Titre | La racialisation d'une politique publique : le contrôle de la natalité à La Réunion (années 1960-1970) | |
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Auteur | Myriam Paris | |
Revue | Politix | |
Numéro | vol. 33, no 131, 2020 Racialisation et action publique | |
Rubrique / Thématique | Dossier : Racialisation et action publique |
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Page | 29-52 | |
Résumé |
Alors qu'en France, dans les années 1960 et 1970, les féministes affrontent une politique nataliste réprimant contraception et avortements, leurs homologues réunionnaises font face à une politique publique dite de « régulation des naissances » axée sur la réduction de la fécondité d'une population jugée surnuméraire par une multitude d'acteurs politiques, scientifiques et institutionnels. Cette politique antinataliste, contraire à la législation française, s'appuie principalement sur deux organisations : l'AREP (Association réunionnaise d'éducation populaire) et l'AROF (Association réunionnaise d'orientation familiale) réunissant notamment des notabilités politiques, économiques et des médecins.Basé sur l'examen des rapports que les protagonistes de ces associations, principalement des médecins, ont adressé aux autorités encadrant leur action, cet article met d'abord en lumière le rôle décisif de ces acteurs intermédiaires dans la production de catégories racialisées d'action publique. Il analyse comment leur prisme de genre, de race, de classe détermine les orientations et les modalités coercitives de l'action publique mise en œuvre, ciblant les Réunionnaises pauvres et minorisées racialement. Il s'agit ensuite d'étudier, à partir de leur presse militante, comment les militantes de l'Union des femmes de La Réunion, organisation réunissant majoritairement des femmes ciblées par l'action antinataliste, se sont positionnées et mobilisées contre le contrôle racialisé de leur fécondité. L'article examine la manière dont la mobilisation de ces intermédiaires minorisées a, à la fin des années 1970, contribué à infléchir l'action publique en contraignant les médecins qui la mettaient en œuvre à limiter leurs pratiques d'exception. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
While in France, in the 1960s and 1970s, feminists fought against a pro-natalist policy that included a ban on contraception and abortion, their counterparts in Réunion faced an anti-natalist policy focused on reducing the fertility of a population regarded as too large by many political, scientific, and institutional actors. This anti-natalist public policy, which violated French law, was mainly based on two organizations that brought together high-standing politicians and economists, as well as doctors: the Association réunionnaise d'éducation populaire (AREP, Réunionese Association for Popular Education) and the Association réunionnaise d'orientation familiale (AROF, Réunionese Association for Family Planning).Based on an analysis of the reports that the protagonists of these organizations, mainly doctors, submitted to the authorities supervising their activities, this paper first highlights the key contribution of these intermediary actors in the production of racialized categories of public policy. It investigates how their gender, race, and class perspectives shaped the coercive orientations and modalities of the public policy implemented, targeting poor Réunionese women of color. It then examines, based on their newsletter, how the activists of the Union des femmes de La Réunion (Réunion's Women Union), an organization that primarily brought together women targeted by the anti-natalist policy, took a stand and mobilized against the racialized control of their fertility. This paper analyzes the way in which the mobilization of these minoritized intermediaries contributed, in the late 1970s, to changing public policy by forcing the doctors who implemented it to limit their practices of exception. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=POX_131_0029 |