Titre | Faire du stress son métier : l'anxiété de performance chez les interprètes de musique classique | |
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Auteur | Cassandre Ville | |
Revue | Tracés | |
Numéro | no 38, 2020/1 Angoisse | |
Rubrique / Thématique | Articles |
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Page | 63-82 | |
Résumé |
Au cours de leur formation, les étudiant-e-s en interprétation de musique classique acquièrent une maîtrise instrumentale poussée et de solides connaissances théoriques. Ils et elles sont également amené-e-s à s'entraîner à se produire sur scène au travers de multiples concerts, récitals et auditions. Nombreux sont celles et ceux qui éprouvent de l'angoisse lors de ces événements. Les termes trac et stress sont très répandus pour parler de ces difficultés et la prolifération d'articles et d'ateliers témoigne d'un intérêt croissant pour ce sujet dans le milieu de la musique classique. Dans cet article, nous proposons de réfléchir à la place du stress lié à la performance musicale et à sa gestion par les interprètes. À partir de l'ethnographie d'une faculté de musique classique québécoise, nous analysons les discours et les pratiques qui participent à la définition mouvante du concept même de stress. La manière par laquelle les interprètes expliquent et s'approprient les discours scientifiques sur ce concept révèle une conceptualisation du stress comme étant une composante à part entière de la profession et de fait, inévitable. Défini comme ayant des effets néfastes seulement en l'absence de contrôle sur soi, le stress correspond finalement à une manière de décrire le travail émotionnel que les interprètes doivent effectuer. Cette recherche révèle en outre la construction d'un état physique et mental idéal pour monter sur scène, véhiculant dès lors une injonction à l'excellence ainsi qu'un discours sur l'art et sur la profession. Cet article contribue à mieux comprendre les effets tant normatifs que prescriptifs que peuvent porter en leur sein les angoisses et les peurs sociales lorsque celles-ci sont mises en mots et font l'objet d'une forme d'institutionnalisation. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Résumé anglais |
In the course of their training, students of classical music performance acquire thorough mastery of their instruments and solid theoretical knowledge. They are also trained to perform on stage by giving multiple concerts, recitals and auditions. Many of them experience anxiety at these events. The terms “stage fright” and “stress” are widely used to refer to these difficulties, and the proliferation of articles and workshops shows a growing interest in this subject in the classical music community. In this article, we propose to reflect on the place of stress in relation to musical performance and its management by performers. Based on the ethnography of a classical music faculty in Quebec, we analyse the discourses and practices that contribute to the changing definition of the very notion of stress. The way in which performers explain and appropriate the scientific discourse on this notion reveals a conceptualization of stress as an integral and, indeed, inevitable component of the profession. Defined as having harmful effects only in the absence of self-control, stress is ultimately a way of describing the emotional work that interpreters have to undertake. This research also reveals the construction of an ideal state – both physical and mental – for going on stage, thus conveying an injunction to excellence as well as a discourse on the profession and, more generally, on art. This article contributes to a better understanding of normative as well as prescriptive effects that social anxieties and fears can have when they are put into words and subjected to a form of institutionalisation. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Article en ligne | http://journals.openedition.org/traces/11272 |