Contenu de l'article

Titre Vremennoe pravitel´stvo i liberal´naia obshchestvennost´ kak aktory publichnogo prostranstva vesny 1917 g.
Auteur Kirill A. Solov´ev, Anastasija S. Tumanova
Mir@bel Revue Cahiers du monde russe
Numéro volume 60, no 4, octobre-décembre 2019
Rubrique / Thématique
Articles
Page 683-706
Résumé La perception des événements de l'année révolutionnaire 1917 a généré de nombreuses idées reçues qui se sont solidement implantées dans l'historiographie. Les principales sont : (a) De février à octobre 1917, la Russie avança inexorablement vers la révolution ; en d'autres termes, il n'y avait aucune alternative au coup d'État bolchevik ; (b) La révolution de 1917 marque exclusivement la victoire des forces destructrices et une augmentation constante de l'entropie. Le présent article propose une révision de ces idées reçues en écartant la linéarité des processus historiques, tout au moins en ce qui concerne cette année décisive pour la Russie. En mars 1917, on atteignit dans la sphère publique (et chez certains ministres du gouvernement provisoire) un consensus sur la nécessité de réformer l'espace public et, par‑là même, de repenser l'État et ses compétences. Le processus politique de la « nouvelle Russie » devait se définir par différentes formes de participation en autogestion de la société. Ce pari de l'autogestion de la société était logiquement motivé par l'activité des zemstva et des associations bénévoles d'assistance au front et à l'arrière pendant la Première Guerre mondiale. En somme, les événements de mars 1917 découlaient directement de la mobilisation publique qui existait depuis l'été 1914. La nouvelle forme d'espace public ne semblait pas complètement vouée à l'échec. En attestent notamment l'activité croissante des organisations bénévoles, l'ampleur des projets du gouvernement provisoire, projets qui pouvaient changer la donne malgré le contexte d'opposition tactique. La crise d'avril se révéla être une épreuve pour le projet présenté par la première formation du gouvernement provisoire. La formation de la première coalition en mai 1917 altéra non seulement la politique gouvernementale, mais aussi la nature même du processus politique. À partir de l'été 1917, la vie publique déclina, perdit de son intensité et ne put s'opposer à la résolution par la force de la crise croissante. Vu sous cet angle, mai 1917 apparaît comme un moment charnière : le dialogue élargi qui était encore possible avant ce moment céda le pas à la seule issue possible, la recherche d'un dictateur.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CMR_604_0683