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Titre La littérature numérique n'existe pas. La littérarité au prisme de l'imaginaire médiatique contemporain
Auteur Servanne Monjour, Servanne Monjour
Mir@bel Revue Communication & Langages
Numéro no 205, septembre 2020 Cultures numériques en Afrique francophone
Rubrique / Thématique
Littérature et numérique
Page 5-27
Résumé Cet article a pour objectif d'interroger le rapport entre littératie et littérarité numériques : quelles doivent être les compétences de l'écrivain sur le web ? En quoi ses qualifications strictement informatiques participent-elles de son autorité ? Notre hypothèse est que l'importance accordée à la dimension technique des œuvres numériques répond d'abord à un besoin de légitimation, et non à des critères de littérarité. Là où l'éditeur assumait autrefois un rôle de garant, ce sont aujourd'hui les compétences numériques de l'écrivain qui assurent la qualité littéraire d'une œuvre – au risque de la survaloriser ou au contraire de la sous-estimer. Ces compétences numériques sont en effet notamment évaluées en fonction des connotations symboliques associées à l'usage de certains outils et plateformes. Ces connotations deviennent d'autant plus importantes à l'heure où les GAFAM semblent imposer un nouveau monopole éditorial, fondé sur des outils et des plateformes ne requérant que des compétences informatiques minimales. Massivement investis par les écrivains, ces nouveaux dispositifs éditoriaux (CMS, réseaux sociaux) permettent l'émergence d'une génération qui est loin de partager la même littératie numérique que celle qui l'a précédée. Aurions-nous alors affaire à une génération d'écrivains « analphabètes » ? On démontrera plutôt l'existence d'un déplacement du sens même de nos « compétences numériques », qui désormais ne se fondent plus seulement sur un savoir technique, mais aussi sur une culture numérique.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais The aim of this article is to question the relationship between computational literacy and aesthetic value of digital literature: which skills are expected from a writer who publishes online? In what way his or her computing skills contribute to his or her authority? My hypothesis is that the importance given to the technical dimension of digital works responds first of all to a need for legitimization, and not to aesthetic criteria. Whereas the printed publisher used to assume a legitimizing function, nowadays it is the writer's digital skills that ensure the literary quality of a work — at the risk of overvaluing or undervaluing it. Indeed, these digital skills depend upon the symbolic connotations associated with the use of certain tools and platforms. These connotations become all the more important since the GAFAM seem to be imposing a new editorial monopoly, based on tools and platforms requiring only minimal computing skills. Massively invested by writers these new editorial devices (CMS, social networks) allow the emergence of a generation that is far from sharing the same digital literacy as the one that preceded it. Would we then be dealing with a generation of “illiterate” writers? On the contrary, I will demonstrate the existence of a shift in the very meaning of our “digital skills,” which are no longer based solely on technical knowledge, but also on digital literacy.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=COMLA1_205_0005