Contenu de l'article

Titre Les battues administratives aux loups mises en échec par la Convention de Berne
Auteur Corinne Bohbot
Mir@bel Revue Revue juridique de l’environnement
Numéro vol. 24, no 3, 1999
Rubrique / Thématique
Articles
Page 25 pages
Résumé Si la réapparition du loup en France enrichit incontestablement le patrimoine faunistique, elle alimente aussi la querelle entre partisans d'une protection totale des espèces menacées et opposants. La rumeur d'une réintroduction non naturelle, bien que scientifiquement démentie, a conduit des conseils municipaux de communes du parc du Mercantour à prendre des délibérations visant à la destruction des loups en application de l'article L. 2122-21-9° du CGCT (Code général des collectivités territoriales). Dans le cadre de déférés exercés par le préfet des Alpes-Maritimes devant le juge administratif, ces délibérations ont été annulées pour défaut de base légale au motif de l'incompatibilité de l'article L. 2122-21-9° avec les stipulations de la Convention de Berne du 19 septembre 1979. Les décisions juridictionnelles méritent attention puisqu'elles admettent, pour la première fois, l'invocabilité de cette convention, sans référence à la traditionnelle condition jurisprudentielle d'effet direct. La prévalence de ce traité oblige ainsi à reconsidérer les dispositions du droit interne relatives au statut juridique du loup et celles concernant l'ensemble des espèces faunistiques dès lors que le droit français contient nombre de dispositions contradictoires reposant sur des impératifs contraires de protection et de destruction, consacrées par le juge administratif en vertu du principe d'indépendance des législations. La faune sauvage ne bénéficie donc que d'une protection illusoire et il devient nécessaire et urgent de procéder à une opération d'assainissement juridique qui permette à la fois d'articuler les diverses normes internes en conciliant les intérêts divergents en présence et de respecter pleinement les engagements internationaux de la France.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais Although the return of wolves in France unquestionably adds a precious contribution to its wildlife heritage, it also fuels the debate between the advocates of an all-out protection of endangered species and their opponents. The rumour of an unnatural reintroduction, though scientifically refuted, led some town councils of the Mercantour Park to decide measures aimed at exterminating wolves, under the terms of article L 2122-21-SP of the CGCT (General Law of Territorial Communities). On request of the prefect of the Alpes-Maritimes, the administrative judge invalidated these measures for lacking a legal basis, as article L. 21 '22-21 '-9° was found incompatible with the stipulations of the Conven tion on the conservation of European wildlife and natural habitats, ratified at Bern on September 19th, 1979. These jurisdictional decisions deserve our attention as it acknowfedges, for the first time, that this convention can be referred to, without aiming at the traditional jurisdictional condition of the « direct effect ». The prevalence of this treaty oblige to reconsider the clauses of internal law which deal with the legal status of wolves and those dealing with all the wildlife species, since French law is filled with numerous contradictory clauses based on conflicting requirements of protection and destruction, which were confirmed by the administrative judge in accordance with the principle of the legislation independence. As a consequence wild fauna has only enjoyed an illusory protection so far and it is now necessary and urgent to initiate a juridical cleaning-up which could both link the various internal standards and reconcile the differing interests as well as fully abide by the international commitments of France.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne https://www.persee.fr/doc/rjenv_0397-0299_1999_num_24_3_3666