Titre | Reproduction précaire | |
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Auteur | Penelope Deutscher, Marie Garrau | |
Revue | Cahiers du genre | |
Numéro | no 58, 2015 Corps vulnérables | |
Rubrique / Thématique | Dossier : Corps vulnérables |
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Page | 41-67 | |
Résumé |
Cet article soutient que les femmes, considérées du point de vue de leur capacité à agir en matière de reproduction, peuvent être appréhendées comme des incarnations de la vie précaire en plusieurs sens. Elles peuvent d'abord être considérées comme spécialement responsables de formes de vie jugées précaires (comme l'embryon, le fœtus, le nouveau-né, l'enfant). Ensuite, quand leur capacité d'agir en matière de reproduction est contestée (en particulier quand l'avortement est illégal ou difficile d'accès), elles peuvent être exposées de différentes façons à des préjudices, à des torts, voire à la perte de leur vie. Quand il y a précarité dans ces deux premiers sens, la capacité des femmes à faire des choix en matière de reproduction devient elle-même précaire en un sens spécifique. Enfin, en fonction des normes contingentes qui gouvernent les conduites relatives à la reproduction, les femmes sont inégalement intelligibles (legible) en tant que sujet moral. À la ‘production' du fœtus comme tel correspond ainsi la ‘production' d'une forme spécifique d'agentivité, et plus précisément la production d'un agent responsable. Pour mettre ce point en évidence, cet article propose de réexaminer la réflexion morale des femmes confrontées à la possibilité d'un avortement, qu'a restituée Carol Gilligan dans In a Different Voice (1993). Il revient également sur les réponses au travail de Judith Butler élaborées par deux théoriciennes féministes, Catherine Mills et Fiona Jenkins, selon lesquelles le concept de vie précaire peut permettre de rendre compte du statut du fœtus, tel qu'il est produit et cadré (framed) par la technologie contemporaine. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
This paper outlines several senses in which women's association with reproductive agency becomes an embodiment of precarious life. Women may find themselves considered especially responsible for forms of life deemed precarious (the embryo, the fetus, the newborn, the child). They may also be variably exposed to harm, injury, and loss of life when reproductive agency is contested (in particular, where abortion is illegal or difficult to access). Reproductive choice becomes a distinctive form of precariousness insofar as the first and second senses come to overlap. Moreover, women become differentially legible as moral subjects in the context of the contingent norms for reproductive conduct. The “making” of the fetus is concurrently a “making” of the corresponding agency and responsibilization. Developing this argument, the article offers a reconsideration of moral reflection by women considering abortion in Gilligan's In a Different Voice (1993) and also of feminist responses to Judith Butler's work by Mills and Jenkins, according to whom the concept of precarious life may be extended to an analysis of the technologically made, or framed, fetus. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CDGE_058_0041 |