite of their daily battle to forget. For such veterans whose wounds are psychological, commemoration could be replaced with an alternative moment, namely, a medical assessment. In such a moment, what the doctor is interested in is their singularity.
- Sans passé partagé, pas de présent commun - François Naudin p. 51-60 Il semble bien difficile de dissocier les « mots de passe du temps » que sont devenus l'histoire, la mémoire et la commémoration, qui fonctionnent aujourd'hui comme supports de toutes sortes de récits, bien souvent fragmentaires et provisoires, largement investis par les acteurs sociopolitiques du champ de l'action publique. Tout semble se passer comme si les maux de la société actuelle n'étaient que les effets pervers et persistants de maux dont l'État français ne s'est jamais guéri. On assiste ainsi trop souvent à l'émergence d'une victimisation revendicatrice assortie d'exigences de réparation, alors que l'heure est plus à l'inventaire rationnel de notre passé récent qu'à l'invective des espoirs déçus. Il est en effet si pénible de reconnaître l'histoire telle qu'elle est et si plaisant de la rêver telle qu'on la souhaite. Et pourtant, à procéder ainsi, nous nous aveuglons sur nous-mêmes. Dans ce cadre, l'historien vient alors donner du contexte, poser des jalons et apporter un peu plus d'intelligibilité sur le monde, ainsi qu'un surcroît de lucidité à ses concitoyens.It seems almost impossible to dissociate the “two conditions” now used to describe history, memory and commemoration, which now serve as the support for all kinds of accounts, often fragmentary and provisional, and widely taken up by sociopolitical players in the field of public action. Everything seems to happen as if the ills of contemporary society were no more than the perverse and persisting effects of ills from which the French State has never healed. This has led, all too often, to the emergence of claims of victimisation hand-in-hand with demands for compensation, whereas it would be more appropriate to draw up a rational inventory of our recent past than an invective against our disappointed hopes. It is indeed painful to acknowledge history for what it is and so pleasant to imagine it as one wishes it were. Yet, in continuing on this course, we remain blind to ourselves. In this context, the historian's job is to provide the context, position the milestones and make the world a little more intelligible, as well making his fellow citizens more lucid.
- Travail et devoir de mémoire chez Paul Ricœur - François Dosse p. 61-70 Face à la situation de confusion croissante et de tension entre le pôle mémoriel et le pôle historique, Paul Ricœur conduit avec son ouvrage paru en 2000 La Mémoire, l'Histoire, l'Oubli, un travail de clarification décisif, montrant qu'il convient non de penser ces deux pôles comme alternatifs mais comme complémentaires, d'autant qu'ils ont une nature différente, l'ambition de la vérité pour l'histoire et celle de la fidélité pour la mémoire. Cet éclairage a d'autant plus d'importance que ses enjeux dépassent le cénacle des philosophes car il contribue à comprendre les enjeux propres aux pathologies mémorielles, que ce soit le trop-plein de mémoire ou le pas assez de mémoire, sans parler des occultations et manipulations du passé. À l'horizon de cette dialectique nécessaire entre mémoire et histoire se trouve la question de l'agir présent, de la construction d'un être-ensemble qui puisse générer un horizon d'attente et d'espérance.In light of the increasing confusion and tension between the dimensions of memory and history, Paul Ricœur, in Memory, History, Forgetting, published in Year 2000, carries out a decisive work of clarification, showing that, rather than think of these two dimensions as alternatives, it is better to think of them as complementary, especially since they are different in nature, with history's ambition being truth, while that of memory is faithfulness. This clarification is all the more important in that the issues involved lie outside philosophical circles, since it helps us to understand the specific issues at stake in memory disorders, either too much remembering or too little, not to mention the processes of blocking out or manipulating the past. This essential dialectic between memory and history leads to the question of present action, of constructing a being-together that might generate a future of expectation and hope.
- Commémorer en Europe - Étienne François p. 71-77 Par contraste avec l'Europe d'avant 1989 qui n'était guère plus qu'un espace mémoriel, l'Europe d'aujourd'hui représente une « communauté mémorielle », conflictuelle et divisée certes, mais dont les enjeux de commémoration sont fondamentalement les mêmes d'un bout à l'autre du continent et transcendent les appartenances nationales. Ainsi, les commémorations de la Première Guerre mondiale seront à coup sûr bien plus européennes et mondiales qu'elles ne l'ont jamais été. Mais si grande que soit la volonté des uns et des autres de faire en sorte qu'elles servent à une meilleure compréhension réciproque et fassent œuvre de réconciliation, elles montreront aussi que si l'Europe d'aujourd'hui est bien une communauté mémorielle, sa mémoire, elle, loin d'être unifiée, est bien plutôt une mémoire partagée et divisée.Unlike pre-1989 Europe, which was little more than a memory space, Europe today is a “memory community”, full of conflict and division, certainly, but where the stakes involved in commemoration are fundamentally the same across the continent and transcend the sense of belonging to a specific nation. Thus, the events commemorating the First World War will certainly be more European and more international than ever before. Yet, however strong the will of all parties to ensure that they serve to improve mutual understanding and work toward reconciliation, they will also demonstrate that although Europe is now a community of memory, its memory, far from unified, is in fact disparate and divided.
- Mémoire des guerres du XXe siècle, questions du XXIe - Jean-Pierre Rioux p. 79-90 Des évolutions qui touchent la mémoire collective, le devoir de mémoire et les guerres elles-mêmes vient notre difficulté à commémorer aujourd'hui les conflits du XXe siècle. Nous appréhendons moins directement leur nature. Peut-être même les ignorerons-nous un jour. Ou substituerons-nous à leur mémoire quelque cosmopolitisme du tourisme de mémoire. Des incertitudes ne peuvent que nous inciter, nous tous, historiens, professeurs, associés, acteurs culturels, élus, non pas au pessimisme mais à l'intelligence des situations, à la juste mesure de ces provocations du présent pour rendre plus persuasive notre détermination, pour persévérer dans la seule voie possible : mieux connaître ces guerres du XXe siècle, faire leur histoire au plus près du vrai, et faire connaître celle-ci aux nouvelles générations.Our difficulty now in commemorating the conflicts of the 20th century can be explained by changes that affect our collective memory, the duty to remember and the wars themselves. The way in which we try to understand them is not as direct. Perhaps one day we will not even know anything about them. Or we will replace the memory of them with a kind of cosmopolitan memory tourism. Such uncertainty should make all of us, historians, professors, associates, culture managers, elected officials, not pessimistic but rather keen to seek out the situational intelligence appropriate to the scale of these current provoking questions and be more convincing in our determination to pursue the only way forward: to gain a better understanding of the wars of the 20th century, to relate their history as faithfully as possible, and transmit this knowledge to future generations.
- Commémorer ou remémorer ? - Haïm Korsia p. 91-97 La conception juive des fêtes du calendrier est celle d'une ellipse, qui donne la possibilité de revivre ce que nos prédécesseurs ont vécu et de réinterpréter leurs échecs ou leurs succès pour aller un peu plus loin qu'eux, un peu plus haut. Il ne s'agit donc pas de commémorer et de se gargariser du passé, mais bien de réinterpréter la trame de l'engagement de nos anciens. De retrouver le souffle de l'esprit et la même liberté de faire ou de ne pas faire. En fait, nous réinvestissons leur histoire pour en faire la nôtre, pour lui donner un sens, aujourd'hui, et pour nous appuyer sur leur expérience pour éviter les obstacles de notre temps.The Jewish calendar of religious holidays is based on an ellipse, providing the possibility of reliving what our ancestors lived through and being able to reinterpret their successes and failures in order to progress a little further than they did, to fly a little higher. So, this is not a question of commemorating and revelling in the past, but of reinterpreting the fabric of their undertakings, of rediscovering the spirit of inspiration and the same freedom to act or not act. In fact, we re-enter their history to make it our own, to give it meaning for ourselves, today, and so that we can lean on their experience to help avoid the obstacles of our time.
- Chanter la mémoire des disparus - France Marie Frémeaux p. 99-113 Témoignant au nom des hommes, les écrivains participent aux commémorations : journalistes, ils rendent compte des cérémonies officielles ; romanciers, ils dédient leurs livres aux disparus ; poètes, ils chantent la mémoire des morts afin que les actions passées, héroïques ou modestes, guerrières ou quotidiennes, ne s'oublient pas. Mais certains contestent la nécessité du souvenir dont la construction, dans la société post moderne, est parfois ambiguë. Et il y a une autre façon de s'opposer à la violence du monde : le silence.Bearing witness on behalf of others, writers also take part in the commemorations: as journalists, they report on official ceremonies; as novelists, they dedicate their books to the dead; as poets, they praise the memory of the dead so that past actions, whether heroic or humble, as part of war or daily life, will not be forgotten. Some do however contest the need for remembrance, the construction of which, in a postmodern society, can be ambiguous. There is a alternative way to oppose the violence of the world: silence.
- Pourquoi s'impliquer dans le centenaire de la Grande Guerre ? - Elrick Irastorza p. 115-122 La Grande Guerre occupe toujours une place à part dans notre mémoire, collectivement et dans quasiment chaque famille. À l'heure de la commémoration de son centenaire, le général Irastorza revient ici sur son engagement au sein de la Mission du centenaire de la Première Guerre mondiale.The Great War still holds a special place in our collective memory and in the memory of practically every family. As we begin commemorating its centenary, General Irastorza talks here about the part he played in the Commission for the Centenary of World War One.
- D'une commémoration l'autre - Jean-Noël Jeanneney, Didier Sicard p. 123-129 Ancien président de la Mission du bicentenaire de la Révolution française, Jean-Noël Jeanneney vient de publier un ouvrage sur la commémoration de la guerre de 14-18 : La Grande Guerre si loin si proche. Réflexions sur un Centenaire. Il revient pour Inflexions sur ce grand écart entre une commémoration civile constitutive de la France et une commémoration militaire et civile internationale. Et se demande si les militaires ont un rapport à la commémoration radicalement différent du rapport civil à celle-ci. Si la mémoire militaire et la mémoire civile peuvent entrer en contradiction.Former head of the Commission for the Bicentennial of the French Revolution, Jean-Noël Jeanneney has just published a work on the commemoration of the 1914-1918 war: La Grande Guerre si loin si proche, réflexions sur un Centenaire. For this issue of Inflexions, he examines the huge differences between a civilian commemoration and its constituent role in France, and an international military and civilian commemoration. He asks whether the military's relation to commemoration is not radically different from that of the civilian, whether military memory and civilian memory can be contradictory.
- Entre deuil, honneur et tourisme culturel - Catherine Durandin p. 9-24
Pour nourrir le débat
- Le prix du livre d'histoire de Verdun 2013 : déjà en bleu horizon - Jean-Pierre Rioux p. 131-140 En délibérant pour décerner le neuvième prix d'histoire « Mondes en guerre, mondes en paix » de Verdun, le jury a constaté une fois de plus le déséquilibre de la production de langue française dans le traitement de la guerre et de paix : la première a la faveur d'environ 80 % des titres, dans une proportion fouettée il est vrai cette année par la perspective commémorative du centenaire de la Grande Guerre et ses anticipations en terme éditorial. Il a donc plongé au cœur de la bataille, sans quitter l'horizon de la Grande Guerre. Car le contexte historiographique conduit à penser que le combattant en bataille, qui blesse et donne la mort autant qu'il est exposé à l'une et de l'autre, pourrait bien être au centre, imprévu, des commémorations à venir.
- Mais où est donc passé le colonel Moutarde ? - Xavier Bagot p. 141-147 L'armée dans l'espace public. Telle était la question posée par la livraison de juin 2012 de la revue Inflexions. Le présent article se propose de revenir sur cette question de la place de la « parole » militaire dans le débat national. Par quels mécanismes les espoirs inhérents aux évolutions statutaires ont-ils été déçus ? Mais aussi dans quelle mesure les militaires eux-mêmes ne s'auto-déclassent-ils pas ? Alors, quelles idées pour les réinstaller de façon pérenne, crédible et surtout audible, au cœur de la mêlée médiatique nationale ?The army in the public space. This is the issue raised in the June 2012 issue of Inflexions. This article proposes to re-examine this issue of the place of the military's “voice” in the national debate. What mechanisms have come into play in deceiving the hopes inherent in statutory changes? Also, to what extent do soldiers themselves contribute to their own relegation? What ideas can we come up with to reinstate them sustainably, credibly and above all audibly, at the centre of the national media melee?
- La France et les sociétés militaires privées : enjeux et état du débat - Elliott Even p. 149-157 La fin de la guerre froide en 1990 puis les attentats du 11 septembre 2001 marquent le début d'un nouvel « âge d'or » du mercenariat. Sans avoir jamais entièrement disparu, la profession a en effet porté, jusqu'à l'arrestation de Bob Denard en 1995, l'héritage encombrant des « affreux » de la décolonisation. Mais le mercenaire n'est plus. Le contractor a pris sa place. Ce combattant privé est un professionnel trié sur le volet par des entreprises ayant pignon sur rue et dont certaines sont cotées en Bourse. De la logistique à la protection armée en passant par le renseignement, nos alliés anglo-saxons ont définitivement institutionnalisé l'emploi des sociétés militaires privées (smp) à l'occasion des conflits afghano-irakiens. Pour le meilleur et pour le pire. En France, où l'on préfère parler d'entreprise de service de sécurité et de défense (essd), le débat est loin d'être clos et les réticences persistent. Mais des changements semblent se profiler à l'horizon. État des lieux.The end of the Cold War in 1990 and then the terrorist attacks of 11 September 2001 mark the start of a new “golden age” for mercenaries. While it never totally disappeared, up until the arrest of Bob Denard in 1995, the profession bore the burdensome legacy of being the “Affreux” (the dreaded ones) of decolonisation. But now there is no such thing as a mercenary. He has been replaced by the contractor. This private soldier is now a professional, hand-picked by well-established companies, some of which are listed in the stock exchange. From logistics to armed protection and intelligence, our English-speaking allies have definitively institutionalised the use of private military companies (pmc) during the wars in Afghanistan and Iraq. For better or worse. In France, where the preferred term is entreprise de service de sécurité et de défense, roughly translated defence and security services company, the debate is far from closed and people are still reluctant to accept the idea. But it looks as though a change is in sight. An overview of the situation.
- L'armée de 1789 à 1798 : de la régénération à la réforme, de la révolution à la recréation - Annie Crépin p. 159-168 En 1789, les Français souhaitent que l'armée royale soit transformée selon les principes des Lumières, mais refusent l'éventualité du service militaire du citoyen. La Constituante repousse donc la conscription en décembre 1789. Dans un contexte de chute importante des effectifs puis de guerre avec les monarchies européennes, les assemblées trouvent dans les volontaires issus de la Garde nationale une force d'appoint qu'elles n'envisagent cependant pas de substituer à l'armée de métier. Mais le destin de la Révolution se joue au cours du tragique été 1793 et, le 23 août, la Convention décrète la levée en masse, première forme de service obligatoire. C'est une mesure d'exception qui ne prévoit aucun mécanisme de renouvellement des classes et, comme la guerre dure, les armées du Directoire connaissent à leur tour une chute des effectifs. C'est pourquoi, en 1798, la loi Jourdan institutionnalise les expérimentations de la Révolution et proclame l'universalité de la conscription, mais pas encore celle du service personnel du citoyen.In 1789, the French wanted the Royal army to change in line with Enlightenment principles, but they refused any possibility of introducing military service for the French citizen. The Constituent Assembly thus rejected conscription in December 1789. In the context of a dramatic drop in the number of soldiers and then the war with European monarchies, the Assemblies considered the volunteers from the National Guard to be a support force which nonetheless they did not plan to use instead of the professional army. However, the fate of the Revolution was sealed in the tragic summer of 1793 and, on 23 August, a general mobilisation was decreed by the Convention, the first ever form of compulsory military service. This was an exceptional measure which did not provide any mechanism for renewing the classes of conscripts and, as the war continued, the armies under the Directoire were also affected by a drop in numbers. It was for this reason that, in 1798, the Jourdan Act institutionalised the experiments carried out during Revolution and proclaimed universal conscription, although not yet military service by the individual citizen.
- Le prix du livre d'histoire de Verdun 2013 : déjà en bleu horizon - Jean-Pierre Rioux p. 131-140
Translation in English
- The utilitarian aspect of military remembrance: the example of Camerone - Thierry Marchand p. 169-176 Commémorer pour la communauté militaire revient moins à célébrer le passé qu'à conforter le présent dans une dimension plus utilitaire que morale. Commémorer pour le soldat, c'est d'abord se sentir ensemble, ici et maintenant, pour donner du sens au présent et de la force morale au collectif. En d'autres termes, il ne s'agit que de se préparer au combat à venir et en premier lieu celui du quotidien.For the military community, commemoration does not so much mean celebrating the past than consolidating the present, with a more practical rather than moral purpose. For the soldier, commemoration is primarily about a sense of being together, here and now, to give meaning to the present and moral strength to the collective. In other words, it is about preparing for the battle to come, especially the daily battle.
- Commemoration in Europe - Étienne François p. 177-183 Par contraste avec l'Europe d'avant 1989 qui n'était guère plus qu'un espace mémoriel, l'Europe d'aujourd'hui représente une « communauté mémorielle », conflictuelle et divisée certes, mais dont les enjeux de commémoration sont fondamentalement les mêmes d'un bout à l'autre du continent et transcendent les appartenances nationales. Ainsi, les commémorations de la Première Guerre mondiale seront à coup sûr bien plus européennes et mondiales qu'elles ne l'ont jamais été. Mais si grande que soit la volonté des uns et des autres de faire en sorte qu'elles servent à une meilleure compréhension réciproque et fassent œuvre de réconciliation, elles montreront aussi que si l'Europe d'aujourd'hui est bien une communauté mémorielle, sa mémoire, elle, loin d'être unifiée, est bien plutôt une mémoire partagée et divisée.Unlike pre-1989 Europe, which was little more than a memory space, Europe today is a “memory community”, full of conflict and division, certainly, but where the stakes involved in commemoration are fundamentally the same across the continent and transcend the sense of belonging to a specific nation. Thus, the events commemorating the First World War will certainly be more European and more international than ever before. Yet, however strong the will of all parties to ensure that they serve to improve mutual understanding and work toward reconciliation, they will also demonstrate that although Europe is now a community of memory, its memory, far from unified, is in fact disparate and divided.
- The utilitarian aspect of military remembrance: the example of Camerone - Thierry Marchand p. 169-176
Comptes rendus de lecture
- Comptes rendus de lecture - p. 185-191