Contenu du sommaire : Révolutions et contre-révolutions dans le monde arabe
Revue | Confluences Méditerranée |
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Numéro | no 115, hiver 2020 |
Titre du numéro | Révolutions et contre-révolutions dans le monde arabe |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier. Révolutions et contre-révolutions dans le monde arabe
- Géopolitique comparée des révolutions et des contre-révolutions arabes - Pierre Blanc p. 9-23 10 ans après le début dudit printemps arabe, cet article propose une analyse géopolitique de ce qui s'est produit à partir de 2011. Étant donné la variété des situations, c'est par une approche comparatiste que cette analyse procède. Une grille qui emprunte à la sociologie politique de Max Weber permet d'opérer un premier discernement quant aux phénomènes qui se sont produits en 2011. Mais eu égard au fait que la réalité ne rentre pas pleinement dans cette première grille, d'autres éléments d'explication doivent être inclus. Enfin, l'article propose une analyse géopolitique des trajectoires politiques très différenciées, qui vont de la transition certes incertaine de la Tunisie aux chaos syrien, libyen et yéménite, en passant par le retour autoritaire en Égypte.Ten years after the beginning of the Arab Spring, this article offers a geopolitical analysis of what happened in 2011 and thereafter. Given the variety of cases, a comparative approach is adopted. A grid borrowed from the political sociology of Max Weber yields a preliminary understanding of the events of 2011. Given, however, that this grid does not fully account for these events, other explanatory factors are included. Finally, the article offers a geopolitical analysis of the highly differentiated political trajectories that range from the admittedly uncertain transition of Tunisia to the chaos of Syria, Libya and Yemen, to the return of authoritarianism in Egypt.
- Révolutions, contre-révolutions : qu'en dit l'historien ? - Jean-Pierre Filiu, Bernard Ravenel p. 25-35 En revenant sur l'ancrage passé des mouvements révolutionnaires arabes, l'historien Jean-Pierre Filiu souligne ici l'influence des origines historiques sur les mouvements nés à partir de 2011. La négation de l'autodétermination des peuples arabes opérée à la fois par les Européens au XIXème-XXème ainsi que par leurs successeurs arabes autoritaires constitue la pierre angulaire de l'explosion populaire de la décennie 2010. En déconstruisant les préjugés simplistes des occidentaux autour de l'idée de « dégagisme », l'historien met en avant le fort sentiment de manquement démocratique ainsi que la volonté de refonte de leur système par lesquelles sont guidés les peuples arabes. Tout en retraçant l'importance du caractère pacifique des soulèvements arabes au cours de l'histoire, cet entretien pointe du doigt les limites auxquelles les populations doivent faire face.The historian Jean-Pierre Filiu emphasizes the role of origins in shaping movements born in 2011. The denial of the self-determination of Arab peoples by Europeans in the 19th-20th centuries as well as their authoritarian Arab successors forms the cornerstone of the popular explosion of the decade following 2010. Through his deconstruction of simplistic western prejudices around the idea of “degagism,” he highlights the powerful feeling of democratic failure and the will to overhaul their system which have motivated the Arab peoples. While retracing the importance of the peaceful nature of Arab uprisings throughout history, this interview spells out the limits that the populations have to face.
- Révolutions et contre-révolutions, qu'en dit le politologue ? - Gilbert Achcar, Jean-Paul Chagnollaud p. 37-48 En partant de son concept de « processus révolutionnaire de longue durée », le politologue franco-libanais Gilbert Achcar nous offre dans cet entretien une fine analyse de la structure, des conséquences et des antécédents des phénomènes révolutionnaires qui ont marqué le monde arabo-musulman depuis 2011. Grâce à son expertise en relations internationales et politique de développement, le chercheur met l'accent sur l'importance des tensions structurelles matérielles antérieures aux explosions révolutionnaires, et ainsi brise l'idée de révolutions spontanées. L'inscription des processus révolutionnaires dans un temps long rend compte de la centralité d'une société civile structurée qui, si et seulement si elle est encadrée, pourra avoir accès à de réels changements. D'autres facteurs comme la confessionnalisation des sociétés, notamment libanaise et irakienne, ainsi que la militarisation de certaines communautés, participent des difficultés voire de l'échec des mouvements révolutionnaires. Ajoutés à cela, l'imposition des intérêts stratégiques des géants moyen-orientaux comme l'Arabie saoudite contribuent à l'enracinement d'une instabilité politique dans la région.Based on his concept of “long-term revolutionary process”, the Franco-Lebanese political scientist Gilbert Achcar in this interview analyses the structure, consequences and antecedents of the revolutionary phenomena having marked the Arab-Muslim world since 2011. Based on his expertise in international relations and development policy, he emphasizes the importance of material structural tensions predating the revolutionary explosions, and refutes the idea of spontaneous revolutions. The inscription of revolutionary processes in the “longue durée” reflects the centrality of a structured civil society which will access real change if and only if it is organized. Other factors, such as the confessionalization of societies, particularly in Lebanon and Iraq, as well as the militarization of certain communities, contribute to the difficulties and even the failure of revolutionary movements. Finally, the strategic interests of Middle Eastern giants such as Saudi Arabia add to the entrenchment of political instability in the region.
- Syrie : révolution, barbarie et occupations - Ziad Majed p. 49-61 Depuis 2011, année du soulèvement populaire révolutionnaire en Syrie (après la Tunisie, l'Égypte, la Libye, le Yémen et le Bahreïn), et surtout depuis 2012, lors de sa transformation en guerre totale, la violence du régime de Bachar Al-Assad, soutenu par la Russie et l'Iran, a pris une tournure sans précédent dans le pays et la région. Une violence quotidienne organisée à échelle industrielle, qui va s'exacerber au fil du temps pour faire en neuf ans plus de 320 000 morts et disparus parmi les civils syriens (et palestiniens réfugiés en Syrie). À ces victimes s'ajoutent plus de 13 millions de déplacés internes et de réfugiés à l'extérieur du pays, soit plus de 55 % de la population. Le texte explique en premier lieu l'évolution de la situation en Syrie depuis 2011 à travers une lecture des évènements et des interventions majeurs qui ont modifié ses configurations dans un territoire de plus en plus fragmenté. Il analyse en second lieu les raisons de la violence systémique du régime assadien, ses catégories et ses objectifs, et la nécessité d'en finir avec son impunité.Since 2011, the year of the popular uprising in Syria (after Tunisia, Egypt, Libya, Yemen and Bahrain), and especially since 2012, when it turned into a full scale war, the violence of Bashar Al-Assad's regime, supported by Russia and Iran, has taken an unprecedented turn in the country and the region. Daily violence organized on an industrial scale over nine years caused more than 320,000 deaths and disappearances among Syrian civilians (and Palestinian refugees in Syria). In addition to these victims, there are more than 13 million internally displaced persons and refugees outside the country, representing more than 55 % of the population. This article traces the evolution of the situation in Syria since 2011 through a reading of major events and interventions having changed its configurations in an increasingly fragmented territory. It then analyzes the reasons for the Assad regime's systemic violence, its categories and objectives, and the need to put an end to its impunity.
- Les crimes commis en Syrie dans les prétoires allemands : de l'échec de la justice universelle au renouveau de la compétence universelle de tribunaux européens - Leïla Bourguiba p. 63-74 La justice pénale qu'on nous promettait universelle avec la création de la Cour pénale internationale est entravée. Elle ne peut se saisir du désastre syrien et en poursuivre les responsables. Toutefois, la détermination et l'organisation d'une communauté internationale d'individus accompagnées de l'essor d'une coopération judiciaire européenne et du regain de la compétence universelle permet aujourd'hui de poursuivre, à tout le moins, ceux ayant tenté de se cacher en Europe.The promise of universal criminal justice embodied in the creation of the International Criminal Court is currently blocked. It has been prevented from addressing the Syrian disaster and prosecuting those responsible. Nonetheless, the commitment and organization of an international community of individuals together with the expansion of European judicial cooperation and the rise of universal jurisdiction now make it possible at the very least to prosecute those suspects who have tried to hide in Europe.
- Plus d'un an après la révolte des Libanais, le système de pouvoir en place n'a pas cédé un pouce - Sibylle Rizk p. 75-88 En octobre 2019, d'immenses manifestations populaires ont contesté le pouvoir libanais alors qu'éclatait au grand jour une crise économique et financière sans précédent due à l'incurie des dirigeants. La chaîne de Ponzi organisée à l'échelle nationale par les autorités monétaires elles-mêmes s'est rompue. La monnaie s'est effondrée et avec elle toute une société confrontée à un appauvrissement aussi fort que brutal. Plus d'un an plus tard, les mouvements contestataires qui se sont auto-baptisés révolutionnaires « thawra », sont très peu visibles. Même le traumatisme de l'explosion du 4 août dans le port de Beyrouth, dû à la même incurie des pouvoirs publics, n'a pas suscité la remobilisation de dynamiques collectives alors qu'à l'échelle individuelle le niveau de colère est très élevé, et le rythme de l'émigration sans volonté de retour s'est très fortement accéléré malgré les contraintes liées à la Covid. Au point que le paysage politique libanais semble extraordinairement figé, alors que la société est en plein bouleversements. En cause, la résilience à toute épreuve d'un système de pouvoir qui s'est paré d'atours démocratiques mais qui fonctionne en réalité comme une oligarchie aux composantes communautaires, confessionnelles, miliciennes, politiques et financières.In October 2019, huge popular protests challenged the Lebanese government as an unprecedented economic and financial crisis erupted due to the carelessness of the rulers. The nationwide Ponzi scheme organized by the monetary authorities themselves broke down. The currency collapsed and a whole society was faced with an impoverishment that is as strong as it is brutal. More than a year later, the protest movements, which called themselves revolutionary ("thawra"), are hardly visible. Even the trauma of the August 4th explosion in the port of Beirut, resulting from the same negligence on the part of public authorities, did not provoke the remobilization of collective dynamics. At the individual level, anger is very high, and the pace of emigration without a desire to return has accelerated sharply despite the constraints linked to Covid. The Lebanese political landscape seems extraordinarily frozen, while society is in full upheaval. In play is the resilience of a power system that has dressed itself up in democratic attire, but actually functions as an oligarchy with community, confessional, militia, political and financial components.
- La quadrature du cercle libyenne : révolution avortée ou reportée ? - Barah Mikaïl p. 89-102 Le fait pour la Libye de connaître une division entre trois régions principales (la Tripolitaine à l'ouest, la Cyrénaïque à l'est, le Fezzan au sud-ouest) est connu : ni le roi Idriss au lendemain de l'indépendance du pays, ni l'ex-Guide Moammar Kadhafi ne réussirent à résorber cette fracture. Mais cet état des faits n'a pas empêché l'émergence d'une nation libyenne, dont la capacité de résilience a été testée le long de ces dix dernières années. Le « Printemps arabe » a été suivi de l'accroissement du champ libyen des divisions (géographique, institutionnel, idéologique, militaire, sociopolitique, etc.) cependant que les ingérences de pays étrangers ne faisaient qu'accroître ces brèches. Le résultat a été l'émergence d'un paysage national fissuré et téléguidé par-delà la volonté des Libyens. Pour autant, cela n'indique pas forcément que les Libyens aient à renoncer aux retombées d'un projet révolutionnaire qui a peut-être été reporté, plutôt que d'être définitivement mort.It is a well-known fact that Libya is divided between three main regions (Tripolitania in the West, Cyrenaica in the East and Fezzan in the Southwest): neither King Idris upon the country's independence, nor ex-Guide Moammar Gaddafi were able to change this fact. Nor, however, did this particularity prevent the emergence of a Libyan nation, whose resilience has been tested over the last ten years. With the Arab Spring, Libya's divisions widened at the geographical, institutional, ideological, military and sociopolitical levels, further accentuated by foreign interference. The result has been the emergence of a fragmented landscape unwanted by the Libyan people. This does not mean, however, that Libyans need give up on their revolution : the project, rather, has been delayed rather than definitively lost.
- Le système de pouvoir en Algérie, son origine et ses évolutions - Lahouari Addi p. 103-113 Cet article montre que l'Algérie postcoloniale a mis en place un système politique qui a sa rationalité mais qui a perdu de sa cohérence avec l'usure du pouvoir. Pendant six décennies, l'élite dirigeante se prévalait de la légitimité historique dont l'efficacité a décliné avec le renouvellement des générations. Ayant refusé l'alternance électorale, la liberté de la presse et l'autonomie de la justice, le système a évolué vers une corruption généralisée qui a concerné aussi bien les civils que les militaires. En février 2019, une protestation pacifique, appelée hirak, a éclaté à l'échelle nationale, demandant la fin du rôle politique de l'armée dans l'Etat.This article shows that postcolonial Algeria established a political system possessing a certain rationality but having lost its coherence through the long exercise of power. For sixty years, the ruling elite claimed a historical legitimacy, which faded with the passage of time. Having refused electoral change, freedom of the press and the autonomous administration of justice, the system evolved towards generalized corruption affecting both the civilian and the military sectors. In February 2019, a nationwide wave of peaceful protest known as “hirak” broke out, demanding the end of the political role of the army in the state. Covid 19 put a temporary halt to the movement, but it will probably resume with the end of the pandemic.
- Le discours de la non-ingérence à l´épreuve des transformations politiques en Algérie - Laurence Thieux, Miguel Hernando de Larramendi p. 115-128 Le Hirak, mouvement populaire qui, depuis février 2019, s'oppose au régime en place en Algérie, a depuis le début de la contestation refusé toute interférence externe dans les affaires politiques internes de l'Algérie. C'est aussi le discours officiel brandi par le pouvoir qui a fait de la non-ingérence un principe incontournable. L'article porte sur la question de la non-ingérence, un pilier fondamental de la culture politique nationaliste algérienne bâtie après la guerre de libération nationale ainsi que sur l'usage que le régime et les forces qui s'y opposent font d'un principe qui a donné lieu à des lectures divergentes.The Hirak, a popular movement contesting the Algerian regime since February 2019, has from the start rejected all foreign interference in Algeria's internal affairs. The same discourse has been that of the power elites, who have made non-interference a key principle. This article examines non-interference as a core pillar of Algerian nationalist political culture as it developed after the country's national war of liberation, and the use of this principle, which has been subject to numerous interpretations by both the regime and opposition forces.
- Quelle contre-révolution en Tunisie et en Égypte ? L'héritage du RCD et du PND dans les systèmes partisans et le secteur de l'économie informelle - Clément Steuer, Adrien Doron p. 129-144 Le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) en Tunisie, et le Parti national démocratique (PND) en Égypte, ont dominé la vie politique de leurs pays respectifs durant plusieurs décennies. À la veille de la révolution, ces deux partis constituaient à la fois l'espace dans lequel s'affrontaient les projets de société concurrents portés par les élites, et l'un des principaux liens entre le régime et la société. La crise de ces deux fonctions (réformatrice et clientéliste) explique l'inaptitude de ces deux formations à survivre dans le contexte d'ouverture politique consécutif à la chute des dictateurs. Dans cette perspective, leur dissolution par la justice a probablement accéléré leur dislocation plutôt qu'elle ne l'a provoquée. En effet, la lutte intestine opposant – au sein de chacune de ces deux formations – conservateurs et réformateurs s'est traduite dans ce nouveau contexte par la mise en concurrence sur le marché électoral de différents projets de restauration autoritaire ou de réformes graduelles du régime. Par ailleurs, l'absence de ligne idéologique claire manifestée par ces deux partis a favorisé la dispersion d'une partie de leur clientèle et leur réalignement sur des lignes de clivage fonctionnelles ou culturelles. Les réseaux informels liés aux anciens partis ont néanmoins su survivre dans le champ économique, au prix d'une recomposition.The Constitutional Democratic Rally (CDR) in Tunisia and National Democratic Party (NDP) in Egypt dominated the political life of their respective countries for decades. Prior to the revolution, they formed both a space of competition for various elite-backed projects, and one of the main linkages between State and society. The crisis of both functions (reformist and clientelist) explains the failure of these organizations to survive in a context of political opening following the overthrow of the dictators. Their judicial disbanding has thus been an accelerator rather than a cause of disintegration. The internal struggle which in both cases opposes conservatives and reformers has resulted in the formulation of different projects (authoritarian restoration or step-by-step reform of the old regimes) competing on the electoral market. In addition, the lack of a clear ideological identity for both organizations accelerated the dispersion of many of their members, and their re-alignment according to functional or cultural cleavages. Nevertheless, the informal networks linked to the former parties have, with their restructuring, survived in the economical field.
- Caresser ou mordre la main de l'étranger : le jeu international des acteurs égyptiens en situation révolutionnaire - Baudouin Long p. 145-156 Cet article s'intéresse au jeu international des acteurs égyptiens en situation révolutionnaire retournant la question habituellement mise en avant du rôle ou des ingérences des acteurs étrangers dans les révolutions. Au-delà de la mobilisation d'un narratif sur le « complot étranger » et la « main cachée », le jeu des acteurs de la révolution fut marqué par deux principales dynamiques contradictoires : des interactions conflictuelles en mobilisant des pratiques hostiles aux acteurs étrangers le plus souvent dans une optique de délégitimation de leurs adversaires ; des interactions constructives mobilisant les ressources diplomatiques comme des instruments de légitimation.This article examines the international role of Egyptian actors in a revolutionary context rather than the usual trope of foreign actors meddling in revolutions. Beyond the narrative of a “foreign plot” and the “hidden hand,” two principal yet contradictory dynamics may be observed: the mobilization of hostility towards foreign actors with a view, most often, to delegitimizing internal adversaries; constructive interactions that mobilize diplomatic resources as tools for the actors' own legitimation.
- The making of good Egyptian youth: Youth policy and authoritarian reconfiguration - Farah Ramzy p. 157-171 Cet article analyse l'appropriation de la catégorie « jeunes » par le régime Egyptien actuel pour construire une politique de jeunesse composée de programmes, conférences et des organisations qui parlent au et au nom des jeunes. En se basant sur le matériel de promotion de ces programmes et conférences, en plus d'une étude ethnographique des organisations étudiantes à l'Université du Caire entre 2011 et 2017, cette article aborde la politique et les discours sur la jeunesse comme point d'entrée pour comprendre les reconfigurations autoritaires en Egypte. Nous démontrons que les détenteurs du pouvoir adaptent des outils existants à des nouvelles configurations révélant d'un part, l'influence du contre-modèle révolutionnaire dans la manière dont sont envisagées les politiques, et d'autre part la pluralité des acteurs qui font partie de la nouvelle configuration au pouvoir.This paper explores how the post-2013 regime in Egypt uses the category “youth” as a basis for a series of programs, conferences and organizations claiming to speak to and in the name of youth. Based on promotional material, media coverage, official communication, in addition to a systematic study of student organizations in Cairo University between 2011and 2017, this paper considers the regime's youth policy as an entry point to the process of authoritarian reconfiguration in Egypt. The aim is to establish elements of resemblance of the instruments and discourses towards youth between the current regime and its predecessor while demonstrating how such tools are adapted in a new configuration. We suggest on one hand, that the regime's discourses and policies towards youth reflect the extent to which it is haunted by the revolution of 2011, and on the other, the policy reveals the variety of actors within the regime and the new configuration in power.
- Ambitions émiriennes sur la région : avancer ses pions en contournant les récifs des révolutions - Emma Soubrier p. 173-184 Ce papier présente l'approche émirienne de la région ANMO depuis le début des « Printemps arabes », en prenant le soin de définir l'originalité des choix stratégiques de ce petit État du Golfe qui permettent de comprendre les lignes directrices sous-tendant l'intervention des EAU sur la scène régionale depuis 2011, en particulier vis-à-vis de trois pays : Syrie, Égypte et Libye. Pour ce faire, l'article explore trois dynamiques fondamentales de la posture antirévolutionnaire et néanmoins résolument tournée vers le changement des EAU : leur prise de distance prudente à l'égard des mouvements de contestation, leur consolidation d'un hard power conquérant, et la logique mercantile et discrètement transformatrice guidant leur établissement stratégique de nouveaux comptoirs et clients régionaux.This article analyses the Emirati approach to the MENA region since the beginning of the Arab Spring and the originality of the strategic choices of this small Gulf State, casting light on the underlying currents of the UAE's regional interventions and engagements since 2011, particularly in Syria, Egypt and Libya. We explore three of the principal motivations in the UAE's policies, which are counter-revolutionary and yet firmly oriented towards change: careful distancing from movements of contestation, use of conquering hard power, and the mercantile and subtly transformative current guiding the establishment of new markets and clients in the region.
- Révolution et contre-révolution en Algérie, le témoignage d'Amin Khan - Amin Khan p. 185-194
- Géopolitique comparée des révolutions et des contre-révolutions arabes - Pierre Blanc p. 9-23
Variations
- Pouvoir et politique économique au Maroc : trajectoires contestées et acteurs contrôlés - Mustapha Majidi p. 197-208 Au Maroc, l'économie est une ressource de maintien du pouvoir par les acteurs politiques. Malgré la libéralisation progressive de l'économie nationale, l'émergence d'un contre-pouvoir économique est loin d'être atteint. Les restructurations industrielles et financières, tout comme les processus de marocanisation des années 1970 et de privatisation dès la fin des années 1990, correspondent à une nouvelle étape de la dynamique d'élargissement ou de recomposition du capital privé marocain. Ainsi, que ce soient des premières décennies après l'indépendance ou à l'époque contemporaine, les choix arrêtés par le pouvoir central, en matière économique, ne sont pas étrangers à la lutte pour la conservation du pouvoir en maitrisant l'ouverture économique et en adaptant les nouveaux acteurs qui émergent au fil des années et des circonstances.In Morocco, the economy is a resource for maintaining power by political actors. Despite the progressive liberalization of the national economy, the emergence of an economic counter-power is far from being achieved. Industrial and financial restructuring, as well as the Moroccanization processes of the 1970s and privatization from the end of the 1990s, correspond to a new stage in the dynamic of the expansion or reorganization of Moroccan private capital. Thus, whether in the first decades after independence or in the contemporary era, the choices made by the central power, in economic matters, are not foreign to the struggle for the conservation of power by mastering economic openness and by adapting new actors that emerge over the years and circumstances.
- Hommage à Manolis Glézos et Alki Zeï - Christophe Chiclet p. 209-214
- Pouvoir et politique économique au Maroc : trajectoires contestées et acteurs contrôlés - Mustapha Majidi p. 197-208
- Notes de lecture - p. 216-225