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Titre K voprosu o « neukorenennosti » moskovskogo sluzhilogo klassa : Izmeneniia v famil´nom sostave dvorianstva v uezdakh Evropeiskoi Rossii v XVII-nachale XVIII vv.
Auteur Sergei V. Chernikov
Mir@bel Revue Cahiers du monde russe
Numéro volume 61, no 1-2, janvier-juin 2020
Page 7-62
Résumé L'analyse des documents cadastraux et des dénombrements de la population pousse à contester le point de vue largement répandu selon lequel la noblesse russe moscovite, dépourvue de tout enracinement provincial, n'aurait manifesté que peu ou pas d'attachement pour ses terres situées dans les régions éloignées de Moscou. Ceci, de l'avis de nombreux chercheurs, l'aurait distinguée nettement de ses semblables d'Europe occidentale et aurait eu une incidence sur le taux de maintien des propriétés au sein du patrimoine d'une même famille. En fait, et malgré la croissance du marché de la propriété foncière, ce taux variait d'un district à l'autre et pouvait même être assez élevé dans certaines parties du pays. Ainsi, entre les campagnes de cadastrage des années 1570-1590 et 1620 jusqu'au début du Sledstvie i sud po delam ob iznasilovanii v Rossii XVIII veka XVIIIe siècle (soit sur une période de 90 à 150 ans), on constate que dans les régions les plus prospères, au moins 30 à 40 % des familles conservèrent leur propriété. Au moment du premier dénombrement, ces familles possédaient de 40 à 80 % des domaines et 40 à 60 % des serfs. Les indicateurs les plus élevés de la pérennité d'une même lignée familiale dans un domaine s'observent dans les régions de Novgorod-Pskov, Galič, Kostroma, Vologda, Jaroslavl´, Vladimir-Suzdal´, Rjazan´ (avec Meščera) et Tula. La thèse selon laquelle la dispersion des terres affaiblissait l'intérêt des nobles pour leurs propriétés ne tient pas compte des particularités de la répartition géographique des terres au sein de chaque patrimoine. Cette étude montre que l'écrasante majorité des familles nobles (80 %) concentrait la plupart de leurs serfs dans un seul district ou dans un ensemble de districts voisins. Il est également important de noter que le morcellement de leur propriété foncière n'entraînait pas de désintérêt des nobles moscovites vis-à-vis de leur région d'origine : ce sont précisément les familles pluridomaniales — dont on pouvait penser qu'elles étaient a priori le plus motivées par le service à la Cour —, qui entretenaient les relations les plus stables au niveau local.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais The author's analysis of cadastral and census documents calls into question the widely shared view that Muscovite servicemen felt no ties with their estates located in outlying districts. Many researchers agree that the lack of local rootedness sharply differentiated the Muscovite landed nobility from their West-European counterparts and affected the continuity of land tenure by families. In fact, and despite the growth of the real estate market, long-term retention of an estate within a same family varied by district and could reach high rates in some parts of the country. This can be seen in the most prosperous regions, where the proportion of families who kept their estates over the time elapsed between the cadastral surveys conducted from the 1570s to the 1590s and from the 1620s to the early eighteenth century (which represents an average of 90-150 years) reached 30 to 40 percent, sometimes more. At the time of the first census, these families owned between 40 and 80 percent of estates and between 40 and 60 percent of serfs. The highest indicators on the retention of estates within families can be observed in Pskov-Novgorod, Galich, Kostroma, Vologda, Iaroslavl´, Vladimir-Suzdal´, Riazan´ (including Meshchera) and Tula regions. The opinion that the scattered character of estates hastened the loosening of landholders' links with regions fails to take important features of the location of estates into account. The present analysis demonstrates that an overwhelming majority of noble families (80 percent) concentrated most of their serfs in one district or in several neighboring districts. It also is important to note that the fragmentation of the estates did not divert Muscovite landholders' interest away from their home regions: it is precisely families with numerous holdings – seemingly the most motivated by court service – that maintained the most stable local ties.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CMR_611_0007