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Titre Settler-Colonial Spatial Logics and Indigenous internal (non)Migration in Australia
Auteur Sarah Prout Quicke
Mir@bel Revue Espace Populations Sociétés
Numéro no 2, 2020 Identification, visibilité et reconnaissance des populations autochtones : quels enjeux géographiques ?
Rubrique / Thématique
II. De l'identification des populations autochtones à la reconnaissance de leurs territoires : quelle(s) géographie(s) ?
Résumé En Australie, le concept nébuleux “d'isolement géographique” est au cœur de la politique sociale destinée au monde autochtone. Un imaginaire spatial tenace ancré dans la colonisation de peuplement considère l'Australie profonde simultanément en tant qu'espace de prédilection d'une autochtonie authentique, et comme un problème politique de grande complexité. Au cours des 50 dernières années, les petites communautés autochtones qui prédominent dans l'Australie profonde ont été essentiellement qualifiées, de façon cyclique et sur le plan discursif, de parasites : économiquement improductives (dans une logique néolibérale), socialement dysfonctionnelles et placées de ce fait sous perfusion de la dépense sociale gouvernementale. L'État soutient que l'investissement continu dans des services et des infrastructures essentielles dans ces petites communautés n'est pas viable. La justice spatiale et procédurale à l'origine de ces situations produit des géographies historiques dont la complexité et l'importance doivent être questionnées et prudemment analysées. L'objectif de cet article est cependant d'aborder de façon critique la « solution » politique envisagée au regard de « l'embarrassante tâche » de gouverner l'isolement géographique autochtone. En pratique, les politiques publiques australiennes reposent précisément sur l'idée tacite et largement infondée selon laquelle un accroissement de la migration autochtone des petites communautés rurales isolées vers de petites et grandes villes, parce qu'elle faciliterait l'accès des autochtones à l'éducation et à l'embauche, résoudra plus ou moins automatiquement ce problème politique complexe. Les données empiriques présentées dans cet article suggèrent que la population autochtone australienne expérimenterait actuellement une transition urbaine comparable à celle de nombreuses sociétés plus profondément rurales encore en Asie et en Afrique. Cependant, le contexte, la régulation, la gestion, l'expérience et les résultats de la migration des secteurs ruraux isolés vers la ville sont sans doute considérablement différents dans des États fondés sur des colonies de peuplement tel que l'Australie et dans des pays à faible et moyen revenu, et pas forcément toujours en phase avec les objectifs des politiques sociales étatiques. Cet article envisage de ce fait des approches alternatives à la manière d'aborder théoriquement la migration autochtone en géographie. Il revient en particulier sur la théorie des systèmes de migration rurale-urbaine de Mabogunje [1970], qui prête à la fois attention aux spécificités du contexte économique, socio-culturel et politique plus large dans lequel la migration prend place, et à la capacité d'agir des migrants, à leurs logiques, et à leur prise de décision et ses conséquences. Tout en dépassant ce que Kukutai et Taylor [2012] qualifient de « démographie postcoloniale » conventionnelle, une telle démarche invite à explorer les formes d'engagement possibles dans un savoir envisageant les décisions, catégories, expériences et conséquences de la migration autochtone dans une perspective décolonisée.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais In Australia, the nebulous concept of ‘remoteness' is central to Indigenous Affairs social policy. An enduring settler-colonial spatial imaginary positions remote Australia as simultaneously both the heartland of authentic Indigeneity, and a wicked policy problem. Over the last 50 years, the small Indigenous communities that predominate in remote Australia have been cyclically and discursively positioned as essentially parasitic: economically unproductive (in a neoliberal market sense), socially dysfunctional, and a consequent drain on government social spending. The state argues that continued investment in essential infrastructure and services in these small communities is not sustainable. The complex and important historical geographies of spatial and procedural justice that produce such renderings demand their own careful analysis and critique. The task of this paper, however, is to critically consider the preferred policy “solution” to the perceived predicament of governing Indigenous remoteness. Specifically, there are tacit, and largely untested, assumptions within Australian public praxis that greater Indigenous migration from small remote and rural communities to larger towns and cities, as a means of increasing Indigenous education and employment outcomes, will more or less automatically resolve this wicked policy problem. The empirical data presented in this paper suggest that the Indigenous Australian population is probably experiencing an urban transition at a similar rate to many more rurally-based societies in Asia and Africa. However, the context, regulation, management, experience and outcomes of remote/rural-urban migration are arguably vastly different in settler-states such as Australia than in low- and middle-income countries and not necessarily always aligned with State social policy objectives. This paper therefore considers alternative approaches to geographical theorising about Indigenous migration. In particular it returns to Mabogunje's [1970] systems theory of rural-urban migration which is attentive to the specifics of both the wider economic, socio-cultural and political environment within migration occurs, as well as migrant agency, logics, decision-making processes and outcomes. This facilitates a move beyond what Kukutai and Taylor [2012] refer to as conventional ‘postcolonial demography', to explore how we might engage in decolonising scholarship of Indigenous migration decisions, categories, experiences and outcomes.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://journals.openedition.org/eps/9838