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Titre De l'ethnicisation de la nationalité à l'indigénat transnational : migration, citoyenneté, paix de Trianon
Auteur Gábor Egry
Mir@bel Revue Revue d'Allemagne
Numéro Tome 52, N° 2, juillet-décembre 2020 Les traités de paix en Europe centrale : quels potentiels pour quelles réalisations ?
Rubrique / Thématique
Les traités de paix en Europe centrale : quels potentiels pour quelles réalisations ?
Page 341-363
Résumé En Autriche-Hongrie, la citoyenneté ou nationalité était réglée différemment dans chacune des moitiés de la double monarchie, tout en suivant le même principe d'égalité nominale entre les citoyens. Dans la partie autrichienne ou cisleithanienne, la nationalité obéissait à une logique territoriale d'État ; dans l'autre partie, la Transleithanie, elle obéissait à une logique d'assimilation à la nationalité hongroise. Les traités de paix contraignirent les nouveaux États à octroyer la nationalité à ceux qui y avaient le droit de domicile ou indigénat (pertinenza, illetőség, Heimatrecht) à une date-butoir précise. Mais avec le droit d'option, ils promurent aussi l'ethnicisation des citoyennetés puisque chacun pouvait demander et obtenir la citoyenneté du pays où « la majorité de la population [était] composée de personne parlant [sa] langue et ayant [sa] race ». L'option était aussi censée faciliter les migrations entre les États successeurs de la double monarchie, après la première vague spontanée de réfugiés à la fin de 1918.J'analyse ici les liens entre migrations, indigénat et citoyenneté. Alors que les États étaient censés donner la préférence à leurs co-ethniques, leur pratique fut souvent bureaucratique et le processus d'acquisition de la nationalité obéit à une logique étatique plus qu'ethniciste. De leur côté, les individus utilisèrent les trous de la législation et les incertitudes de l'institution de l'indigénat sous l'Empire pour se dégager une marge de manœuvre, souvent en contradiction avec la logique ethniciste des nouvelles règles de naturalisation. Pour conclure, les changements dans la citoyenneté après la Grande Guerre amenèrent un développement inattendu : l'institution de l'indigénat qui, sous l'Empire, donnait à l'individu un statut juridique purement local, devint transnationale, conservant l'ancien espace impérial intact à travers les nouvelles frontières. Passé le délai de l'option, des dizaines de milliers de personnes restèrent membres de la communauté nationale d'autres États sans pouvoir acquérir la citoyenneté de celui où elles vivaient ; les nouveaux États continuèrent à les identifier selon leur indigénat plutôt que leur ethnicité.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais Citizenship in Austria-Hungary was regulated by separate laws in both halves of the Monarchy. In Cisleithania an etatist-imperialist logic, in Hungary an ethicizing one defined its development until the World War I, without abandoning the principle of nominal equality of all citizens. The peace treaties, however, brought ethnicization one step further with the so-called cizizenship option right. While it obliged the new states to grant citizenship who held pertinency (illetőség, Heimatrecht, indigénat) on their new territory at a certain date, everyone was also entitled to apply for and acquire the citizenship of the state where his ethnic kin was the majority, a provision that implicitly bound citizenship to ethnic belonging. It was also to facilitate swift migration between successor states, although optants were only the second wave of migrations, after refugees took to the road from the end of 1918. In my article I analyze how migration decisions, pertinency and citizenship was entangled. While states were supposed to follow the logic of ethnicity and preference co-ethnics, their practice was often bureaucratic, end the process of citizenship acquisition more etatist than ethnicist. In their turn, individuals used loopholes of the legislations and the peculiarities of the institution of pertinency to establish some room for manoeuvre for themselves and their final goals often contradicted the ethnic logic of the new citizenship regulations. Finally, I argue that the changes in citizenship at the end of World War I contributed to a surprising development: the institution of pertinency, a legal status anchoring individuals in just one locality, became transnational, stretching through borders and keeping the former imperial space intact. Tens of thousands of people remained members of communities in other states without being able to acquire a new citizenship, and the new states identified them through this legal status instead of their ethnicity.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://journals.openedition.org/allemagne/2433