Titre | De racketteur à fonctionnaire : Capital social, mobilisations et reconversions post-conflit dans les régies financières de Côte d'Ivoire | |
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Auteur | Camille Popineau | |
Revue | Gouvernement & action publique | |
Numéro | volume 8, no 4, octobre-décembre 2019 | |
Page | 119-143 | |
Résumé |
Cet article analyse le profil et les trajectoires des acteurs intégrant les régies financières de Côte d'Ivoire à la suite des accords de paix mettant fin au conflit armé (2002-2011), en réinterrogeant le débat sur les continuités et les ruptures introduites par la guerre sur l'État. Je montre que les personnes qui intègrent l'État sont d'anciens syndicalistes étudiants ayant fait leurs armes à la fois dans les luttes estudiantines violentes des années 1990, puis dans la rébellion des Forces nouvelles. Si le capital social tiré de ces deux périodes leur ouvre les portes de l'État, la capacité à reconvertir ensuite ce capital en capital symbolique légitimant la mobilisation politique sur le plan local et national n'est pas également partagée. La reconversion est fonction d'un certain volume de capital social accumulé pendant la période de la rébellion, volume qui est lui-même fonction de l'appartenance à certaines générations d'étudiants avant le conflit. Le syndicalisme étudiant apparaît comme une nouvelle filière d'accès au champ politico-administratif ivoirien dans la période post-conflit, mais l'entrée en politique et l'ascension sociale qui en découle ne concernent qu'une partie d'entre eux, à savoir les plus dotés, reproduisant ainsi des hiérarchies sociales déjà en place au sein des syndicats étudiants puis de la rébellion. L'article met ainsi l'accent sur les trajectoires longues des acteurs pour comprendre finement dans quelle mesure les processus d'intégration des rebelles à l'État impactent ce dernier et le modifient, en termes de composition des agents étatiques, de profils des fonctionnaires et de hiérarchies sociales. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
This article analyses the profiles and the trajectories of actors who integrated into the financial authorities after the Peace Agreements that put an end to the war in Côte d'Ivoire (2002-2011). It explores the vivid debate about continuities and ruptures that characterize the State in the aftermath of war. In this perspective, this article demonstrates that people who integrated into the State apparatus after the war were actually former student unionists who first began their careers during the violent students' struggles in the 1990s before joining the rebellion of the Forces Nouvelles in the 2000s. All these actors gained significant social capital during these periods, which paved the way for their integration into the State administration. Yet, all do not have the same capacity to convert this social capital into symbolic capital in order to durably legitimize their political mobilization at the local and national levels. This process of reconversion indeed depends on the volume of accumulated social capital during the rebellion, which itself depends on their belonging to specific student generations before the conflict. In this context, students' unions' involvement undoubtedly appears to be a new way to access the politico-administrative field during the post-conflict period, but only the best endowed managed to enter politics and experience social mobility. Such a finding illustrates that pre-war social hierarchies, which already existed within student unions then during the rebellion, are reproduced after the conflict. This article thus highlights the importance of analyzing actors' trajectories from a long-term perspective to understand to what extent the integration of former rebels into the administration impacts and transforms State public services, not only in terms of its composition and agent's profiles but also in terms of social hierarchies. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=GAP_194_0119 |