Titre | Reconstruction clitoridienne, excision et circoncision. Variations autour d'un sexe féminin phallique | |
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Auteur | Corinne Fortier | |
Revue | Droit et cultures | |
Numéro | no 79, février 2020 Réparer les corps et les sexes. Volume I : Excision, circoncision, et reconstruction clitoridienne | |
Rubrique / Thématique | Dossier: Réparer les corps et les sexes |
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Page | 29-76 | |
Résumé |
Les femmes excisées connaissent des injonctions paradoxales entre les représentations du corps féminin dans leur pays d'origine et dans celui où elles résident qui les amènent à recourir à la chirurgie de reconstruction clitoridienne. Considérées comme « victimes de mutilations sexuelles », réparer leur « sexe » est censé réparer leur sexualité, surtout dans des sociétés occidentales où le clitoris est considéré comme l'organe principiel du plaisir féminin. Paradoxalement, la chirurgie clitoridienne obéit à une vision organiciste de la sexualité, identique à celle à l'origine de l'excision, qui ignore la dimension psycho-sexuelle du désir. Mais la motivation profonde de la « reconstruction » clitoridienne se situe moins au niveau du ressenti sexuel des femmes que celui des hommes, rejoignant en cela la visée de l'excision, mais aussi celle des autres chirurgies sexuelles pratiquées en Occident tels l'hyménorraphie, la nymphoplastie, la vaginoplatie, ou encore le bien nommé « point du mari ». En effet, l'excision a pour but de rassurer l'homme qui peut se sentir menacé dans sa virilité par ce qui évoque le phallus chez la femme, tout comme la circoncision vise à ce qu'il dépasse cette angoisse de castration ainsi que le lien incestueux à sa mère pour se perpétuer, la différence des sexes étant ainsi clairement réaffirmée par ces rituels de sexuation afin d'assurer la reproduction de la société. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Résumé anglais |
Women who have been circumcised experience paradoxical injunctions between the representations of the female body in their country of origin and in the society where they live, which lead them to do clitoral reconstruction surgery. Considered «victims of genital mutilations», circumcised women are convinced that repairing their «sex» will repair their sexuality, especially in Euro-American countries where the clitoris is seen as the primary organ of feminine pleasure. Paradoxically, reconstructive clitoral surgery obeys to an organicist vision of sexuality which ignores the psycho-sexual dimension of desire, the same one that inspired female circumcision. But the motivation of «reconstruction» is less related to women's sexual desire than men's one, joining the goal of excision, but also the aim of hymenoplasty, nymphoplasty, vaginoplasty, or the so-called «husband's point» surgery. Female circumcision reassures the man who may feel threatened in his virility by anything that evokes the phallus in the woman, just as male circumcision prepares the young man to overcome his castration anxiety and his incestuous relation to his mother. Sex difference is clearly reaffirmed by these rituals in order to ensure the reproduction of society. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Article en ligne | http://journals.openedition.org/droitcultures/5977 |