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Titre « Rituel du chaos ». Stabiliser un espace-temps politique dans une ville en perpétuel mouvement
Auteur Julie-Anne Boudreau
Mir@bel Revue L'Espace Politique
Numéro no 38, 2019/2 Rapports à l'espace et formes d'engagement : ancrage, attachement, territorialisation + Varia
Rubrique / Thématique
Rapports à l'espace et formes d'engagement : ancrage, attachement, territorialisation
Résumé Ancrée dans une ethnographie d'un marché de rue contreculturel à Mexico (Tianguis cultural del Chopo), cet article explore les formes d'engagement politique réticulaires qui se sont sédimentées depuis que le marché a commencé à occuper la rue il y a une quarantaine d'années. Comment saisir les effets des pratiques culturelles sur les rapports à l'espace, le temps long des constructions territoriales et la construction d'une subjectivité politique ? Comment cet espace-temps contreculturel est-il apparu dans la ville et que signifie-t-il pour notre compréhension du politique dans une ville ou la culture populaire joue un rôle politique important ? Ce sont les questions qui guident ce texte. Le travail s'appuie sur une démarche ethnographique (observations participantes, entretiens sous forme de récit de vie, démarche participative d'histoire orale).Nous expliquons d'abord pourquoi nous avons choisi la focale de la culture populaire pour comprendre le politique. Dans un second temps, à travers une description historico-ethnographique du Chopo depuis 1982, nous analysons la relation entre les mutations des modes d'habiter entre 1982 et 2019 et transformations des modalités d'engagement. En guise de conclusion, nous proposons quelques réflexions de nature plus théoriques sur l'engagement politique et le rapport à l'espace, au temps et aux rationalités dans un monde urbain. En effet, le Chopo rassemble par l'occupation temporaire de l'espace urbain des individus branchés à un flux d'information. La coprésence hebdomadaire dans la rue est fondamentale à ce réseau, surtout pour ses aspects expérientiels et affectifs. C'est justement ce qui génère subjectivité politique. Si les effets de ce type d'engagement politique sont difficiles à mesurer dans le sens où aucune revendication claire ne sont formulées au gouvernement, c'est avec une sensibilité plus ethnographique que nous pouvons palper les transformations dans les modes d'habiter engendrées par ces pratiques culturelles transgressives. Si nous mesurons le politique par la distribution institutionnelle du pouvoir et des ressources, le Chopo ne pourrait être qualifié de politique. Si par contre notre mesure du politique se centre sur les transformations des subjectivités et des modes d'habiter, le Chopo a des effets palpables, surtout en termes d'empowerment et de capacité à exprimer la différence.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais Based on an ethnography of a countercultural street market (Tianguis cultural del Chopo), this paper explores how networked and reticular forms of political engagement sedimented since the market began to occupy the street some forty years ago. How to understand the effects of cultural practices on the relationship to space, the longue durée of territorial constructions and the construction of political subjectivity? How did this countercultural space-time appear in Mexico City and what does it mean for our understanding of the political in a city where popular culture plays an important political role? These are the questions that guide this paper. Data was collected through an ethnographic approach (participant observations, life story interviews, participatory oral history).We first explain why we have chosen to focus on popular culture in order to study politics. Secondly, through a historical and ethnographic description of the Chopo since 1982, we analyse the relationship between lifestyle changes between 1982 and 2019 and the transformation of modalities of engagement. In conclusion, we propose some theoretical reflections on political action and the relationship to space, time and rationalities in an urban world. Indeed, the Chopo brings together individuals connected to a flow of information, through the temporary occupation of urban space. Weekly co-presence in the street is fundamental to this network, especially for its experiential and affective aspects. This is precisely what generates political subjectivity. While the effects of this type of political engagement are difficult to measure in the sense that no clear demands are made on the government, it is with a more ethnographic sensitivity that we can analyze lifestyle transformations engendered by these transgressive cultural practices. If we measure politics by the institutional distribution of power and resources, the temporary occupation of the street every Saturday could not be called politics. If, on the other hand, our measurement of politics focuses on transformations in subjectivities and ways of living, the Chopo has palpable effects, especially in terms of empowerment and the ability to express difference.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://journals.openedition.org/espacepolitique/6906