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Titre L'autorité de l'écrit pragmatique dans la société chrétienne éthiopienne (XVe/XVIIIe siècle)
Auteur Anaïs Wion
Mir@bel Revue Annales. Histoire, Sciences Sociales
Numéro vol.74, no 3-4, juillet-décembre 2019
Rubrique / Thématique
Matérialité
Page 559-589
Résumé Le pouvoir royal chrétien éthiopien a produit, entre le XIe et le milieu du XXe siècle, nombre de documents écrits témoignant de donations de terre et de transferts de privilèges accordés aux institutions religieuses et aux grands du royaume. Bien que seule émettrice d'actes écrits, l'autorité royale a manifesté peu d'intérêt pour le devenir de ces documents : elle ne les a pas conservés, ne les dotait d'aucune marque externe de validation et acceptait relativement facilement qu'ils soient modifiés. Ce paradoxe se résout après une étude approfondie des pratiques qui permirent la production, puis la conservation de cette documentation. Ainsi, le pouvoir royal mettait en place des comités ad hoc qui se déplaçaient dans les provinces afin d'y faire promulguer les actes, ou émettait ceux-ci depuis le camp royal pour les dépêcher ensuite vers les institutions concernées. La mise par écrit et l'archivage étaient délégués aux institutions religieuses, qu'elles soient bénéficiaires directes des actes ou qu'elles fonctionnent comme des centres administratifs régionaux. Il est encore difficile de percevoir des scansions chronologiques dans ces processus. Néanmoins, un changement radical s'opère à partir de la décennie 1720 : les personnes privées s'arrogent le droit de faire écrire en langue vernaculaire leurs transferts de droits. La stabilité de la société gondarienne et la professionnalisation des scribes dans les églises ont permis à ces derniers de devenir les notaires de leurs communautés tout en servant les intérêts de la petite noblesse. La bureaucratie éthiopienne échappe au monopole du pouvoir souverain pour servir la communauté des propriétaires fonciers.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Between the eleventh and mid-twentieth centuries, the Christian royal power in Ethiopia produced documents recording land donations and transfers of privileges granted to religious institutions and important men of the kingdom. Although it was the only producer of written deeds, the royal authority showed little concern for the fate of these documents: it did not conserve them or endow them with any external mark of validation, and accepted modifications relatively easily. This paradox can be resolved through an in-depth study of the practices surrounding the production and preservation of this documentation. The royal power set up ad hoc committees that traveled to the provinces in order to have the acts promulgated there, or issued them from the royal camp and sent them to the institutions concerned. Both writing processes and archiving were delegated to religious institutions, whether they were direct beneficiaries of the acts or functioned as regional administrative centers. The chronological scansions of these phenomena remain difficult to trace. Nevertheless, a radical change took place from the 1720s onwards, as private individuals claimed the right to have transfers that concerned them written in the vernacular language. The stability of Gondarian society and the professionalization of scribes linked to the churches allowed them to become the notaries of their communities and to serve the interests of the lower nobility. Ethiopian bureaucracy thus escaped the monopoly of sovereign power to serve the community of landowners.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ANNA_743_0559