Titre | Face à l'angoisse écologique : stratégies émotionnelles et engagements épistémiques en sciences de l'environnement | |
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Auteur | Lucas Brunet | |
Revue | Tracés | |
Numéro | no 38, 2020/1 Angoisse | |
Rubrique / Thématique | Articles |
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Page | 103-122 | |
Résumé |
Alors que les connaissances sur la crise écologique s'accumulent, les écologues s'angoissent, attristés par les destructions d'espaces naturels, impuissants face à un futur qui échappe à leur contrôle et qui fait redouter des malheurs graves. À la croisée de la sociologie des affects et des émotions, de la sociologie des sciences et de la sociologie des mobilisations, l'article étudie les chercheurs ayant travaillé sur les notions de services écosystémiques et de compensation écologique. Il montre que ces écologues, ainsi que leurs collègues qui étudient la protection de la nature, font l'expérience de l'angoisse écologique de différentes manières et qu'ils développent des stratégies variées pour gérer cette angoisse. Pour ce faire, une définition opérationnelle de l'angoisse écologique ainsi qu'une méthode d'analyse de son expression et de sa gestion sont proposées. En mobilisant la notion d'engagement épistémique, l'article propose de concevoir le travail de production de certaines connaissances comme un engagement éthique et politique à part entière et documente comment le travail des chercheurs permet (ou non) de répondre à l'expérience désagréable de l'angoisse. Selon leurs engagements épistémiques, les chercheurs impliqués dans les situations étudiées peuvent : i) relativiser leur angoisse écologique en soulignant le dynamisme des écosystèmes ; ii) reconvertir leur angoisse écologique en espoir de réconcilier l'économie et l'écologie ; iii) partager et extérioriser leur angoisse par l'intermédiaire de dispositifs de sensibilisation. L'adoption de ces stratégies reflète l'affinité des chercheurs pour certaines politiques de conservation de la nature. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Résumé anglais |
While knowledge about the ecological crisis is increasingly detailed, ecologists are anxious, saddened by the destruction of natural areas, and powerless in the face of a future that they cannot control and which makes them fearful of serious tragedies ahead. At the crossroads of the sociology of affects and emotions, the sociology of science and the sociology of mobilisations, the article studies the scientists who have worked on the concepts of ecosystem services and ecological offsetting. It shows that these ecologists, as well as their colleagues who study the protection of nature, experience ecological anxiety in different ways and that they develop various strategies to manage this anxiety. An operational definition of ecological anxiety, as well as a methodology for analysing its expression and its management, are presented to this end. Drawing on the notion of epistemic commitment, the article proposes to conceive of knowledge production as an ethical and political commitment, and documents how scientists' work enables them (or not) to respond to the unpleasant experience of anxiety. According to their epistemic commitments, the scientists involved in the situations investigated can thus : i) put their ecological anxiety into perspective by emphasising the dynamism of ecosystems; ii) convert their ecological anxiety into a hope of reconciling economy and ecology; iii) share and express their anxiety through awareness-raising schemes. The adoption of these strategies reflects the affinity of scientists for specific nature conservation policies. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Article en ligne | http://journals.openedition.org/traces/11342 |