Contenu de l'article

Titre Verbicide. D'une vulnérabilité qui n'ose dire son nom
Auteur Alyson Cole, Maxime Boidy
Mir@bel Revue Cahiers du genre
Numéro no 58, 2015 Corps vulnérables
Rubrique / Thématique
Dossier : Corps vulnérables
Page 135-162
Résumé Cet article étudie le processus discursif qui a conformé les conceptions contemporaines de la vulnérabilité. Mettant en évidence des tentatives récurrentes de réarticuler la relation entre la victimisation et le blâme, il retrace les usages de l'expression « blâmer la victime » depuis que le sociologue William Ryan l'a forgée en 1970 afin de critiquer l'aide apportée aux populations vulnérables, jusqu'aux campagnes conservatrices contemporaines menées à l'encontre des « politiques victimaires ». Le nœud blâme/victime me conduit également à aborder la victimologie, une science apparue au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, et visant à prendre la mesure d'un phénomène de « catalysation victimaire » ; les travaux du psychologue Melvin Lerner, qui ont prouvé que certains individus blâment bel et bien la victime ; les mobilisations féministes à l'encontre du « blâme de la victime de viol », ainsi que l'émergence du Mouvement des droits des victimes. Cette généalogie du travail rhétorique à l'œuvre derrière l'expression « blâmer la victime », et de ses effets dépolitisants, montre comment penser en termes de victimes suppose de plus en plus de se focaliser sur l'utilité thérapeutique du blâme, souvent au détriment des conséquences matérielles de la victimisation ou de son traitement.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais This article explores the discursive process that shaped contemporary understandings of vulnerability, highlighting recurrent attempts to rework the relationship between victimization and blame. I trace uses of the phrase “blaming the victim,” from sociologist William Ryan's 1970 coinage in his critique of efforts to assist vulnerable populations to the contemporary conservative campaigns against “victim politics.” The blame/victim nexus also takes us to the science of victimology that emerged in the aftermath of the WWII to gauge “victim precipitation,” the works of psychologist Melvin Lerner who documented that individuals in fact do blame victims, feminists' protests against “blaming the rape victim,” and finally the Victims' Rights Movement. This genealogy of the rhetorical work of the phrase “blaming the victim” and it depoliticizing effects demonstrates how causes formulated in terms of victimhood increasingly concentrate on the therapeutic utility of blaming, often occluding the material consequences of victimization or its remedy.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CDGE_058_0135