Titre | Abstraction, production sociale et production de l'espace | |
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Auteur | Diego Scalco | |
Revue | Carnets de géographes | |
Numéro | no 14, 2020 | |
Rubrique / Thématique | Carnets de recherches |
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Résumé |
L'enjeu du présent article est de discuter deux conceptions antagonistes de la relation réciproque que la socialisation entretient avec la spatialisation. Deux conceptions auxquelles renvoient les expressions « production sociale » et « production de l'espace », empruntées respectivement à Georg Simmel et à Henri Lefebvre. L'antagonisme relève, en l'occurrence, de la fonction assignée à la géométrie en tant qu'abstraction socio-spatiale, y compris dans le domaine de l'urbanisme. Des architectes modernistes comme Le Corbusier et Ludwig Hilberseimer pensent, en effet, que les rapports géométriquement établis dans le cadre de leurs projets d'aménagement respectifs permettent de synthétiser les principaux facteurs de production socio-spatiale. Sous cet aspect, ils s'inscrivent dans le sillage de Simmel, dont la déduction empirique de catégories telles que l'individualité, le rôle et la structure constitue déjà une abstraction typologique, voire une géométrie sociale. Or, en raison de la solution de continuité qu'elles introduisent dans le tissu de la métropole capitaliste, les sculptures de Richard Serra et les anarchitectures de Gordon Matta-Clark entrent plutôt en résonance avec l'analyse, menée par Lefebvre, de la production socio-spatiale actuelle. Critiques paradoxales de la géométrisation au moyen de formes géométriques, elles mettent simultanément au jour et en cause le substrat idéologique de la planification moderne, nous permettant ainsi de discuter deux régimes d'abstraction tout aussi antagonistes. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Résumé anglais |
The aim of this article is to discuss two antagonistic conceptions of the relationship between socialization and spatialization. These are the conceptions referred to by the expressions “social production” and “production of space” borrowed, respectively, from Georg Simmel and Henri Lefebvre. The antagonism is rooted, in this case, on the function assigned to geometry as socio-spatial abstraction, particularly in the field of urban planning. Modernist architects like Le Corbusier and Ludwig Hilberseimer consider that the geometrically established relationships within the framework of their respective development projects make it possible to synthesize the main factors of socio-spatial production. In this respect, they follow Simmel, whose empirical deduction of categories such as individuality, role and structure is already a typological abstraction, or even a social geometry. As opposed to that, considering the way they interrupt the continuous fabric of the capitalist metropolis, Richard Serra's sculptures and Gordon Matta-Clark's anarchitectures rather resonate with Lefebvre's analysis of the current socio-spatial production. These works are paradoxical critiques of geometrization by means of geometrical shapes. More precisely, they uncover and question the ideological substratum of modern planning, thus allowing us to discuss two equally antagonistic regimes of abstraction. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |