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Titre Plus d'un an après la révolte des Libanais, le système de pouvoir en place n'a pas cédé un pouce
Auteur Sibylle Rizk
Mir@bel Revue Confluences Méditerranée
Numéro no 115, hiver 2020 Révolutions et contre-révolutions dans le monde arabe
Rubrique / Thématique
Dossier. Révolutions et contre-révolutions dans le monde arabe
Page 75-88
Résumé En octobre 2019, d'immenses manifestations populaires ont contesté le pouvoir libanais alors qu'éclatait au grand jour une crise économique et financière sans précédent due à l'incurie des dirigeants. La chaîne de Ponzi organisée à l'échelle nationale par les autorités monétaires elles-mêmes s'est rompue. La monnaie s'est effondrée et avec elle toute une société confrontée à un appauvrissement aussi fort que brutal. Plus d'un an plus tard, les mouvements contestataires qui se sont auto-baptisés révolutionnaires « thawra », sont très peu visibles. Même le traumatisme de l'explosion du 4 août dans le port de Beyrouth, dû à la même incurie des pouvoirs publics, n'a pas suscité la remobilisation de dynamiques collectives alors qu'à l'échelle individuelle le niveau de colère est très élevé, et le rythme de l'émigration sans volonté de retour s'est très fortement accéléré malgré les contraintes liées à la Covid. Au point que le paysage politique libanais semble extraordinairement figé, alors que la société est en plein bouleversements. En cause, la résilience à toute épreuve d'un système de pouvoir qui s'est paré d'atours démocratiques mais qui fonctionne en réalité comme une oligarchie aux composantes communautaires, confessionnelles, miliciennes, politiques et financières.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais In October 2019, huge popular protests challenged the Lebanese government as an unprecedented economic and financial crisis erupted due to the carelessness of the rulers. The nationwide Ponzi scheme organized by the monetary authorities themselves broke down. The currency collapsed and a whole society was faced with an impoverishment that is as strong as it is brutal. More than a year later, the protest movements, which called themselves revolutionary ("thawra"), are hardly visible. Even the trauma of the August 4th explosion in the port of Beirut, resulting from the same negligence on the part of public authorities, did not provoke the remobilization of collective dynamics. At the individual level, anger is very high, and the pace of emigration without a desire to return has accelerated sharply despite the constraints linked to Covid. The Lebanese political landscape seems extraordinarily frozen, while society is in full upheaval. In play is the resilience of a power system that has dressed itself up in democratic attire, but actually functions as an oligarchy with community, confessional, militia, political and financial components.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=COME_115_0077