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Titre Les foyers d'en-haut.La montagne, emblème du paradoxe de l'intégration des requérant·es d'asile en Suisse
Auteur Viviane Cretton
Mir@bel Revue Revue de Géographie Alpine
Numéro vol. 108, no 2, 2020 Refugié·es et montagne
Résumé Cet article analyse « ce que la montagne fait » aux personnes qui demandent l'asile en Suisse. Il s'intéresse à leur vécu lorsqu'elles sont hébergées dans des foyers d'accueil collectifs, en altitude. À l'échelle de la société suisse, les demandeur·es d'asile sont soumis·es à une injonction d'« intégration », malgré l'issue incertaine de leur requête. Lorsque l'attente et l'incertitude imposées par la procédure d'asile se vivent à plus de 1 300 mètres d'altitude, le sentiment d'être tenu à l'écart de la vie des centres urbains est renforcé et la charge émotionnelle exacerbée.Les expériences spécifiques de l'hébergement collectif en montagne, éprouvées par les requérant·es d'asile – et par les professionnel·les ou bénévoles qui les accompagnent – s'expriment dans leurs façons de dire le lieu. Loin des représentations touristiques et romantiques de la montagne, les oppositions entre le haut et le bas (la vallée et la plaine), entre la périphérie et le centre (la montagne et la ville) traversent avec récurrence les récits recueillis. Elles entretiennent une représentation de la montagne comme un non-lieu de vie sociale, un endroit isolé, par opposition aux villes en plaine. Lorsque l'accueil « en haut » se prolonge, il nourrit un processus d'effacement social « en bas » qui rend l'injonction à l'intégration dans la société suisse éminemment paradoxale.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais This article analyses “what the mountain does” to people seeking asylum in Switzerland. It focuses on their experiences while they are accommodated in collective reception centres at high altitudes. At the level of Swiss society, asylum seekers are subject to an “integration” injunction, despite the uncertain outcome of their application. When the waiting and uncertainty imposed by the asylum procedure is experienced at an altitude of more than 1300 metres, the feeling of being kept away from life in urban centres is reinforced and the emotional burden exacerbated.The specific experiences of collective accommodation in the mountains, experienced by asylum seekers – and by the professionals or volunteers accompanying them – are expressed in their story telling of the place. Far from the tourist and romantic representations of the mountains, the oppositions between the top and the bottom (the valley and the plain), between the periphery and the centre (the mountain and the town) run repeatedly through the collected narratives. They maintain a representation of the mountain as a non-place of social life, an isolated place, as opposed to cities on the plain. When the reception "above" lasts, it sustains a process of social effacement "below" which makes the injunction to integrate into Swiss society eminently paradoxical.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://journals.openedition.org/rga/6897