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Titre Bureaugraphier le HCR : approche empirique et englobante d'une organisation internationale
Auteur Giulia Scalettaris
Mir@bel Revue Critique internationale
Numéro no 88, juillet-septembre 2020
Rubrique / Thématique
Coulisses
Page 153-172
Résumé Je présente ici la démarche théorique et méthodologique qui m'a permis de développer une approche à la fois empirique et englobante de l'Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR). En m'appuyant sur une ethnographie embarquée et des outils d'analyse issus de l'anthropologie politique j'ai étudié le fonctionnement interne de l'organisation et les relations dans lesquelles sont pris ses agents et ses bureaux, ce qui m'a permis de saisir aussi la portée de l'action planétaire de l'organisation des années 2000. En plus de souligner le renouveau théorique que connaît l'anthropologie lorsqu'elle déploie ses méthodes pour étudier des institutions bureaucratiques, le terme de « bureaugraphie » fait ressortir l'importance que l'infrastructure matérielle de l'organisation a eu au niveau de la construction de l'objet HCR et dans l'analyse de mes données. Après une introduction sur le renouveau des études consacrées aux organisations internationales, j'explique comment j'ai pu « désinstituer » le HCR et envisager son dispositif bureaucratique éclaté comme un terrain. Ensuite, je montre la manière dont j'ai délimité le périmètre de mon enquête et décris les procédés qui m'ont permis de passer d'une observation localisée à une réflexion englobante. Enfin, je relate le parcours de distanciation épistémologique qu'il m'a fallu entreprendre pour identifier, dans la production de savoirs experts, une forme d'autorité majeure de l'organisation.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais In this article, I present the theoretical and methodological steps by means of which I developed an encompassing and empirical approach to the United Nations High Commissioner for Refugees (UNHCR). By drawing upon an embedded ethnography and the analytical tools of political anthropology, I studied the organization's internal operation and the relations enmeshing its agents and offices, an approach that also allowed me to grasp the organization's global action in the 2000s. In addition to underscoring how using the methods of anthropology to study bureaucratic institutions contributes to the theoretical revival of the discipline, the term “bureaugraphy” highlights the role played by the organization's material infrastructure in constructing the UNHCR as an object and in analyzing my data. Following an introduction regarding the renewal of studies devoted to international organizations, I explain how I was able to “uninstitute” the UNHCR and conceive of its splintered bureaucratic system as a field. I then show the manner in which I circumscribed the perimeter of my study and describe the processes by which I moved from localized observation to an encompassing analysis. Finally, I recount the process of epistemological distanciation necessary to identify the production of expert knowledge as one of the organization's major forms of authority.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CRII_088_0153