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Titre L'anatomie du corps ressuscité comme matrice anthropologique chez Thomas d'Aquin
Auteur Catherine König-Pralong
Mir@bel Revue Revue des Sciences Philosophiques et Théologiques — RSPT
Numéro Tome 103, no 4, octobre-décembre 2019 Le corps humain selon Thomas d'Aquin : nature et destinée
Page 673-687
Résumé En enquêtant sur la nature du corps ressuscité, cet article montre que la théologie des mystères de Thomas d'Aquin abandonne les principes péripatéticiens de sa théologie spéculative et de sa philosophie. Le corps ressuscité manifeste la perfection de la nature individuelle en supprimant la nature spécifique. Se démarquant de longues traditions physicalistes (corpusculaires) initiées par les Pères de l'Église, Thomas d'Aquin conçoit le corps ressuscité comme un « vivant ». Pour l'au-delà, le modèle biologique aristotélicien se révèle cependant caduc, puisque les corps ressuscités, bien qu'ils « vivent », n'y sont plus ordonnés à la perpétuation et à la perfection de l'espèce. La réalité du paradis n'est plus celle de l'espèce, d'un tout qui serait plus que la somme de ses parties, mais celle de singuliers ressuscités comme âmes rationnelles informant des corps individuels, sans que soient réalisées les fonctions vitales dont l'homme fait l'expérience sur terre. L'anatomie du corps ressuscité fonctionne ainsi comme matrice anthropologique chrétienne maximisée, qui soustrait l'homme à l'ordre de la nature pensée sur un mode spéciste.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais By investigating the nature of the resurrected body, this article shows that Aquinas' theology of the mysteries abandons the peripatetic principles of his speculative theology and his philosophy. The resurrected body manifests the perfection of the individual nature by suppressing the specific nature. Departing from long-held physicalist (corpuscular) traditions initiated by the Fathers of the Church, Aquinas conceives of the resurrected body as « living ». For the afterlife, the Aristotelian biological model proves obsolete, since resuscitated bodies, though « living », are no longer ordered to the perpetuation and perfection of the species. The reality of paradise is no longer that of the species, that is, of a whole which would be greater than the sum of its parts, but that of singulars resurrected as rational souls informing individual bodies, without the vital functions man experiences on earth. The anatomy of the resurrected body thus functions as a maximized Christian anthropological matrix, which removes man from the order of nature thought out in a speciesist mode.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RSPT_1034_0673