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Revue | Cahiers du monde russe |
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Numéro | volume 60, no 4, octobre-décembre 2019 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Revue en lutte - p. 653-656
Articles
- Instituty sudebnoi sistemy rossiiskoi imperii v Kazakhstane v usloviiakh frontirnoi modernizatsii v kontse XVIII V.: formirovanie, stanovlenie i razvitie - Vitalii A. Voropanov p. 657-682 L'organisation de la justice dans les entités politiques vassales de l'Empire russe a occupé un rôle clé dans la politique de l'État. La justice étant vue au plus haut de l'État comme un moyen de renforcer l'influence de la Russie dans ses confins, son organisation devait être traitée de façon prioritaire par les corps d'État locaux. C'est ainsi que, dans des contextes ethniques, s'est développée une forme d'expérience en matière de création des organes judiciaires sur une base socio-situationnelle et que des mécanismes spécifiques de mise en œuvre de la justice ont été élaborés. Le principe de la représentation en justice permettait de prendre en compte la stratification sociale interne des peuples et d'inviter les différents groupes religieux et ethniques des populations locales à collaborer. Le monarque évaluait l'expérience acquise dans la régulation des relations publiques et transférait les meilleures pratiques dans les autres oblasts de l'Empire.The organization of justice in vassal political entities occupied a key place in the Russian Empire's state policy and was considered a priority function of local state bodies contributing to the strengthening of Russia's influence. In ethnic environments, judiciary institutions came to be created on a socio‑situational basis, with specific mechanisms for the implementation of justice being developed. The principle of legal representation allowed to take local internal social stratifications into account and have different ethnic and religious groups in local populations collaborate. The monarch evaluated the experience gained in regulating social relations and transferred the best practices to other areas of the Russian Empire.
- Vremennoe pravitel´stvo i liberal´naia obshchestvennost´ kak aktory publichnogo prostranstva vesny 1917 g. - Kirill A. Solov´ev, Anastasija S. Tumanova p. 683-706 La perception des événements de l'année révolutionnaire 1917 a généré de nombreuses idées reçues qui se sont solidement implantées dans l'historiographie. Les principales sont : (a) De février à octobre 1917, la Russie avança inexorablement vers la révolution ; en d'autres termes, il n'y avait aucune alternative au coup d'État bolchevik ; (b) La révolution de 1917 marque exclusivement la victoire des forces destructrices et une augmentation constante de l'entropie. Le présent article propose une révision de ces idées reçues en écartant la linéarité des processus historiques, tout au moins en ce qui concerne cette année décisive pour la Russie. En mars 1917, on atteignit dans la sphère publique (et chez certains ministres du gouvernement provisoire) un consensus sur la nécessité de réformer l'espace public et, par‑là même, de repenser l'État et ses compétences. Le processus politique de la « nouvelle Russie » devait se définir par différentes formes de participation en autogestion de la société. Ce pari de l'autogestion de la société était logiquement motivé par l'activité des zemstva et des associations bénévoles d'assistance au front et à l'arrière pendant la Première Guerre mondiale. En somme, les événements de mars 1917 découlaient directement de la mobilisation publique qui existait depuis l'été 1914. La nouvelle forme d'espace public ne semblait pas complètement vouée à l'échec. En attestent notamment l'activité croissante des organisations bénévoles, l'ampleur des projets du gouvernement provisoire, projets qui pouvaient changer la donne malgré le contexte d'opposition tactique. La crise d'avril se révéla être une épreuve pour le projet présenté par la première formation du gouvernement provisoire. La formation de la première coalition en mai 1917 altéra non seulement la politique gouvernementale, mais aussi la nature même du processus politique. À partir de l'été 1917, la vie publique déclina, perdit de son intensité et ne put s'opposer à la résolution par la force de la crise croissante. Vu sous cet angle, mai 1917 apparaît comme un moment charnière : le dialogue élargi qui était encore possible avant ce moment céda le pas à la seule issue possible, la recherche d'un dictateur.
- Les deux solitudes de l'intelligentsia exilée : La Seconde Guerre mondiale et la fin de l'émigration russe en France - Leonid Livak p. 707-736 La désintégration de la diaspora antisoviétique en tant que communauté culturelle, dont l'épicentre se trouvait en France dans l'entre‑deux‑guerres, n'a fait l'objet d'aucune étude systématique. À force d'esquiver ce sujet, nous perdons de vue la nature complexe de la Russie en exil, comme en atteste sa fréquente réduction à un milieu ethniquement russe et culturellement chrétien orthodoxe. Le présent article suggère que la perte de la diversité ethno‑confessionnelle dans la communauté russophone en France – le noyau intellectuel de la Russie en exil – fut parmi les raisons de son déclin précipité dans les années 1940. Cette érosion de la diversité de la diaspora russophone concerne avant tout sa composante juive, qui était très active dans la vie culturelle russe en France du fait même de la forte présence de juifs dans l'intelligentsia émigrée. L'article s'attache à montrer que les expériences de la Seconde Guerre mondiale, divergentes pour la vaste majorité des émigrés non‑juifs de celles de leurs compatriotes juifs, produisirent des fractures fatales à la cohésion communautaire de la Russie en exil. Cette impossibilité d'harmoniser ces expériences dans un récit rétrospectif unique expliquerait en partie la réticence des mémorialistes émigrés et des premiers historiens de l'émigration antisoviétique à traiter des années 1940.The disintegration of anti‑Soviet emigration as a cultural community, whose epicenter was located in interwar France, is a poorly studied area. This historiographic lacuna distorts our view of Russia Abroad whose complex make‑up is thus frequently reduced to an ethnically and religiously homogeneous milieu of Orthodox Russians. The present article argues that the loss of ethno‑religious diversity in France's Russian‑speaking community – the intellectual core of Russia Abroad – was among the reasons for its precipitous decline in the 1940s. This erosion of diversity concerns first and foremost the Russian diaspora's Jewish component, which was very active in Russian cultural life in France thanks to strong Jewish presence among the émigré intelligentsia. I will show that significant differences in the ways the war was experienced by most non‑Jewish émigrés and by their Jewish compatriots contributed to the irreversible fracturing of Russia Abroad as a cultural community. The near‑impossibility to reconcile these experiences and their retrospective interpretation is, to my mind, among the main reasons for the quasi‑silence on the subject of the Russian emigration's final years in scholarly and memoir literature.
- Political Censorship in the Soviet West : A comparison of the Lithuanian and Latvian cases - Arunas Streikus p. 737-762 Cette étude est basée sur une comparaison des efforts déployés par l'Union soviétique en matière de censure politique en Lituanie et en Lettonie entre 1944 et 1989. Elle cherche à répondre aux questions suivantes : la censure politique soviétique était‑elle appliquée uniformément ou bien existait‑il des variantes régionales ? Les campagnes de censure politique soviétique furent‑elles développées de la même façon dans tous les territoires occidentaux nouvellement occupés ? L'article se fonde sur des sources primaires. Dans un premier temps, il propose de comparer les changements de personnel occupant des fonctions quotidiennes de censure dans les antennes locales de Glavlit, les critères de recrutement et de licenciement des responsables de bureaux, et les relations de ces responsables avec la structure centrale de Glavlit et les responsables locaux du parti communiste. Dans un deuxième temps, l'article explore les dynamiques de la censure politique appliquée dans les républiques soviétiques de Lituanie et de Lettonie, comparant les relations entretenues avec l'URSS. Enfin, il compare les interventions des républiques en matière de censure politique et cherche à comprendre si la politique de censure en place dans les républiques baltes se différenciait de celle appliquée dans le reste de l'empire.This study is based on a comparison of Soviet political censorship efforts in Lithuania and Latvia between 1944 and 1989. It seeks to answer the following questions: Was Soviet political censorship uniformly implemented or were there regional variations? Did the Soviet political censorship campaign develop similarly in all newly occupied western territories? The article is largely based on primary sources and consists of three comparative sections. First, it compares the changes in personnel of local Glavlit offices performing daily censorship activities, the criteria for the appointment and dismissal of office leaders, the latter's relationship with the central Glavlit structure and with local Communist Party governments. Second, the article explores the dynamics of political censorship implemented in Soviet Lithuania and Latvia by comparing the republics in their relationship to the USSR. In the final section, it compares the republics' political censorship interventions and seeks to answer the question whether Soviet censorship in the Baltic republics was in any way different from policies pursued throughout the rest of the empire.
- XXII letnie olimpiiskie igry : « Magkaia sila » versus « narodnaia diplomatiia » - Igor´ B. Orlov p. 763-790 Dans cet article l'auteur étudie les Jeux olympiques de 1980 par le prisme des succès et des échecs de la politique sportive et culturelle de l'URSS. Sur la base de documents d'archives totalement inédits et des études les plus récentes, l'auteur montre que les JO 1980, mégaprojet du socialisme développé, ont su transmettre à l'auditoire étranger les objectifs de base de la propagande. Le boycott des JO 1980 n'a pas véritablement affecté le développement du tourisme international en URSS et, à partir de 1982, un processus de rétablissement des contacts sportifs internationaux s'est mis en place. Mais les JO de Moscou ne pouvaient constituer en eux‑mêmes un projet commun pour l'ensemble du camp socialiste. La situation était beaucoup plus difficile en ce qui concernait la mise sur le marché international des marchandises soviétiques, l'attractivité du marché soviétique pour les investisseurs étrangers et l'acquisition de nouveaux alliés politiques. L'étude des JO de Moscou en tant que mégaprojet dont la réalisation s'est étalée sur un cycle olympique permet de mettre au jour les singularités de la diplomatie (nationale) culturelle soviétique et de montrer en quoi celle‑ci se distinguait de celle des pays occidentaux.This article studies the 1980 Olympic Games from the viewpoint of the Soviet sport and cultural policy. Using unpublished archival documents and the latest studies on the topic, the author demonstrates that the 1980 Summer Olympics, a megaproject of developed socialism, succeeded in conveying its basic propagandistic objectives to a foreign audience. Despite the boycott, whose consequences hardly affected the development of international tourism in the Soviet Union, international sports contacts started to be restored in 1982. However, the Moscow Olympics could not be a common project for the countries of the socialist camp. The situation was worse as concerns the promotion abroad of Soviet goods, the attraction of international investors and the acquisition of new political allies. Showing the 1980 Olympics as a megaproject whose implementation lasted over the course of an Olympic cycle allows the author to reveal the characteristics that distinguished Soviet cultural (national) diplomacy from that of Western countries.
- Instituty sudebnoi sistemy rossiiskoi imperii v Kazakhstane v usloviiakh frontirnoi modernizatsii v kontse XVIII V.: formirovanie, stanovlenie i razvitie - Vitalii A. Voropanov p. 657-682
In memoriam
- In Memoriam Dmitrii Olegovich Serov (1963‑2019) - Aleksandr Lavrov p. 791-796
Comptes rendus
- M.V. Korogodina, Kormčie knigi XIV – pervoj poloviny XVII veka. T.1. Issledovanie. T.2. Opisanie redakcij [Les livres du Pilote, xive – première moitié du xviie siècle. T. 1 Études. T. 2 Description des versions] : Sankt‑Peterburg : Al´jans‑Arheo, 2017, 600 + 648 p. - Aleksandr Lavrov p. 807-810
- V.S. RJEOUTSKY, I.I. FEDJUKIN, W. BERELOWITCH, éds., Ideal vospitanija dvorjanstva v Evrope XVII - XIX veka : Мoscou : Novoe literaturnoe obozrenie (Serija Studia Europaea), 2018, 496 p. - Татьяна И. Пашкова p. 811-815
- I. FEDJUKIN, sost. i nauč. red. Francuzskij avantjurist pri dvore Petra I. Pis´ma i bumagi barona de Sent-Ilepa [Un aventurier français à la cour de Pierre I : Lettres et documents du baron de Saint‑Hilaire] : Мoscou : Izdat. dom VŠĖ (Novye istočniki po istorii Rossii = Rossica Inedita !, 2018, 349 p. - Dmitri Gouzévitch p. 815-818
- Kirill Ospovat, Terror and Pity. Aleksandr Sumarokov and the Theater of Power in Elizabethan Russia : Boston : Academic Studies Press, (« Imperial Encounters in Russian History »), 2016, 316 p. - Rodolphe Baudin p. 819-822
- Nicholas B. BREYFOGLE, ed., Eurasian Environments. Nature and Ecology in Imperial Russian and Soviet History : Pittsburgh : University of Pittsburg Press, 2018, 424 p. - Marin Coudreau p. 823-830
- Ilya GERASIMOV, Plebeian Modernity. Social practices, Illegality, and the Urban Poor in Russia, 1906‑1916 : Rochester : University of Rochester Press, 2018, ix + 275 p. - Dorena Caroli p. 830-833
- James D. White, Marx and Russia, The Fate of a Doctrine : Londres : Bloomsbury Academic, 2019, 240 p. - Dominique Colas p. 834-836
- The Russian Avant‑garde Children's Book and the Ecology of Art Historical Enquiry : Sara PANKENIER WELD, An Ecology of the Russian Avant‑Garde Picturebook, Amsterdam – Philadelphia : John Benjamins Publishing Company, 2018, 236 p. - Evgeny Steiner p. 837-852
- Marie Moutier‑Bitan, Les champs de la Shoah. L'extermination des Juifs en Union Soviétique occupée, 1941‑1944 : Paris : Éditions Passés/Composés, 477 p., index des lieux - Boris Czerny p. 853-855
- Arkadi Zeltser, Unwelcome Memory. Holocaust Monuments in the Soviet Union : Jerusalem : Yad Vashem Publications, 2018, 386 p. - Catherine Gousseff p. 855-858
- Malte ROLF, Soviet Mass Festivals, 1917‑1991 : Pittsburgh : Pittsburgh University Press, 2013, 324 p. - Sylvain Dufraisse p. 858-861
- Manfred Zeller, Sport and Society in the Soviet Union. The Politics of Football after Stalin : Londres – New‑York : J.B. Tauris, 2018, 300 p. - Sylvain Dufraisse p. 861-864
- Rebecca Reich, State of Madness. Psychiatry, Literature, and Dissent After Stalin : DeKalb : Northern Illinois University Press, 2018, 283 p. - Grégory Dufaud p. 865-867
- Tom Cubbin, Soviet Critical Design. Senezh Studio and the Communist Surround : Londres – Oxford Bloomsbury (Visual Arts), 2018, 226 p. - Natalia Prikhodko p. 867-871
- Randall A. Poole, Paul W. Werth, eds., Religious Freedom in Modern Russia : Pittsburgh : University of Pittsburgh Press, 2018, 312 p. - Emily B. Baran p. 871-874
- Les icônes d'un autre point de vue : À la mémoire de Natal´ja Šeredega (1950‑2020) - Olga Medvedkova p. 874-880
- Olga Medvedkova, Lev Bakst, portret hudožnika v obraze evreja. Opyt intellektual´noj biografii [Léon Bakst, portrait de l'artiste en tant que Juif : essai de biographie intellectuelle] - Igor Sokologorsky p. 880-882
- Eugénie von Niepperg, André Beloborodoff, architecte, peintre, scénographe - Olga Medvedkova p. 883-885
- Michel Aucouturier, Essais sur Boris Pasternak. Édité par Catherine Depretto - Caroline Bérenger p. 885-887
- Livres reçus - p. 889-890