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Titre Les deux solitudes de l'intelligentsia exilée : La Seconde Guerre mondiale et la fin de l'émigration russe en France
Auteur Leonid Livak
Mir@bel Revue Cahiers du monde russe
Numéro volume 60, no 4, octobre-décembre 2019
Rubrique / Thématique
Articles
Page 707-736
Résumé La désintégration de la diaspora antisoviétique en tant que communauté culturelle, dont l'épicentre se trouvait en France dans l'entre‑deux‑guerres, n'a fait l'objet d'aucune étude systématique. À force d'esquiver ce sujet, nous perdons de vue la nature complexe de la Russie en exil, comme en atteste sa fréquente réduction à un milieu ethniquement russe et culturellement chrétien orthodoxe. Le présent article suggère que la perte de la diversité ethno‑confessionnelle dans la communauté russophone en France – le noyau intellectuel de la Russie en exil – fut parmi les raisons de son déclin précipité dans les années 1940. Cette érosion de la diversité de la diaspora russophone concerne avant tout sa composante juive, qui était très active dans la vie culturelle russe en France du fait même de la forte présence de juifs dans l'intelligentsia émigrée. L'article s'attache à montrer que les expériences de la Seconde Guerre mondiale, divergentes pour la vaste majorité des émigrés non‑juifs de celles de leurs compatriotes juifs, produisirent des fractures fatales à la cohésion communautaire de la Russie en exil. Cette impossibilité d'harmoniser ces expériences dans un récit rétrospectif unique expliquerait en partie la réticence des mémorialistes émigrés et des premiers historiens de l'émigration antisoviétique à traiter des années 1940.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais ‪The disintegration of anti‑Soviet emigration as a cultural community, whose epicenter was located in interwar France, is a poorly studied area. This historiographic lacuna distorts our view of Russia Abroad whose complex make‑up is thus frequently reduced to an ethnically and religiously homogeneous milieu of Orthodox Russians. The present article argues that the loss of ethno‑religious diversity in France's Russian‑speaking community – the intellectual core of Russia Abroad – was among the reasons for its precipitous decline in the 1940s. This erosion of diversity concerns first and foremost the Russian diaspora's Jewish component, which was very active in Russian cultural life in France thanks to strong Jewish presence among the émigré intelligentsia. I will show that significant differences in the ways the war was experienced by most non‑Jewish émigrés and by their Jewish compatriots contributed to the irreversible fracturing of Russia Abroad as a cultural community. The near‑impossibility to reconcile these experiences and their retrospective interpretation is, to my mind, among the main reasons for the quasi‑silence on the subject of the Russian emigration's final years in scholarly and memoir literature.‪
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CMR_604_0707