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Titre Transferts migratoires, institutions sociales migrantes et territorialité morale transnationale
Auteur Thomas Lacroix
Mir@bel Revue L'Espace Politique
Numéro no 38, 2019/2 Rapports à l'espace et formes d'engagement : ancrage, attachement, territorialisation + Varia
Rubrique / Thématique
Rapports à l'espace et formes d'engagement : ancrage, attachement, territorialisation
Résumé Comment ceux qui sont restés parviennent-ils à exercer une autorité sur les migrants (notamment pour les contraindre à leur envoyer de l'argent) malgré la distance ? En d'autres termes, comment l'autorité circule-t-elle par-delà les frontières ? Depuis vingt ans, le concept de territoire est au cœur de la réflexion sur les spatialités et la mobilité des migrants. Mais la dimension politique de la territorialité a jusqu'ici été négligée par les travaux existants. Cet article renverse la problématique habituelle en abordant l'espace migratoire comme vecteur de l'exercice d'une autorité. Il s'appuie sur une série d'enquêtes qualitatives auprès d'émigrants en provenance du Moyen Atlas marocains et de Kabylie. Après une revue de la littérature sur l'usage de la notion de territoire dans les études migratoires, cet article montre comment se construit une territorialité transnationale par la création d'institutions sociales en migrations (familles transnationales, associations villageoises…) qui servent de relais de pouvoir. Le maillage transnational de ces institutions constitue le creuset de reproduction d'une géographie morale qui maintient les émigrés dans un jeu d'obligation envers ceux qui sont restés. Enfin, à travers l'exemple des projets de développement pour les villages de départ, cet article examine la façon dont le territoire transnational devient un véritable enjeu de négociation des droits et obligations des acteurs en migration.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais How do those who stayed behind exert their authority over emigrants (notably to make sure they keep on sending remittances) despite the distance? How does power circulate beyond borders? For the last twenty years, the concept of territory is at the core of the scholarship on migrants' spatiality and mobility. However, this paper turns upside down the common problematique by addressing the migratory space as a vector of the exercise of transnational authority. The paper draws on a series of qualitative investigation among emigrants from the Moroccan Middle-Atlas and Kabylia in Algeria. After a literature review of the use of the notion of territory in migration studies, it shows how a transnational territoriality is built up through the creation of migrant social institutions (transnational families, migrant associations and ethnic businesses) that serve as a relay for power dissemination. The transnational network of these social institutions is the crucible for the reproduction of a moral geography maintaining emigrants in a stance of obligation towards those who stayed. This moral geography is imbued with deeply ambivalent representations: the place of departure is simultaneously perceived as a place unable to sustain the social mobility of actors and a moral centrality. Conversely, the place of destination spurs a certain fascination while being perceived as corrupted by foreign values. This ambivalent moral geography underpins the moral economy of the relationship between migrants and non-migrants: while migration triggers fascination and envy, migrants are accused of selfishness and moral dubiousness when they do not abide to their duty of emigrants, and, in particular, when they refrain from transferring money to the left-behind.  Finally, drawing on the example of development projects undertaken in villages of departure, the article examines the way the transnational territory becomes henceforth a real stake for the renegotiation of rights and duties between actors.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://journals.openedition.org/espacepolitique/6997