Titre | Dérogation générale et déclassification des archives contemporaines : Le cas d'Audin et des disparus de la Guerre d'indépendance algérienne | |
---|---|---|
Auteur | Sylvie Thénault | |
Revue | Annales. Histoire, Sciences Sociales | |
Numéro | vol.74, no 3-4, juillet-décembre 2019 | |
Rubrique / Thématique | Politique |
|
Page | 687-709 | |
Résumé |
Comme des milliers de militants de l'indépendance algérienne, Maurice Audin a disparu à Alger en 1957, après son arrestation par les parachutistes. En France, son nom est devenu l'emblème de la dénonciation de la torture pendant la Guerre d'Algérie. Très engagé dans cette cause, Pierre Vidal-Naquet est ainsi devenu le tout premier historien de la torture et du système répressif à l'œuvre en Algérie. Officiellement, Audin s'est évadé, mais sa femme, Josette Audin, n'a cessé de demander la vérité et la reconnaissance de la responsabilité de l'État dans la disparition du jeune mathématicien. Après un long combat, Emmanuel Macron a fini par la reconnaître, le 13 septembre 2018, et a annoncé la création d'une dérogation générale pour accéder aux archives non encore ouvertes concernant tous les disparus de cette guerre. Cet article revient sur l'histoire de cette annonce et ses enjeux, selon quatre points de vue : l'identification et la localisation des archives potentiellement concernées ; les évolutions de l'historiographie ; les attentes des familles ; la nécessaire déclassification des archives, à la suite d'une procédure récente et très critiquée qui bloque l'accès aux archives contemporaines. Deux questions émergent alors. D'une part, comment les militants et les historiens ont-ils répondu au déséquilibre qui marque la cause des « disparus », entre Algériens dits « musulmans » à l'époque et Audin, militant communiste, universitaire, Français de nationalité ? D'autre part, du point de vue de l'accès aux archives en général, quels problèmes soulève l'annonce de cette dérogation générale ? Source : Éditeur (via Cairn.info) |
|
Résumé anglais |
Like thousands of Algerian independence activists, Maurice Audin disappeared in Algiers in 1957, following his arrest by paratroopers. In France, his name became the emblem of the denunciation of torture during this war; it was through his commitment to this cause that Pierre Vidal-Naquet became the very first historian of the system of torture and repression implemented in Algeria. Officially Audin escaped, but his wife Josette Audin continued to demand the truth and a recognition of the state's responsibility in the young mathematician's death. After a long struggle, Emmanuel Macron finally admitted this responsibility on September 13, 2018, and announced a general dispensation to access all archives relating to disparus from this war that were not yet open. This article reviews the history of Macron's announcement and the challenges it posed from four points of view: the identification and location of the archives potentially concerned; developments in historiography; families' expectations; and the necessity of declassification following a recent and much-criticized procedure blocking access to contemporary archives. This in turn raises two questions. First, how did activists and historians respond to the imbalances in the cause of the disparus, between Algerians (at the time known simply as “Muslims”) and Audin, a communist activist, academic, and French citizen? Second, what problems did this announcement raise from the perspective of access to archives in general? Source : Éditeur (via Cairn.info) |
|
Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ANNA_743_0687 |