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Titre Espaces de l'entre-deux dans la rivière Koshi (Téraï, Népal) : diversité de dynamiques socio-environnementales
Auteur Marie-Amélie Candau
Mir@bel Revue Les Cahiers d'Outre-Mer
Numéro vol. 73, no 281, janvier-mars 2020 Environnement : perspectives indiennes
Rubrique / Thématique
Dossier
Page 191-217
Résumé Plus grand système hydrographique du Népal, et un des affluents les plus importants du fleuve Gange, la rivière Koshi, est renommée pour son comportement erratique et ses inondations destructrices dans la plaine indo-népalaise. Ce comportement s'explique en partie par sa très forte dénivellation, l'altitude variant en seulement 160 km à vol d'oiseau, de plus de 8 800 m. (Everest) à 90 m. (Chatara). Elle débouche alors brutalement sur une plaine densément peuplée (plus de 500 heures/km2), à très faible relief, en déposant son exceptionnelle charge sédimentaire due à des débits énormes et extrêmement variables, allant de 280 m3/s à 25 878 m3/s, soit une variation de près de 100. La densification de l'occupation humaine dans la plaine gangétique, conjuguée à celle de l'usage de l'espace pour des raisons économiques importantes (agriculture et élevage s'intensifiant rapidement), a poussé à des tentatives d'aménagement dans la seconde partie du xxe siècle fondés sur l'endiguement complet du cours d'eau et le contrôle de sa dynamique au moyen d'un barrage d'écrêtement à la frontière indo-népalaise. Entre ces digues, des terres émergées sont occupées en permanence par de nombreuses populations. Pour mieux comprendre les dynamiques socio-environnementales de cette situation, notre approche s'appuie sur deux sites situés au Népal, de part et d'autre du barrage de Bhantabari. En amont, le site de Srilanka Tappu subit une importante érosion du cours d'eau mais reçoit des charges sédimentaires conséquentes permettant le maintien de ces terres qui se déplacent en îles « vagabondes ». Par contre, en aval, sur le site de Gobargada, le cours d'eau, assagi par l'écrêtage du barrage, offre des contrastes essentiellement érosifs en raison du faible apport sédimentaire en grande partie bloqué par le barrage. Cette dynamique entraîne la disparition programmée de ces territoires, « aux marges de l'extrême ». Ces deux dynamiques conditionnent le vécu des populations implantées, tant dans leurs ressources que dans leur structuration, aux implications politiques fortement inégales.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais The Koshi River, Nepal's biggest hydrographic system and one of the largest tributaries of the Ganges River, is renowned for its erratic behaviour and destructive flooding in the Indo-Nepalese plain. This behaviour can be partly explained by the very steep drop in altitude over a distance of just 160 km as the crow flies, from above 8,800 m (Everest) to 90 m (Chatara). The river then suddenly ends up flowing across a densely populated plain (more than 500 heures/km2), with very smooth relief, depositing its exceptional sediment load due to enormous and extremely variable flows, ranging from 280 m3/s to 25,878 m3/s, a variation of almost 100. The densification of human occupation in the Gangetic plain, combined with the growing use of space for essential economic purposes (rapid intensification of agriculture and livestock farming), has led to attempts in the second half of the 20th century to completely contain the watercourse and to control its dynamics by means of a weir built on the Indo-Nepalese border. A number of populations permanently occupy areas of land situated between these dikes. For a better understanding of the socio-environmental dynamics of this situation, we have based our approach on two sites in Nepal, on either side of the Bhantabari weir. Upstream, at Srilanka Tappu there is major erosion of the watercourse, but the site receives considerable sedimentary loads allowing for maintenance of this land that turns into “shifting” islands. By contrast, downstream, on the Gobargada site, the watercourse, abated due to the levelling out caused by the dam, offers essentially erosive contrasts due to the low sediment supply that is largely blocked by the dam. This dynamic leads to the programmed disappearance of these territories, “on the fringes of the extreme”. These two dynamics condition the experience of the settled populations, both in their resources and in their structuring, with highly unequal political implications.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=COM_281_0191