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Titre Teatro x la Identidad : itinéraire d'un théâtre militant, du combat des Abuelas de Plaza de Mayo à la croisée des émancipations
Auteur Joana Sanchez
Mir@bel Revue Amerika
Numéro no 21, 2021 Ecritures scéniques et dramatiques d'Amérique latine : quelles émancipations ?
Rubrique / Thématique
Dossier thématique: Ecritures scéniques et dramatiques d'Amérique latine : quelles émancipations ?
 Scènes de l'après : théâtres de post-dictature et post-accord
Résumé Teatro x la Identidad est un mouvement théâtral impulsé en 2000 en Argentine par les Abuelas de Plaza de Mayo, dans le cadre de leur combat pour retrouver leurs petits-enfants nés dans les geôles de la dictature entre 1976 et 1983 et « appropriés » (ou « volés », selon l'expression consacrée) par les militaires. Ces enfants adoptés illégalement et méconnaissant leurs origines ont une vingtaine d'années au tournant des années 2000, si bien que les Abuelas, dans un virage stratégique, décident de s'adresser directement à la jeune génération pour inciter tous ceux qui auraient le moindre doute sur leur ascendance à venir effectuer des tests ADN, seule manière de dévoiler l'appropriation et l'usurpation d'identité. Pour ce faire, elles se tournent vers le milieu théâtral et entreprennent une collaboration appelée à durer puisque le cycle Teatro x la Identidad a lieu chaque année depuis maintenant presque vingt ans. Il marque, en Argentine, le renouveau d'un théâtre de combat, au service d'une cause politique et mémorielle, renouant avec le militantisme qui avait caractérisé certaines dramaturgies des années 1960 et 1970. Or si certaines pièces écrites pour le cycle sont strictement orientées vers la question de l'appropriation d'enfants pendant la dictature militaire, les dramaturges conjuguent parfois cette question à une réflexion plus large sur l'identité et ses enjeux : les appartenances imposées, les identités assignées, les processus d'acculturation et d'assimilation, la complexité de la définition de soi, les différents rapports de domination qui traversent une société et les individus, et participent à la construction identitaire de soi. Une réflexion sur les rapports sociaux de genre, de classe, mais aussi de race, dans un pays où le mythe de « l'Argentine blanche » est encore très prégnant et peut freiner le travail décolonial, se fait ainsi jour sur les planches des cycles Teatro x la Identidad. En ce sens, cet article analyse comment ce théâtre militant, conçu comme un outil au service d'une lutte très particulière, a aussi replacé ce combat singulier à la croisée de luttes pour l'émancipation, dans une démarche intersectionnelle, qui fait de l'identité son pivot articulatoire.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais Teatro x la Identidad is a theatrical movement from 2000 in Argentina fuelled by the Abuelas de Plaza de Mayo, through their fight to find their grandchildren which were born in jail during the 1976 to 1983 dictatorship and then "appropriated" (or "stolen" as commonly said). Those children have been adopted illegally and have no knowledge of their origin. These lost kids are around 20 years old in 2000 when the Abuelas make a drastic change in their strategy to directly talk to the corresponding young generation, hoping that the ones who have doubts on their ancestry will decide to sample their ADN, which is the only way to unveil the truth. In order to do so, the Abuelas lie on the theatrical community and launch a collaboration meant to last, as 20 years after, the cycle Teatro x la Identidad still happens every year. It roots, in Argentina, the renewal of a theatre of militancy, serving a political and memorial cause, renewing with the spirit which was characteristic of dramaturgy during the 1960s and 1970s. However, even though some plays written for the cycle are strictly revolving around the stolen babies during the dictatorship, playwriters extend this field to a wider consideration of the identity and its matters : forced affiliations, assigned identities, acculturation and assimilation processes, complexity of self-definition, the different power relationships which affect individuals and society and contribute to a construction of a self-identity. Teatro x la Identidad cycles are then the vehicle of considerations about social relationships between gender, class and race, in a country where the myth of the "white Argentina" is still very dense and can slow down the decolonization process. In that sense, this article analyses how this political theatre, built as a tool for a very specific fight, also succeeded in replacing the peculiar battle set at the crossroad of fights for emancipation, in an intersectional approach, having the question of identity at its heart.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://journals.openedition.org/amerika/12896