Contenu de l'article

Titre Être Haïtien en Haïti : protestation et appartenance dans les débats sur le Champ de Mars à Port-au-Prince
Auteur Nadège Mézié
Mir@bel Revue L'Espace Politique
Numéro no 38, 2019/2 Rapports à l'espace et formes d'engagement : ancrage, attachement, territorialisation + Varia
Rubrique / Thématique
Rapports à l'espace et formes d'engagement : ancrage, attachement, territorialisation
Résumé Sur le Champ de Mars, centre névralgique de la capitale haïtienne où pouvoir et contre-pouvoir se confrontent, à quelques pas du palais national en reconstruction et d'autres ministères, des débats de rue ont lieu tous les jours de la semaine. Ils rassemblent entre 20 et 200 personnes, des hommes principalement venus de bidonvilles alentours et des étudiants. Ces débats ne sont pas encadrés par un parti politique. Les participants y parlent de religion, économie, géopolitique, éducation. Deux sujets, qui font entrer en collusion territoire et histoire, occupent une place centrale dans les discussions : la souveraineté et les délimitations de la communauté nationale. Les participants développent, dans un contexte de crise et d'émigration importante, un nationalisme qui repose sur un principe d'attachement exclusiviste : pour être Haïtien, il faut l'être en Haïti et ne pas songer à partir. Cet article, fondé sur une enquête ethnographique réalisée en 2017, se propose ainsi de mettre en lumière les différents niveaux de territorialité qui sont en jeu dans les débats (cercle des discussions, Champ de Mars, Port-au-Prince, Haïti, international) et leur articulation avec les imaginaires et les conceptions locales de la communauté nationale, de la souveraineté et de la citoyenneté. La rhétorique politique, la relation à l'espace et à l'histoire, les inquiétudes et les colères que l'on peut observer dans ces débats informent sur les grandes manifestations contre la corruption qui ont eu lieu dans le pays au cours de 2019.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais On the Champ de Mars, the neuralgic center of power and counter-power of the Haitian capital, a few steps from the national palace and other ministries, street debates are held every day of the week. They bring together between 20 and 200 people, mainly men from the surrounding slums and students. No political party frames these debates, and one can hear opinions from all the political spectrum. The participants discuss, with emphasis, social, political, economic, and religious issues concerning Haiti. Two topics are recurrent that engage both territory and history: sovereignty and the borders of the national community. In the context of acute polymorphous crisis and massive emigration, participants extol a nationalism that rests on the principle of an exclusivist belonging: to be Haitian implies that one must be in Haiti and not dreaming about leaving. Haitian creole is the only language accepted, and credit is given only for those who engage to stay despite “hell.” Heroic figures from the wars of independence, each of them represented by a statue on the Champ de Mars, are exalted. Build on ethnographic fieldwork conducted in 2017, the article examines various levels of territoriality at stake in these public debates (discussion circles, Champ de Mars, Port-au-Prince, Haiti, international) and their articulation with local conceptions (and imaginations) of the national community, its sovereignty, and the meaning of citizenship. The political rhetoric, the relation to space and history, the worries and anger present in these debates, inform us about the lockdown of the country, and the extensive anti-government and anti-corruption demonstrations that took place during 2019.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://journals.openedition.org/espacepolitique/6952