Contenu de l'article

Titre La réponse conservatrice à la dépénalisation de l'avortement en Uruguay
Auteur Luis Rivera-Vélez
Mir@bel Revue Problèmes d'Amérique Latine
Numéro no 118, automne 2020 L'avortement en Amérique latine, enjeux politiques et sociaux (II). Les femmes sous tutelle
Rubrique / Thématique
Dossier. L'avortement en Amérique latine, enjeux politiques et sociaux (II) : les femmes sous tutelle
Page 65-86
Annexes Graphiques, Tableaux
Mots-clés (matière)avortement condition féminine dépénalisation droits de la femme législation loi natalité politique de la santé pouvoir exécutif
Mots-clés (géographie)Uruguay
Résumé En Uruguay, le virage politique vers la droite en 2020 a remis la question de l'avortement à l'ordre du jour politique. Si la loi de 2012 dépénalisant l'avortement répond aux objectifs de santé publique qu'elle a fixés, le nouveau président a voulu mettre en place une politique anti-avortement sans modifier le texte de loi. Comment cela est-il possible ? Le but de cet article est de montrer que la lutte contre l'avortement n'implique pas une abrogation de la politique publique mais une déviation de ses objectifs, en remplaçant la défense des droits des femmes par une politique nataliste qui décourage les femmes d'avorter. Cette substitution est possible parce que : 1) le texte de loi avait déjà relégué l'autonomie des femmes à une position secondaire ; 2) la mise en œuvre de la politique publique a entraîné une procédure d'avortement fastidieuse et dépendante de la bonne volonté du corps médical ; et 3) des pressions idéologiques et électorales poussent le gouvernement à condamner publiquement les femmes qui avortent tout en promouvant une politique d'encouragement de la natalité. La réaction conservatrice (backlash) du gouvernement uruguayen est originale dans la mesure où elle est exercée par le pouvoir exécutif, plutôt que par le parlement ou les tribunaux.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais In Uruguay, the political shift to the right in 2020 has put the issue of abortion back on the political agenda. While the 2012 law decriminalizing abortion meets the public health goals it has set, the new president wanted to implement an anti-abortion policy without modifying the law. How is this possible? The purpose of this article is to show that the fight against abortion does not imply an abrogation of the public policy but a deviation from its objectives, by replacing the defense of women's rights with a natalist policy that discourages women from having abortions. This substitution is possible because: 1) the law had already relegated women's autonomy to a secondary position; 2) the implementation of public policy led to a tedious abortion procedure dependent on the goodwill of the medical profession; and 3) ideological and electoral pressures are pushing the government to publicly condemn women who abort while promoting births. The conservative reaction of the Uruguayan government is original as it is carried out by the executive branch, rather than by parliament or the courts.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=PAL_118_0065 (accès réservé)