Titre | Ennahdha et les salafistes : la construction relationnelle de la « modération » | |
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Auteur | Théo Blanc | |
Revue | L'année du Maghreb | |
Numéro | no 22, 2020 Dossier : Les partis islamistes ont-ils vraiment changé ? | |
Rubrique / Thématique | Les partis islamistes ont-ils vraiment changé ? La «modération» au crible des sciences sociales Les islamistes à l'épreuve de la spécialisation : la renégociation conflictuelle des frontières entre le politique et le religieux |
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Page | 149-167 | |
Résumé |
Parti islamiste de gouvernement, Ennahdha semble s'inscrire parfaitement dans le schéma prédit par la théorie de la modération selon lequel l'inclusion politique produit des acteurs « modérés ». Cet article invite à dépasser la lecture institutionnaliste de la théorie de l'inclusion-modération et la lecture asymétrique de la théorie de la coopération-modération en montrant comment la modération d'Ennahdha s'est négociée dans un double rapport de force entre acteurs séculiers et acteurs islamiques « radicaux » (salafistes). Le propos s'inscrit en continuité avec la théorie de « la modération par l'exclusion » (Cavatorta et Merone, 2013) en montrant que (1) la modération d'Ennahdha a largement précédé l'inclusion, (2) que la dynamique de coopération-modération avec Nidaa Tounès s'est appuyée sur un processus d'exclusion des « radicaux », et également que (3) la théorie de la modération n'est pas applicable à la plateforme sociale des partis. L'argument central est que la modération d'Ennahdha, définie comme l'acceptation d'un système civil et démocratique, n'a consisté ni en un simple ajustement stratégique découlant de l'inclusion, ni en un processus inclusif exerçant une force centripète sur le champ islamique et transformant les « radicaux » en « modérés » comme le postulait la théorie, mais plutôt en un processus centrifuge de mise à distance des éléments « radicaux ». Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Résumé anglais |
A governing Islamist party, Ennahdha seems to perfectly fit the model predicted by the moderation theory according to which political inclusion generates ‘moderate' actors. This article proposes to go beyond the institutionalist lens of the inclusion-moderation theory and the asymmetrical approach of the cooperation-moderation theory by pointing out how Ennahdha's moderation was articulated in a double pressure between secular actors and radical Islamic actors (Salafis). The argument, in line with the “moderation through exclusion” theory (Cavatorta and Merone, 2013), shows that (1) Ennahdha's moderation largely preceded inclusion, (2) the cooperation-moderation dynamic with Nidaa Tounès was based on the exclusion of the ‘radicals' and (3) the moderation theory does not apply to the party's social platform. Accordingly, Ennahdha's moderation defined as the acceptation of a civil democratic system consisted neither in a mere strategic adjustment following inclusion nor in an inclusive process exerting a centripetal force on the Islamic field turning ‘radicals' into ‘moderate', but rather in a centrifugal process pushing ‘radicals' away. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Article en ligne | http://journals.openedition.org/anneemaghreb/6411 |