Titre | À l'invisible nul n'est tenu : les conditions spatiales de l'identification métisse au Canada au XIXe siècle | |
---|---|---|
Auteur | Étienne Rivard | |
Revue | Espace Populations Sociétés | |
Numéro | no 2, 2020 Identification, visibilité et reconnaissance des populations autochtones : quels enjeux géographiques ? | |
Rubrique / Thématique | III. Revendications identitaires et stratégies territoriales autochtones : quelles identités pour quels territoires ? |
|
Résumé |
Le « peuple oublié » (the forgotten people), telle est l'image qui collait aux Métis du Canada au tournant des années 1970. Il s'agit d'une époque cruciale où de jeunes intellectuels métis de l'Ouest canadien amorcent un long processus de réhabilitation de leur passé et de remise en question d'une historiographie canadienne qui les dépeint jusqu'alors comme des insurgés demi-sauvages et des menaces directes au développement du Canada moderne. En effet, suite à leur soulèvement en 1885, à l'intervention militaire des forces canadiennes et à la pendaison de leur leader politique, les Métis ont été, dans une large part, et pour la majeure partie du XXe siècle, relégués aux marges géographiques et sociales de l'ensemble canadien. À l'heure de la réconciliation nationale et du renouvellement des relations de l'État avec les peuples autochtones, cette réaffirmation métisse est certes dans l'air du temps. Elle s'accompagne toutefois d'un effet secondaire. À l'ombre de cette réalité métisse de l'Ouest, se multiplient aujourd'hui des communautés se réclamant de l'identité métisse et d'une histoire qui leur est propre, et cela bien au-delà du territoire des Prairies auquel est généralement associé cet espace identitaire au Canada. Ces revendications soulèvent des défis relativement à la définition des Métis comme peuple autochtone : d'une part, les communautés d'affirmation récente souffrent d'une invisibilité politique (reconnaissance) qui n'a d'égale qu'une certaine invisibilité historique (rareté des traces documentaires); d'autre part, ces revendications remettent profondément en question les représentations historiques et géographiques sur lesquelles reposent les processus d'identification de l'autochtonie. Cet article propose un nouveau regard géo-historique sur la question métisse dans l'Est, sensible aux jeux d'échelle et à la pertinence des preuves indirectes dans la construction des savoirs géographiques. Nous tirons profit d'une vingtaine d'années d'expérience en recherche fondamentale sur les questions métisses au Canada et d'une recherche plus appliquée découlant de notre rôle à titre de témoin expert pour une cause judiciaire au Québec. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
|
Résumé anglais |
The “forgotten people” was the widespread perception that best fit the Métis in Canada at the turn of the 1970s. This was a pivotal time when young Western Métis scholars started a long process of historical revision challenging the image of the Métis as half-savage rebels and direct threats to the modern country's development that Canadian historiography had conveyed up to then. Following the Northwest uprising of 1885, the military intervention of Canada and the hanging of their political leader, the Métis had been, to a large extent and for most of the 20th century, pushed to the spatial and social margins of Canada's society. In the current context of national reconciliation and renewing relationships between the State and Aboriginal peoples, such a reinstatement of the Métis is timely. But it comes with side effects. In the shadow of the Western Métis stand an increasing number of communities claiming Métis identity and their own history, in places well outside the Prairies, the land usually associated to Métis identity in Canada. Those claims raise challenges with regards to Métis definition as an Aboriginal people: on the one hand, communities of recent affirmation suffer from a lack of both political visibility (of recognition) and historical visibility (scarcity of evidence); on the other hand, their claims deeply call into question historical and geographical representations that shape the identification processes of indigenousness. This paper offers a new geohistorical perspective on Eastern Métis issues, one that is more sensitive to the effects of scale and indirect evidence in the production of geographic knowledge. I shall capitalize on a twenty-year experience in fundamental research on Métis issues, and on a more applied research that results from my involvement as an expert witness in a court case in Québec. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
|
Article en ligne | http://journals.openedition.org/eps/10107 |