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Titre « Sous vos pas, un parfait agencement » : la transformation du paysage énergétique urbain de Montréal, 1890-1950
Auteur Clarence Hatton-Proulx
Mir@bel Revue Flux
Numéro no 121, 2020/3
Page 4-28
Résumé À rebours des études qui considèrent l'invisibilité comme une composante invariable de l'infrastructure, cet article propose une étude historique des manières dont la présence physique de l'énergie a évolué dans la métropole du Canada d'alors, Montréal, sur plus de soixante ans. Pour fixer le cas à l'étude, il s'appuie d'abord sur les plans d'assurance afin de documenter l'évolution de l'emprise spatiale de l'énergie en contextes résidentiel et industriel, constatant la disparition graduelle du bois et du charbon au profit du pétrole, du gaz et de l'hydroélectricité, soit des formes d'énergie distribuées en réseau. Il offre ensuite une analyse fine de la vive controverse autour des réseaux aériens de fils et de poteaux qui menaçaient autant les corps que l'ordre économique au tournant du XXe siècle. Le rôle des différents acteurs, en particulier celui joué par l'industrie de l'assurance incendie, dans la trajectoire sinueuse menant vers l'enfouissement encadré par la municipalité est analysé. Ces résultats empiriques permettent de complexifier le concept d'invisibilité tel qu'appliqué à l'infrastructure, soutenant que celui-ci est historiquement, géographiquement et socialement situé. Il faut plutôt comprendre l'invisibilité comme un principe vers lequel tendent les planificateurs des systèmes que comme une caractéristique invariable de l'infrastructure. La possibilité d'accomplissement de ce principe dépend d'un contexte social et économique propice, comme celui qui s'est manifesté à Montréal à la fin des années 1900 et qui est présenté dans cet article.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Most studies consider invisibility to be an invariable component of infrastructure. Going against this trend, this article offers a historical study, covering more than 60 years, of the fluctuating physical presence of energy in Montreal, Canada's then largest city. To situate the case study, it uses insurance plans to document the evolution of the energy landscape in both residential and industrial contexts, noting the gradual disappearance of wood and coal replaced by petroleum, gas and hydroelectricity—energy sources distributed through networks. It then analyzes the controversy over overhead poles and wires that threatened people's bodies as well as economic order at the turn of the 20th century. The article focuses on the roles played by different actors, in particular that of the fire insurance industry, to grasp the winding trajectory that led to the burial of electrical networks by the municipality. These empirical results problematise the concept of infrastructural invisibility, showing that invisibility is always historically, geographically, and socially situated. Invisibility should be understood as a principle towards which system planners tend rather than as an ever-present feature of infrastructure. The possibility of reaching this principle depends upon suitable social and economic conditions, like those that manifested themselves in Montreal in the early 20th century as documented here.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=FLUX1_121_0004