Titre | Entre expressionnisme et euphémisation : Les représentations des violences exercées contre les enfants (XIXe-XXIe siècles), d'un régime sensible à un autre | |
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Auteur | Anne-Claude Ambroise-Rendu | |
Revue | Sociétés & Représentations | |
Numéro | no 50, 2020 Une image ne sert-elle qu'à illustrer ? | |
Rubrique / Thématique | Dossier - Une image ne sert-elle qu'à « illustrer » ? |
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Page | 109-118 | |
Résumé |
Les dernières décennies du XIXe siècle sont le temps d'une prise en compte grandissante de la question de l'enfance, ouvrant un siècle nouveau qui verra la fin du XXe siècle identifier et nommer les crimes divers perpétrés contre l'enfance. Dans l'intervalle la hiérarchie du représentable, c'est-à-dire du montrable et du visible semble s'être modifiée : quand les images de la Belle époque ne reculaient ni devant l'évocation des relations sexuelles avec des enfants, ni devant le spectacle des cruautés les plus sanglantes infligées aux enfants martyrs, aujourd'hui plus personne n'ose montrer des enfants battus et ensanglantés et la production iconographique de la dénonciation de la pédophilie est à peu près inexistante. Ce constat amène à interroger cette évolution, cette mutation dans l'ordre des possibles et du représentable à la lumière des mutations culturelles et peut-être même idéologiques, mais aussi des modifications des registres émotionnels qui ont affecté l'histoire du XXe siècle. Et à essayer de comprendre ce qui se joue dans la variabilité du représentable. Car lorsqu'il s'agit de sexualité, le XXIe siècle ne s'effarouche pas moins que le XIXe, préférant y compris pour les campagnes de prévention, ne pas choquer plutôt que de mobiliser l'artillerie lourde de l'image explicite et crue. Ce choix, qui en dit long sur le soupçon qui continue de peser sur l'image, pourrait bien témoigner aussi d'un embarras à l'endroit des questions relatives à l'enfance. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
Between expressionism and euphemism, representations of violence against children in the nineteenth and twenty-first centuries, from one sensitive regime to another. The issue of/debate over childhood is increasingly taken into account during the last decades of the 19th century—thus opening upon a new 20th century, by the end of which the various crimes perpetuated against children will have been identified and named. Meanwhile, the hierarchy of the representable—that is the presentable and the visible—seems to have been modified. While Belle Epoque's pictures neither backed down from evoking sexual relations with children nor from staging the bloodiest cruelties inflicted on child martyrs, no one today would dare display beaten up and bloody children. Besides, the iconographic production of paedophilia denunciation is relatively non-existent. This observation leads us to question this evolution, this mutation of the order of the possible and visible in the lights of cultural and perhaps ideological mutations. It also leads us to question the modification of emotional registers that have affected 20th century history, and to try to understand what is at stake in the variability of the representable. Indeed, when discussing sexuality, the 21th century is as shy as the 19th century. Even for prevention campaign, it would rather not shock its audience than use crude and explicit pictures. This choice, which speaks volumes regarding the suspicion that keeps lingering above the notion of representation, could also underline a predicament when discussing childhood. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=SR_050_0109 |